Réndodjo Em-A Moundona

Voici mes vœux messieurs les chefs de « tas » africains

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Messieurs les chefs d´Etats, comme je n´aime pas trop les civilités, on va aller droit au but. Salam alekoum, paix sur vous car il n´y´a point d´autres vœux ou souhaits que je puisse vous faire. La longévité vous l´avez déjà aux pouvoirs. Le bonheur? Vous l´avez malgré que vos peuples broient du noir, meurent de faim et rendent l´âme juste à cause d´une crise de paludisme ou une épidémie de choléra dont le vaccin existe. La santé ? Vous vous la procurez dans vos hôpitaux, suisses, londoniens ou parisiens à coup des impôts du contribuable. Le travail et le succès? Vous les avez à vie ainsi que vos progénitures. Que vous souhaiter que vous n´aviez déjà? Vos tables sont garnies et je souhaite qu´il en soit ainsi pour toujours afin que vous ne  connaissiez pas ce qu´avoir faim veut dire.

Messieurs les présidents (que présidez-vous-même au juste? Entre nous), je ne suis pas pessimiste, loin de là. Mais lorsque je regarde mon Afrique du vingt et unième siècle, voilà l´image qui se défile à ma vue : des guerres, la famine, la pauvreté, les maladies, les pandémies, les épidémies, la balkanisation du continent en micro Entités ethniques et religieuses, les cerveaux en exil, l´exode des jeunes vers l´Europe. Pourtant nous avons un sol riche avec des potentialités immenses. Des bras valides et une démographie avec une courbe enviable. Tout un potentiel qui n´attend qu´un Start-Up. Et l´occasion, c´est cette nouvelle année qui s´offre à nous tous (même si je sais que vous n´aimez pas partager, 2014 est à nous tous) pour mettre enfin un terme aux guerres qui nous endeuillent.

S´il est vrai qu´il y a un paradoxe dans la guerre, celle qui nous apprend que la vie continue mais n´est pas éternelle, il est temps que nous regardons autour de nous. Regardons aujourd´hui la RCA et le Soudan du Sud après le Mali. Mais ne regardons pas ces images que nous connaissons déjà trop bien : la guerre, les violences, le sang, les larmes et les soupirs des vulnérables. Regardons les images des gens qui, malgré l’incertitude et la violence, ont le courage de vivre, de sourire et de marcher dignement dans les rues. Contemplons tous ensemble la beauté de ces images de la vie quotidienne malgré les grands drames  sociaux, économiques, culturels et politiques. Comment les gens réussissent à trouver la joie, le plaisir, la beauté et la liberté au quotidien. Les gens qui, fatigués de la guerre, pour ne pas devenir fous essaient de vivre comme ils le peuvent, au prix de leurs dignités. Certains ne connaissent rien que la guerre. Je suis une de cette génération. Ils naissent, vivent et meurent, sous des bombes qui continuent à exploser soit chez eux, soit chez le voisin. Pourtant les enfants continuent de rire même s´il n´ont plus la chance d’aller à l’école. Pourtant, la vie continue contre tout… il faudrait comprendre ces images et en tirer un art de diriger vos Etats. Que nenni vous voulez encore attendre cinquante prochaines années.

Non, nous faut-il encore attendre 50 ans pour voir peut-être nos petits-enfants circuler librement en Afrique? Profiter des richesses de nos sous-sols et vivre en paix? Voilà cinquante ans que l´Afrique trime sans se construire, refusant d´évoluer. Vous connaissez-vous-même les nœuds du problème qui sont l´injustice et l´insécurité sociales, le manque d´un consensus électoral auxquels il faut appliquer l´équitabilité dans le partage des richesses, la démocratie participative et l´égalité des chances. Vous les avez presque tous évoquez dans vos discours la veille de ce nouvel an. Est-ce trop vous demander Messieurs les présidents d´agir à présent que vous venez de vous réveiller? Non, certainement non. Alors réfléchissez-y. En attendant, bonne année à vous.

PS : J´attends toujours ma part de cadeau que les Premières dames ont rapporté de leurs congés de Noël.


Noël entre spiritualité et mercantilisme

La crèche symbole de dénuement/Photo Réndodjo

Il est un souvenir lointain ce Noël qui commémore la naissance d´un sauveur. Ce Noël qui rassemble, réconcilie et unit la famille avec soi-même et avec Dieu.  La naissance du Christ est devenue une fête de consommation: Les cadeaux assez gros de nos jours, leurs prix devenant de plus en plus chers et ils se veulent luxueux au fur et à mesure que les années passent.  Noël  que je  connaissais est dévalorisé et a perdu son sens.

 Revêtant un aspect largement non religieux et commercial dans beaucoup de pays, Noël devient chaque année une fête à connotation ludique et folklorique déconnectée de sa spiritualité. Tous les ans, ça recommence. Dès la mi-novembre, l’excitation court les rues, les magasins et les maisons. Noël est dorénavant caractérisé par un regroupement des familles autour d’un repas et d’un échange de cadeaux autour du sapin traditionnel. Enfant, Noël a toujours été pour moi une particularité qu´on préparait minutieusement avec amour et joie. La joie de voir les cousines les tantes qui ne se parlent pas, se serrer la main, rirent ensemble et tourner la page. Mais c´est bien un souvenir d´enfant. Plus je grandis, plus je constate que Noël est de plus en plus commercialisé. On s’offre des cadeaux sans amour parfois oubliant le sens de Noël, une fête progressivement marquée de traditions locales, mélange d’innovations et de folklores  au point de devenir une fête profane. La fête se déchristianise d´année en année.

Cette année, j´ai décidé d’oublier : sapin, nouveaux CD,  cadeaux, nouveaux habits. Cela fait un peu trop mercantile. Les marchés de Noël qui s´industrialisent deviennent hétéroclites. On se perd dans ces imbroglios, pourtant celui dont on fête la naissance a choisi de venir dans le dénuement total et l´humilité. Le vrai Noël ne peut donc pas être réduit à une simple fête où, lumières, cadeaux et victuailles font bon ménage pour réjouir le coeur des hommes et faire valoir cette société de consommation que nous nous sommes fabriquée. Le vrai Noël est et doit rester l’événement religieux, un moment de spiritualité. Il faut savoir que, ce jour-là, le Christ est vraiment venu dans le monde pour sauver les pécheurs, apporter le salut.

Pourquoi Le Christ naquit dans une étable et non un palais ? Pourquoi l´ange a annoncé la nouvelle en premier aux bergers et non au roi Hérode ? Pourquoi les mages n´avaient offert que des cadeaux symboliques à l´enfant Jésus ? Noël, le tout premier, est une démarche d´un Dieu amour qui est descendu sous une forme humaine sur terre. C´est une démarche divine faite dans une totale pauvreté de coeur, d´esprit et une pauvreté matérielle. Il faudrait que la célébration soit une démarche de l´homme humble vers Dieu dans un esprit d´adoration. C´est en ce moment que l´on parlera de Noël.


Bloguer au féminin

Bloguer c´est appartenir à une communauté virtuelle qui, parfois dérange les uns, arrange les autres. Bloguer c´est écrire, crier, fustiger les malversations politiques, c´est appeler, rappeler et interpeller une société qui somnole, porter la voix d´une jeunesse en manque de repère. Bloguer c´est appartenir à une communauté qui convoque sa génération, suscite les débats, blâme les injustices qu´on lui fait. Cependant la blogosphère tchadienne est jeune, diversifiée à l´image du Tchad mais encore novice et peu connue. Nous allons à la découverte d´une communauté qu´on tente d´étouffer, d’enfermer et de briser mais qui résiste satisfaite de ses petits combats. Une série de portrait de chaque blogueur pour découvrir l´univers de ces acteurs du Web tchadien.Je vous présente une mondoblogueuse : Brya Elise Grâce.

Elise Grâce Brya/ Ph DR
Elise Grâce Brya/ Ph DR

Si on me demandait de décrire cette jeune Tchadienne que j´ai longtemps côtoyé, je la décrirais comme travailleuse, courageuse, battante, optimiste et surtout très croyante. Ancienne élève du Lycée Collège St Charles Lwanga, agronome, communicatrice d’entreprise, consultante en leadership des jeunes, premier prix en presse écrite du concours de meilleur reportage en éducation de la CONFEMEN, cette sociologue a toujours été amoureuse de l’écriture. Une passion qui l’a guidée vers le journalisme qui, fait désormais partie de son quotidien. « J’écris pour m’évader, pour dire ce qui est bien ou mal. Mais surtout pour contribuer à construire quelque chose de fort. Ma vision est de prouver que le Tchad est un pays très beau pour être toujours jugé de travers» confirme-t-elle. Chef de service presse à la primature tchadienne, chargée de communication de Médecins Sans Frontière, cette mère de quatre enfants trouve le temps de bloguer.

Bloguer est pour elle partager ce qu´elle voit et ressent avec les autres. Même si bloguer constituer un danger dans certains pays dont le Tchad, elle n´a pas peur des menaces ni du manque de respect à l´égard de la blogueuse qu´elle est : «je suis une femme c’est pourquoi ce que je dis est sérieux. L’humanisme est le fort des femmes celui qui me menacera est certainement un faible qui ne sait pas résoudre les problèmes de la meilleure façon c’est à dire communiquer. Le blogging au Tchad a du chemin à faire trop de facteurs défavorisant notamment le difficile axé à l’internet et le bas niveau en utilisation de l’outil informatique il y a aussi la peur d’être menacé ainsi que la baisse de niveau les jeunes tchadiens sont nombreux sur Facebook mais les blogueurs tchadiens se compte au bout du doigt ».   Journaliste et bloggeuse, elle ne voit aucune barrière entre les deux activités sauf que bloguer donne l’impression de s’exprimer librement et à sa façon pas besoin de style journalistique ni de censure d’un chef en parlant liberté. La presse tchadienne aujourd´hui vit sous une épée de Damoclès qui plane sur elle à tout instant. « Ce qui se passe au Tchad, c’est de l’intimidation les particuliers utilisent la justice pour régler leur propre compte et cela ne peut pas aider à construire un Etat de Droit les journalistes tchadiens s’améliorent chaque jour un peu plus alors les autorités doivent les aider à mieux faire au lieu de les intimider » confie-t-elle. Etre femme journaliste au Tchad n´étant pas une sinécure, elle avoue tout de même imposer le respect de ses pairs par le travail soigné et bien fait. «De prime abord la femme journaliste est vue comme une cuisse facile du coup elle doit bosser deux fois plus que l’homme pour s’affirmer aussi, les femmes qui préfèrent la vie facile ne facilitent pas la tâche à celles qui travaillent sérieusement pour mériter leur place» affirme-t-elle. Cependant Brya Elise Grâce peint un tableau mitigé de la jeunesse tchadienne très pessimiste, selon elle, et qui, préfère vivre au jour le jour et fait de l’alcool son compagnon quotidien. Elle avoue tout de même qu´il y a un brin d´espoir avec d´autres qui font des choses merveilleuses, qui osent et qui réussissent à donner peu à peu une image d’espoir au Tchad.

À 28 ans, celle dont l´éducation a été assurée par les prêtres jésuites dit avoir trouver sa voie dans l´écriture. «Déjà, étant au collège, puis à l’université. Je tenais chaque année un cahier dans lequel j’aime raconter mes joies, mes frustrations et mes chagrins. J’ai appris les valeurs (ignaciennes) qui ont guidé mon destin. Celles de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour rendre les autres heureux; donner chaque jour le meilleur de moi».


Le Tchad s´offre sa tablette

Vous savez, parfois il est bien d´espionner les profils Facebook des autres, il s´y cache des pépites. J´ai découvert un au hasard de mes espionnages guidées par le seul instinct de gawala (Kongossa). Zoom sur un jeune, ambitieux et autodidacte. Il vient de mettre sur le marché tchadien la première tablette réalisé au Tchad pour la consommation locale.

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Sigui Pouidankreo, 38 ans, tchadien originaire de Fianga et résidant en France, à Bourges vient de lancer la première tablette tchadienne avec des prix défiant la concurrence afin de permettre aux jeunes d’y avoir accès et de banaliser que les Smartphones qui sont jusqu´à présent un bien de luxe pour certaines couches de la société tchadienne.  Sigui Pouidankreo qui est actuellement l´un des administrateurs de Global Technologie Europe ; veut vulgariser les tablettes comme un moyen d’ouverture sur le monde pour que la jeunesse tchadienne puisse renouer avec l’entreprenariat. Aussi, il n´est pour lui, pas question que les prix grimpe au-delà de ce qu´il a fixé : de Quatre-vingt-cinq mille CFA à cent vingt mille CFA. Les dites tablettes sont en phase de promotion post lancement actuellement. Des échantillons sont arrivés au Tchad depuis un certain temps. L´entreprise qui assure la promotion est Toumaï Hanana technologie dont Sigui Pouidankreo et le fondateur.

La réponse à un appel

Cette entreprise veut s´implanter dans les vingt-trois régions du Tchad avec directement ou indirectement six cent emploi à créer. « Je vais surprendre le politique car, le fond national d’appui à la jeunesse  est une réalité qui n´attend que des projets à financer » clame ce jeune consultant expert en commerce international passionné de nouvelles technologies.  Sigui Pouidankreo est aussi économiste juriste d’entreprise administrateur et contrôleur de projet. Celui qui se définit comme un patriote l’os je prépare mon retour au pays. Désormais il a décidé de passer neuf mois sur douze en Afrique. Sigui Pouidankreo attend de voir quel écho son projet aura auprès des dirigeants tchadiens.  Répondre au  besoin réel de la population tchadienne pour réduire la fracture numérique et faciliter la navigation et le stockage des résultats des recherches aux élèves tchadiens. Une contribution pour la résolution de la baisse de niveau dans l´enseignement secondaire au Tchad. Cependant, il déplore la lenteur dans ces correspondances avec l´administration tchadienne qu´il souhaiterais avoir pour premier soutien. «Le projet existe depuis plus d’un an et j’ai dû traverser beaucoup d’épreuves entre les différentes étapes si j’avais baissé les bras je n’en serai pas là, je veux faire comprendre au politique que chaque rendez-vous que nous manquons est contre-productif pour notre pays, que le politique est mis à présent devant ses engagements. La jeunesse tchadienne peut incarner la renaissance que le président appelle de tous ces vœux. Ce projet a répondu au discours de son investiture  mais c’est à la fois un appel de détresse, un SOS que nos dirigeants doivent entendre. Le monde ne nous attend pas, l’Afrique numérique doit se faire avec sa technologie».

Tabchad

Une vie et une vision ambitieuses mais programmées avec minutie par ce frère d´une fratrie de huit enfants d´un militaire tchadien aujourd´hui à la retraite. Il a commencé son cursus scolaire chez les sœurs de notre dame des apôtres de N´Djaména  avant de rejoindre le Collège d´Enseignement Général N°2, le lycée Félix Èboué et par la suite la France où il a suivi différentes formations, en appui à son parcours universitaire, dont certaines par correspondance. Selon Sigui Pouidankreo, sa marque et technologie Toumaï revendique trois valeurs qui sont: les origines du Tchad et de l’Homme, les traces les plus anciennes de l’évolution et aujourd’hui l’évolution qui se traduit par la technologie pour le peuple africain; c’est aussi l’expression de la fierté d´une société africaine dans son ensemble au-delà du monde et la preuve qu’ un autre modèle économiquement avantageuse est possible pour les africains. «Notre consommation ne doit plus nous être imposé nous devons désormais passe du rôle de simple spectateur  à celui d’acteur» conseille-t-il.

Bienvenue donc à la nouvelle marque de tablette Made For Chad et vivement on attend ses nouvelles réalisations qui seront sur le marché très bientôt. Les ingénieurs sont déjà à pieds d´œuvre.


RCA, je compatis

La RCA est sombré dans un génocide qu´on refuse d´admettre. Le conflit centrafricain est devenu religieux. De loin, on peut très mal écrire pour dénoncer quoi que ça soit. Je livre ici en intégralité la fusion de deux communiqués de la Chancellerie de l’Archevêché de Bangui qui l´atteste des atrocités de ce conflit. Comme quoi tout Tchadien n´est pas Séléka comme les vidéo tourna sur le web le montre. On compatit avec le peuple centrafricain. Il faut avoir vécu un février 2008 à N`Djaména pour savoir ce que cela veut dire vivre sous des tirs nourris de canons et être pris entre deux feux. Les centrafricains sont eux victimes de tout part quelque soit leur appartenance socioreligieuse.

 » ENCORE DES VIOLENCES, C’EN EST TROP !!!

Certaines paroisses dont Notre Dame d’Afrique ont été victimes directes des affres de violences des éléments de la seleka, d’autres comme SaintPierre de Gobongo, SaintJean de Galabadja, Saint Bernard de  BoyRabe, Saint Charles Lwanga de Bégoua ont reçu des menaces d’attaque. Ces violences ont endeuillé plusieurs ménages : la population civile compte un nombre élevé parmi les victimes. Des chiffres sont avancés :85, 105, 130, voire plus. Une chose est sûre : l’on n’a pas fini de découvrir et de compter les morts ; encore qu’on apprend que des représailles menées par la séléka contr la population non­‐musulmane sont en cours dans la quasi-­‐totalité des quartiers de la capitale; et que les anti-­‐balaka sont encore dans Bangui et ses environs. Alors que la nuit couvre de son manteau noir la Centrafrique, une nuit des longs couteaux est certainement à craindre. Nous espéronsque  l’adoption par le Conseil de sécurité de du projet  de résolution autorisant les troupes d’intervention africaines et françaises à recourir immédiatement à la force, ainsi que la décision à l’issue du Conseil Français de Sécurité d’intervenirdès ce soir, vont être suivies d’effets bénéfiques pour l’inoffensive population centrafricaine qui n’a que trop souffert…

Toute la nuit jusqu’{ la cessation du couvre feu, des tirs sporadiques sont signalés dans certains quartiers de Bangui, des corps sont découverts du côté de Fatima, Bimbo, PK 15 sur la route de Boali, Boïng, Kattin, et j’en passe. Des opérations de représailles et de pillages de la population non musulmane par les éléments de la seleka encore en cours ont doublé d’intensité à Boy-Rabe, Fouh, Gobongo, PK 10, PK. 11, PK 12… La pluie qui s’abat sur Bangui et ses environs depuis l’aube jusqu’en fin de matinée n’a aucunement constitue un empêchement pour ces détracteurs sans foi ni loi des paisibles habitants de Bangui.
Aujourd’hui, entre 12h00 et 13h00, je me suis rendu { la base des FOMAC de MPOKO dans le but de trouver un couloir permettant de faire sortir les scouts, les guides et les pèlerins restés bloqués à NGUKOMBA encourant le risque de passer pour cibles des représailles. Quelles atrocités n’ai-je pas vues le long de la route de la Cathédrale à Combattant :  plus de trente corps sans vie d’hommes, de femmes et d’enfants qui gisent au sol, quelques uns à proximité des éléments de la seleka en faction ; les rues, les routes et les marchés sont déserts.
Les informations reçues en début d’après-midi m’ont fait comprendre que mon constat ne représente que la partie visible de l’iceberg. Beaucoup de morts jonchent les sentiers et les coins des rues de presque tous les quartiers de Bangui et ses environs.
Pour exemples :
 le quartier Boeing situé { proximité de l’aéroport Bangui-MPOKO en a recensé une quarantaine ; tandis qu’{ Bégoa où l’un des chefs de quartier est assassiné ce matin avec ses enfants, tous disent qu’il y a eu trop de morts ;
 la vie des gens restés terrés à la maison est en danger ;
 les personnes ayant trouvé refuge dans les structures d’église ne sont pas { l’abri des balles pour le moins, sinon des attaques des éléments de la seleka qui infiltrent même ces structures. C’est le cas aujourd’hui de ceux de la paroisse Saint Bernard de Boy-Rabe et du Monastère Notre Dame du Verbe où l’on dénombre déjà trois (3) décès parmi les personnes qui y ont trouvé refuge : l’un suite à un arrêt cardiaque, les deux autres après avoir reçu des balles ; c’est également le cas de la paroisse Saint Charles Lwanga de Bégoa et l’église protestante des Castors.
Pour revenir au dernier exemple, l’église protestante des Castors a accueilli plus de mille personnes. Dans la soirée d’hier, cette église a reçu des menaces d’attaque en raison de la mobilisation des jeunes de la localité lors des manifestations de protestation qui ont suivi l’assassinat par la seleka du magistrat BRIA. Aujourd’hui, un colonel de la seleka nommé BICHARA et ses éléments ont fait irruption dans cette église et ordonné que seuls les femmes et les enfants sortent, les hommes devant rester. Les hommes n’y obtempèrent pas et se décident à sortir en même temps que les femmes et les enfants. C’est alors que la seleka a ouvert le feu sur eux, tuant cinq hommes.
A voir toutes ces atrocités commises et le sang-froid de ceux qui impunément les commettent, l’on est en droit de s’interroger sur le sens humain de ces détracteurs sans foi ni loi des paisibles habitants du Centrafrique. Si tant est qu’ils n’ont d’égard ni pour les vivants ni pour les morts, c’est { se demander si la vie humaine a une valeur à leurs yeux. Nous avons appris des aînés que la personne humaine doit être respectée, qu’elle soit vivante ou morte. Plus que les vivants, les morts méritent respects et honneurs. La mort ? Ça se célèbre.
Interrogée sur les raisons de ces morts qui jonchent les routes et rues de la capitale, la Croix-Rouge répond :
 Pas de couloir pour permettre la circulation des agents,
 Pas de véhicule pour déporter les agents et transporter les morts,
 Enterrement de la plus part des victimes aux abords des routes et rues où elles sont trouvées.
L’on s’aperçoit que sans moyens et possibilités, la Croix-Rouge se démène pour aider. N’empêche que cela ne va pas sans corolaires :
 des parents considèreront comme disparus certains des leurs qui de fait sont morts et inhumés,
 des familles seront dans l’impossibilité de célébrer certains de leurs morts parce qu’ils ne connaissent ni la date de leur décès, ni le lieu de leur inhumation,
 la pollution des espaces vitaux à cause des inhumations dans les villes, villages et quartiers non indiqués à cet effet,
 la psychose { l’idée qu’on a certainement (bien ou mal) inhumé quelqu’un proche de chez soi…
La crainte que je nourrissais hier comme premier responsable du site du Sanctuaire Marial de NGUKOMBA au sujet des scouts et des guides, ainsi que quelques pèlerins déployés sur le site susceptibles de passer pour cibles des représailles est en passe de trouver une solution.
Nelson Mandela dont le décès survenu hier à ravi la vedette sur le plan médiatique à la situation pré-génocidaire en Centrafrique a laissé une assertion qui doit interpeller les partis en conflit, faiseur du malheur des Centrafricains : «Personne n’est né en haïssant une autre personne à cause de sa couleur, de sa culture ou de sa religion. La haine doit être apprise. Mais on peut aussi apprendre l’amour. Et l’amour vient plus naturellement { l’humain que la haine.»
Au crépuscule de ce jour, des avions certainement français ont survolé le territoire centrafricain, cela en appoint aux patrouilles franco-africaines intenses depuis la matinée. Nous en attendons les effets bénéfiques pour l’inoffensive population centrafricaine qui se meurt…
Abbé Dieu-Béni MBANGA
Chancelier de l’Archidiocèse de Bangui « 

La France intervient depuis jeudi soir déjà. Mais devrait-on en arriver là? Bientôt on commémorera les vingt ans du génocide rwandais. Doit-on le célébrer de la sorte avec un autre conflit d´une telle envergure dans un autre pays africain? Nos chefs d´Etats ont-ils la mémoire si courte? Il est temps de comprendre que le miracle pour conserver un pouvoir c´est d´établir une justice équitable pour toutes les couches de la population et pourvoir au besoin élementaire des administés. Le temps où, on donnait un peu de pain, un peu d´eau et beaucoup de jeux aux peuples est révolu.


Complainte pour un héros

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Héeee, l´hommage est unanime. Haaaaa, J´aurais aimé le pleurer, mais les larmes ne suffiront pas ohhh. Comment rendre un hommage digne à un homme pareil? Ecoutez ma complainte, fils d´Afrique écoutez ma complainte. Celle que chante ma grand-mère pour le repos des grands guerriers.

Héeee, toi Bon Dieu qui créa le monde et créa l´homme héeee. Oh bon Dieu qui me créa et créa la mort à mes côtés héeee. Madiba, tu es parti pour ne plus voir toutes ces atrocités héeee. Ils t´ont tous écouté, mais ils n´ont jamais appliqué tes conseils héeee.  Mandela, tu étais las de leurs frasques héeee, las de leur boulimie du pouvoir, héeee. Tes yeux se sont fermés pour ne pas voir Sanogo à la barre. Habré aussi. Tu tires ta révérence pour ne pas être complice des atrocités en RCA héeee. Tous les peuples font ton deuil. Toutes les nations te pleurent. Les Ivoriens sont en train de crier yako. Les Camerounais disent assia. Les Tchadiens clament sabour. Toutes les confessions prient pour le repos de ton âme.

 » La mort est une chose inévitable ». Quand un homme a fait ce qu´il considère comme son devoir envers son peuple et sa patrie, il peut mourir en paix . Je crois  que  j´ai fait cet effort,  alors, je peux m´endormir pour l´éternité  » tu l’as dit toi-même, bravement. Tu n´avais pas eu peur de la mort et tu étais prêt à partir, quitter cette vie comme tu l´avais aussi fait en abandonnant  le pouvoir et ses jouissances, alors que  tant d´autres s´y accrochent au prix de vies humaines.

Héee, l´Afrique vient de perdre un sage, le vrai. Un héros, le vrai, une étoile. Oui étoile, tu es pour des millions d´Africains et d´autres hommes. Suis la Voie lactée et de là-haut puisses-tu éclairer les recoins sombres de l´Afrique comme la Centrafrique !

Héeee, toi Bon Dieu qui créa le monde et créa l´homme héeee. Oh bon Dieu qui me créa et créa la mort à mes côtés héeee. Madiba tu es parti pour ne plus voir toutes ces atrocités héeee. Ils t´ont tous écouté, mais ils n´ont jamais appliqué tes conseils héeee. Mandela tu étais las de leurs frasques héeee, las de leur boulimie du pouvoir, héeee. Tes yeux se sont fermés pour ne pas voir Sanogo à la barre. Habré aussi. Tu tires ta révérence pour ne pas être complice des atrocités en RCA héeee. Tous les peuples font ton deuil. Toutes les nations te pleurent. Les Ivoriens sont en train de crier yako. Les Camerounais disent assia. Les Tchadiens clament sabour. Toutes confessions prient pour le repos de ton âme.

Héee mes chers chefs d´Etat africains, de grâce épargnez nous vos hommages hypocrites. Le véritable hommage que vous pouvez rendre à ce « modèle » serait d´arrêter le génocide centrafricain, l´enfer congolais et le chaos malien. Lui a fait sa part et tire sa révérence la conscience libre et en paix. Vous n´avez pas su être digne de lui de son vivant. Pas de larmes de crocodile ohhh! Ne venez pas salir la mémoire de cet homme héee. N´allez pas déposer sur sa tombe des gerbes de fleurs tenues de vos pleines du sang d’innocents.

Madiba mon cœur saigne ohhhh. Mon cœur saigne parce qu´ils  t´on vu, mais ne t´ont pas écouté. Tu étais là, mais ils n´ont pas eu du respect pour tes yeux qui voyaient leurs crimes. Que feront-ils après leurs hommages débités entre deux guerres ? Tu aurais pu changer de continent, mais tu es resté car il n´est pas bon qu´un héros comme toi ne meure hors d´Afrique, ta Jérusalem à toi . Héeee, ohhh, Mandela héeee, Madiba ohhh, ici s´arrête ma complainte à moi. Madiba héeee tous les continents te pleurent.

Héeee, toi Bon Dieu qui créa le monde et créa l´homme héeee. Oh Bon Dieu qui me créa et créa la mort à mes côtés héeee. Madiba tu es parti pour ne plus voir toutes ces atrocités héeee. Ils t´ont tous écouté, mais ils n´ont jamais appliqué tes conseils héeee. Mandela tu étais las de leurs frasques héeee, las de leur boulimie du pouvoir, héeee. Tes yeux se sont fermés pour ne pas voir Sanogo à la barre. Habré aussi. Tu tires ta révérence pour ne pas être complice des atrocités en RCA héeee. Tous les peuples font ton deuil. Toutes les nations te pleurent. Les Ivoriens sont en train de crier yako. Les Camerounais disent assia. Les Tchadiens clament sabour. Toutes confessions prient pour le repos de ton âme.

Repose en paix Nelson Mandela ! C´est le repos du guerrier.


Au fil de la liberté : le discours du quatre décembre 1990

petrole

Le régime d’Hissène Habré vivait ses dernières heures. Le 30 novembre dans la soirée, HH comme les Tchadiens l´appelle a convoqué l´Assemblée Nationale. L´air était surchargé et son discours manquait de hargne et de fouges qu´on lui connaît. Il savait que tout est fini pour lui. Officiellement devant l´AN il se dit prêt à laisser le pouvoir s´il le faut. Revivez avec moi ce moment qui a bouleversé l´histoire d´un pays. Je vous raconte la marche du Tchad vers la démocratie.

Je n´oublierais jamais cette phrase prononcé par Hissène Habré : «si Deby veut le pouvoir, je le lui laisse». J´avais huit ans mais très portée sur la chose politique surtout que mon père écoute toujours la radio nuit et jour. C´est pour vous dire la radio de papa ne se tait que le temps de rechanger les piles. Aussi ce discours fut une non concordance avec les journaux parlés de la RNT qui nous annonce toujours la déroute des rebelles. Beaucoup de grandes personnes susurraient déjà tous que le départ d´Hissène Habré n´était qu´une question de temps. Il revenait du sommet de la Baule en France où, il a exprimé sa volonté de maintenir son régime dictatorial qu´il qualifiait de démocratie à la tchadienne.

Qui aurait cru que HH le président unificateur, le pacificateur, le lion du Nord et son lionceau partirait sur la pointe des pieds par une matinée de décembre? La RNT prise par les nouveaux maîtres de N`Djaména ne nous diffusait que de la musique. À six heures trente minutes, la matinale de RFI confirmait la nouvelle. On attendait tous de voir le nouveau visage de l´homme fort du Palais de N´Djaména. Les élèves du collège qui ont dû rebourser chemin apportaient au compte-goutte les échos de la ville. Papa sorti sa chaise longue et se plaça devant la concession pour ne rien manquer. Il acclamait entre deux écoutes les forces armées libératrices des Tchadiens qui entraient. Notre quartier reste jusqu´aujourd´hui la porte d´entrée de N´Djaména. On a vu tous les conquérant du pouvoir passer par là. On voyait donc des Toyota 4×4 couleur de sables et lourdement armées. L´une d´elle s´arrêta et les hommes armés demandèrent de l´eau à boire. Ils se montraient gentils et se voulaient confiants et consolants qu´ils eurent toute de suite la sympathie de la population de mon quartier.  Tout le monde était impatient, anxieux et curieux en même temps. On se demandait qui  serait le nouveau locataire du palais rose qui était en construction. Qu´aurait-il comme totem? HH avait un lionceau qu´il exhibait partout. Ce lionceau qui dévorerait quiconque n´est pas avec UNIR (Union Nationale pour l´Indépendance et la Révolution).  Chacun y allait de son anecdote sur le lionceau de l´UNIR. Entretemps le suspens durait du côté des nouveaux venus. Aucun discours officiel, aucune revendication, aucune déclaration. Les jours se succédaient et se ressemblaient tous.

Et la liberté donnée…

Les trois jours semblèrent une éternité puis, au soir du 4 décembre un visage apparu; celui d´Idriss Deby. Enfin il parla à la Nation. Son discours était simple, concis et crédible à l´époque. Il parlait de liberté offerte. « Je ne vous apporte ni or ni argent mais la liberté ». Imaginez des hommes qui ne pouvaient confier un secret à leurs femmes le soir sur leurs lits parce que celles-ci les trahiront dès le lever du jour. Un père qui ne peut donner son opinion politique dans son salon parce que sa fille le dénoncera. Le premier journal indépendant naquit sous le nom de N`Djaména Hebdo. Il diffusa la liste de tous les agents de la DDS. Des familles entières découvrirent le visage de leurs tantes et, oncles, sœurs, frères, époux et épouses, fils et filles, petits-fils avec leurs numéros d´agents de renseignement. Enfin on sut qui a trahi qui, qui a livré qui. Les langues se délirent et les paroles longtemps étouffées furent débitées. L´abcès tchadien s´est crevé ce décembre là et les plaies rouvertes. On pouvait enfin s´exprimer. D´autres journaux indépendants virent le jour. Je me souviens encore de la Roue, Contact. Les journalistes, les vrais rentrèrent de leurs exils.

                                                                 …fut vite reprise.

Les premières arrestations de journalistes reprirent. On censurait, saisissait des journaux. Aujourd´hui, près de vingt-trois ans d´essai démocratique, je me dis qu´on est toujours à l´état embryonnal. Quand ton ennemi a raison il faut le lui donner hein. Il faut reconnaître qu´il y´a eu des avancées mais nous faisons un pas en avant pour rebondir de deux pas en arrière. La presse est toujours traquée et les opposants crédibles souvent anéantis. Le multipartisme a échoué et l´opposition se vend elle-même à coût de poste ministériel. La géopolitique est érigée en système de gestion de la chose publique.

Depuis le vent de la démocratie, on a chanté au son de querelles intestines, parlé trop de nos illusions, travaillé très peu et beaucoup détourné nos richesses. Oui on se vole nous-même. On vole nos enfants et nos petits-enfants. Que celui qui ose dénonce. La prison est là pour le recevoir. Voici la liberté reçu en cadeau un quatre décembre 1990. Une démocratie donnée par les armes ne peut régner qu´à l´aide des armes, de l´intimidation et de la corruption.


Un homme, un combat et la misère enfantine

Die Arche Gründer
Bernd Siggelkow/Ph Réndodjo

Bernd Siggelkow est cet homme que certains prenait pour un qui délirait à la limite lorsqu´il parlait de la misère enfantine en Allemagne. Seules sa femme et ses enfants ont cru en lui. Aujourd´hui il dirige une organisation chrétienne allemande qui vient en aide aux enfants des familles démunies: Die Arche.

Aurais-je titré mon billet je suis allemand et j´ai faim que vous me diriez que c´est impossible. Eh bien vous n’êtes pas le seul. Les grands journalistes et Peoples allemands ont aussi pensé qu´il n´y´a pas de la misère enfantine chez eux. Mais un homme les a convaincu. Il s´appelle Bernd Siggelkow et  est pasteur pentecôtiste. Die arche est sa revanche sur sa vie, son histoire. L´histoire d´un enfant de l´Allemagne d´après la guerre ayant connu la misère, eu un père super endetté, une grande mère souffrant d´un cancer métastasé et une mère qui jeta l´éponge face au destin de ses enfants.

 Comment j’ai rencontré le pasteur Sigelkow

Il était un soir de veille de noël 2012. Le pasteur Sigelkow fait le tour des arches sur l´ensemble du territoire allemand. Il est donc à Göttingen pour visiter l´Arche de la ville et présenter son livre « les enfants oubliés de l´Allemagne les histoires d´espoir de l´Arche » paru aux éditions GerthMedien. J’ai cherché dans les linges une nouvelle tenue aux plis impeccables comme je ne trouvais pas je me dis mais pourquoi ce faire du tort s’il est le bâtisseur de l’arche c’est qu’il ne s’attardera pas trop sur l’extérieur des autres. J’enfile vite fait une jupe en cotonnade qui traînait là et je mis en route. L`Amphithéâtre 120 était déjà moitié remplie lorsque j´arrive. Je m´installe à mon tour juste à la première table. L´homme me fascinait et je voulais ne rien perdre de ses paroles et gestes. Il conta l´histoire de l´Arche et ses débuts. Ses rencontres avec les différents donateurs. Son quotidien partagé entre sa famille et ces enfants qui le prennent et l´appellent papa. Oui un père c´est bien celui qui est présent et qui donne son amour. Il répond aux questions et signa à la fin ses livres pour ceux qui l´ont acheter. Je m´offre un exemplaire et je fais calmement la queue pour attendre mon autogramme. Je me suis mise express à la fin du rang question de pouvoir avoir plus du temps.

Ph DR
Ph DR

A aujourd´hui 49 ans, Bernd a pansé ses blessures personnelles en donnant aux autres ce que lui-même n´a pas reçu. Il avait six ans lorsque sa maman quitta son père, divorça et partie. «J´ai pleuré de tous les eaux de mon âme bléssée mais personne ne m´entendait. Personne ne me vint en aide. Personne ne me consola. Personne ne me serra sur son cœur. Je venais de perdre ma mère et notre situation ne s´améliora pas avec son départ. Mon père croupit sous une montagne de dettes. Je partais le matin de la maison sans manger. A mon retour de l´école mangeais-je si grand-mère avait la force et l´argent nécessaire pour se le permettre… A dix ans je faisais des courses pour une dame de notre voisinage qui en retour me payait cinquante Pfennig avec lequel je pouvais me procurer des sucreries» se souvient encore le pasteur dans son autobiographie « le jour où ma mère partit».

L´Arche

Début 2010 alors que je venais d’arriver en Allemagne et que je m’ennuie. Mes pas me conduisent vers l’arche. Si l´Arche de la bible est un bâteau de sauvetage construit par Noé sur ordre de Dieu, l´Arche dont il est ici question est un ensemble de bâtiments d´une école restructurée par Bernd (il prèfère être appelé par son prénom. Même par les enfants de sa fondation) pour offrir gîte, couvert, divertissements, secours, attentions et un peu d´amour aux enfants démunis. Sa succursale de Göttingen est sous les hospices de l´église dans laquelle je suis. Comme une ancienne responsable de la jeunesse, je voulais rester utile. On aidait les enfants à faire leurs exercices après les cours, on jouait avec eux, répondait à leurs questions sur la vie et toutes autres banalités. On était juste des oreilles attentives pour ses âmes sensibles. Une main prête à les serrer, les réchauffer. On était là pour offrir à ses enfants leurs enfances que la misère familiale a volé. Deux ans après, en fin 2012 je me suis retirée de l´Arche parce que mon emploi du temps ne me permettait plus. C´est le moment choisi par le fondateur pour rendre visite à son ONG. Il était donc impossible pour moi de rater ce moment où, je pourrais voir cet homme dont l´histoire est une preuve de foi et d´amour.

On compte aujourd´hui neuf Arche dans toute l´Allemagne avec trois cent employés qui servent au moins deux milles enfants par jour. La misère existe encore et les enfants y vivent. Ils les héritent de leurs parents. Je parlerai de la dynastie de la misère. Les perspectives ne sont pas nombreuses mais au moins ces enfants ont un repas chaud par jour et une personne adulte pour les conseiller, orienter et leur montrer ce qu’être enfant veut dire. Peut-être qu´il faudrait un jour faire en sorte que les chances d´étudier pour un enfant ne soient pas dépendant des revenus de ses parents.


Ma vie de ministre

Etre ministre d´une République n´est pas une chose facile surtout lorsque l´on doit encore vivre l´ingratitude de ces collaborateurs. Voici le quotidien d´un ministre sur les berges du Chari. 

Au premier jour de sa nomination, à la passation de prise de service en présence de la télévision il déclare qu’une lourde tâche l’attend. Quoi ? Il doit dire quelque chose aux micros qu’on lui tend. N´importe quoi, mais pourvu qu´il parle, alors il parle de sa lourde tâche. Le soir de cette annonce commence l’élaboration d´une liste du personnel de son cabinet qui l´aidera à accomplir sa mission. Une revue de troupe de la famille, sous l´œil de madame, a lieu. Tant pis pour les sœurs ou beaux-frères qui n´ont jamais aimé madame. Mais cireur de chaussures ou fille de salle vous ne serez pas.

Pour accomplir une lourde tâche, il faut aussi être connu. Ainsi, au deuxième jour de la nomination commence les ouvertures de séminaires, accompagnement de la première dame à une cérémonie de remise de dons. Au troisième jour, c´est la  déclaration de la journée mondiale de polio, handicapés, rire, sommeil, … il faut être sous les rampes de la télé et que le peuple voit qu´on est partout et dans tous les cas pour lui. Quand on commence un travail, il faut l´accomplir et ça, nos ministres tchadiens le savent bien. Ainsi ils reviennent toujours quatrième jour pour la clôture du même séminaire qu´ils ont ouvert. Je dirais, c´est la logique ministérielle tchadienne.

Les jeudis sont des jours très spéciaux pour les ministres de la République tchadienne. C´est ici que chacun vient faire le contenu-rendu de sa semaine, son mois à la tête du ministère et réciter le plaidoyer pour ses actions à venir, négocier l´augmentation du budget du ministère, le carburant des attachés de presse, les voyages de shopping de la maîtresse, le budget des vacances de ses enfants.

La vie d´un ministre de la République n´est pas tranquille. On bouge beaucoup pour les ouvertures, clôture, visite de terrain, prise de contact, constat de visu de tout et de n´importe quoi. Heureusement il y a ces organes de presse qui sont les seuls à les comprendre et les accompagnent toujours. Pour cela il faut aussi une compensation, tant pis si le premier ministre ne veut pas. Le peuple, tant qu´on travaille pour lui, il est permis de détourner ses biens. C´est logique. Toute chose mérite un salaire pour le temps que tarde un remaniement.

Puis un soir, on apprend que par la faute d´un nouveau partisan on vient de nous remercier. Alors qu´on a pas encore fini d´accomplir sa lourde tâche, il faut rapidement organiser une passation de service pour mon successeur qui a hâte de se mettre à l’ouvrage :  construire ses duplex, garnir ses parcs-autos, sélectionner de nouvelles maîtresses, organiser les luxueux voyages de sa progéniture… Tout un programme pour la République.


Le chemin de l´Eldorado

Elle est jeune, rêvait d’une vie épanouie. Une vie dans laquelle elle vivrait ses fantasmes. Elle décida de partir par la route pour l’Europe. De son Cameroun natal à la Belgique, elle subit viols répétés, les menaces et arnaques des passeurs maures et arabes. Elle endure pour atteindre l’Eldorado. Elle, c’est cette coiffeuse de Matongué qui m’a confié un pan de sa vie.

Son périple vers l’Eldorado aurait pu écrire à lui seul un livre biographie d’un migrant qui se respecte. Je me croyais dans le scénario d’un de ces films qui vous fait froid au encore au dos lorsque le générique de la fin résonne.

Elle me coiffe déjà depuis deux ans et sait de moi que j’ai passé trois années de ma vie au Cameroun et que je connais bien le marché Mokolo à Yaoundé et le marché Congo de Douala. En fait, nous avons nos petites histoires et anecdotes sur le Cameroun. Elle s’est toujours émerveillée que je parcoure des kilomètres pour lui confier mes cheveux (je n’en ai pas beaucoup alors je ne le donne pas à n’importe qui pour me les maltraiter) et moi je suis adulée par son savoir-faire et son calme, cette manière si appliquée qu’elle a de faire son travail. Ce sont deux femmes avec une certaine sympathie l’une pour l’autre. J’ai choisi de la nommer elle car j’ai promis de lui accorder l’anonymat total.

Tu viens de la région flamande ?, me demandait-elle la première fois, et je répondis non. Tu t’en sors apparemment bien de l’autre côté avec la langue alors à t’écouter au téléphone. Je lui raconte alors mais difficultés à me faire comprendre à cause de mon accent particulier. En se racontant les difficultés que nous rencontrons en tant qu’étrangers et Africains en arrivant ici. Nous voici entrain de raconter nos routes vers l’Eldorado européen. Beaucoup d’immigrés en narrant leur vie en Europe omettent toujours de conter la route qui les y a mené. Ils font l’éloge de l’immigration clandestine et ils ignorent sciemment de dire la souffrance que ça implique. Avant de vivre ce luxe européen qu’ils repartent vendre les illusions aux autres jeunes, il y a d’abord une déchirure profonde qu’ils vivent. De la marche interminable dans le désert saharien, l’exploitation des passeurs arabes aux viols que les filles subissent, c’est l´histoire de jeunes forcés de quitter leurs proches qui leur sont chers pour échapper à la misère qui les accable dans leurs pays d’origine.

Elle me raconte donc l’histoire de ces filles qui prennent la route vers l’Europe. Cela peut être aussi son histoire à elle qui sait. Toute immigrée peut se retrouver au travers de ces filles et leurs souffrances. Dans un salon entre femmes ça parle de tout et de rien. Tout le monde connait tout le monde et il suffit qu’une passe pour qu’on dépose son dossier. Alors elle passa avec sa nouvelle tenue et sa brésilienne jusqu’au reins. C’était suffisant pour soulever la question de son identité, la souffrance de sa famille au pays et la misère qu’elle a vécu lors de la traversée. Curieuse, je me renseigne un peu plus. «Ma co (entendez copine), je dis que hein, les filles qui traversent à pieds là souffrent. Je dis bien elles souffrent. Si tu veux embarquer comme fille en premier, il faut payer en nature. Je dis que hein, on te viole si tu veux ou pas en plus de ton argent. Les passeurs vont des choses ici dehors avec ces filles.»

C’est parti pour que chacune raconte ce qu’elle sait de l’arrivée d’une telle ou une telle autre. Elles payent chers jusqu’aux portes de l’Europe, les abris de fortunes dans les forêts maghrébines pour embarquer sur les bateaux certains passeurs les acceptent que si ces filles se livrent. Contraintes, elles acceptent et cèdent parfois à tout un groupe de passeurs. Comment refuser lorsqu’on a aux trousses des prêteurs d’argent qui ont permis le voyage jusqu’aux portes du paradis ? Retourner au pays d’origine serait un échec que la famille ne serait pas prête à cautionner. Ceci explique l’avidité de ces immigrées clandestines vis-à-vis des euros. « Elles ont toutes le sang dans les yeux les filles que tu voient ici dehors à cause de leurs souffrances. Que tu t’amuses avec son centime, elle te finit. Quand tu les vois dans les rue de Matongué ici là, elles sont prêtes à tout.» Oui, il est évident qu’il faut arriver à Matongué aux alentours de neuf heures pour se rendre compte de la réalité de l’immigration clandestine : je ne sais pas s’il faut parler du milieu de la nuit ou de la journée mais des filles plus dévêtues que vêtues devant les dancings et aux recoins des rues. Des jeunes hommes qui jouent à cache-cache avec la police belge. Ils font tout et ne font rien pourvu que cela rapporte d’argent.

«Comment a été ton voyage à toi jusqu’ici puisque tu n’es ni en regroupement familial ni étudiante ?», risque-je. «Hum, c’était quand même difficile. Je dirais même très difficile». Comprenne donc qui pourra.