Un homme, un combat et la misère enfantine

Article : Un homme, un combat et la misère enfantine
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25 novembre 2013

Un homme, un combat et la misère enfantine

Die Arche Gründer
Bernd Siggelkow/Ph Réndodjo

Bernd Siggelkow est cet homme que certains prenait pour un qui délirait à la limite lorsqu´il parlait de la misère enfantine en Allemagne. Seules sa femme et ses enfants ont cru en lui. Aujourd´hui il dirige une organisation chrétienne allemande qui vient en aide aux enfants des familles démunies: Die Arche.

Aurais-je titré mon billet je suis allemand et j´ai faim que vous me diriez que c´est impossible. Eh bien vous n’êtes pas le seul. Les grands journalistes et Peoples allemands ont aussi pensé qu´il n´y´a pas de la misère enfantine chez eux. Mais un homme les a convaincu. Il s´appelle Bernd Siggelkow et  est pasteur pentecôtiste. Die arche est sa revanche sur sa vie, son histoire. L´histoire d´un enfant de l´Allemagne d´après la guerre ayant connu la misère, eu un père super endetté, une grande mère souffrant d´un cancer métastasé et une mère qui jeta l´éponge face au destin de ses enfants.

 Comment j’ai rencontré le pasteur Sigelkow

Il était un soir de veille de noël 2012. Le pasteur Sigelkow fait le tour des arches sur l´ensemble du territoire allemand. Il est donc à Göttingen pour visiter l´Arche de la ville et présenter son livre « les enfants oubliés de l´Allemagne les histoires d´espoir de l´Arche » paru aux éditions GerthMedien. J’ai cherché dans les linges une nouvelle tenue aux plis impeccables comme je ne trouvais pas je me dis mais pourquoi ce faire du tort s’il est le bâtisseur de l’arche c’est qu’il ne s’attardera pas trop sur l’extérieur des autres. J’enfile vite fait une jupe en cotonnade qui traînait là et je mis en route. L`Amphithéâtre 120 était déjà moitié remplie lorsque j´arrive. Je m´installe à mon tour juste à la première table. L´homme me fascinait et je voulais ne rien perdre de ses paroles et gestes. Il conta l´histoire de l´Arche et ses débuts. Ses rencontres avec les différents donateurs. Son quotidien partagé entre sa famille et ces enfants qui le prennent et l´appellent papa. Oui un père c´est bien celui qui est présent et qui donne son amour. Il répond aux questions et signa à la fin ses livres pour ceux qui l´ont acheter. Je m´offre un exemplaire et je fais calmement la queue pour attendre mon autogramme. Je me suis mise express à la fin du rang question de pouvoir avoir plus du temps.

Ph DR
Ph DR

A aujourd´hui 49 ans, Bernd a pansé ses blessures personnelles en donnant aux autres ce que lui-même n´a pas reçu. Il avait six ans lorsque sa maman quitta son père, divorça et partie. «J´ai pleuré de tous les eaux de mon âme bléssée mais personne ne m´entendait. Personne ne me vint en aide. Personne ne me consola. Personne ne me serra sur son cœur. Je venais de perdre ma mère et notre situation ne s´améliora pas avec son départ. Mon père croupit sous une montagne de dettes. Je partais le matin de la maison sans manger. A mon retour de l´école mangeais-je si grand-mère avait la force et l´argent nécessaire pour se le permettre… A dix ans je faisais des courses pour une dame de notre voisinage qui en retour me payait cinquante Pfennig avec lequel je pouvais me procurer des sucreries» se souvient encore le pasteur dans son autobiographie « le jour où ma mère partit».

L´Arche

Début 2010 alors que je venais d’arriver en Allemagne et que je m’ennuie. Mes pas me conduisent vers l’arche. Si l´Arche de la bible est un bâteau de sauvetage construit par Noé sur ordre de Dieu, l´Arche dont il est ici question est un ensemble de bâtiments d´une école restructurée par Bernd (il prèfère être appelé par son prénom. Même par les enfants de sa fondation) pour offrir gîte, couvert, divertissements, secours, attentions et un peu d´amour aux enfants démunis. Sa succursale de Göttingen est sous les hospices de l´église dans laquelle je suis. Comme une ancienne responsable de la jeunesse, je voulais rester utile. On aidait les enfants à faire leurs exercices après les cours, on jouait avec eux, répondait à leurs questions sur la vie et toutes autres banalités. On était juste des oreilles attentives pour ses âmes sensibles. Une main prête à les serrer, les réchauffer. On était là pour offrir à ses enfants leurs enfances que la misère familiale a volé. Deux ans après, en fin 2012 je me suis retirée de l´Arche parce que mon emploi du temps ne me permettait plus. C´est le moment choisi par le fondateur pour rendre visite à son ONG. Il était donc impossible pour moi de rater ce moment où, je pourrais voir cet homme dont l´histoire est une preuve de foi et d´amour.

On compte aujourd´hui neuf Arche dans toute l´Allemagne avec trois cent employés qui servent au moins deux milles enfants par jour. La misère existe encore et les enfants y vivent. Ils les héritent de leurs parents. Je parlerai de la dynastie de la misère. Les perspectives ne sont pas nombreuses mais au moins ces enfants ont un repas chaud par jour et une personne adulte pour les conseiller, orienter et leur montrer ce qu’être enfant veut dire. Peut-être qu´il faudrait un jour faire en sorte que les chances d´étudier pour un enfant ne soient pas dépendant des revenus de ses parents.

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Commentaires

Ahmat Zéïdane Bichara
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C'est un reportage à saluer de deux mains. Car,en lisant cette interview,je me projetai en 1997 quand ma mère fut emporté par le choléra,alors que je venais de terminer mes études.Je n'ai rien dans mes mains.Je n'avais que celles de ma mère pour pouvoir me tenir débout:résisté aux vas et viens de rendez-vous stériles des employeurs dans un pays où les pauvres ont les yeux qui brillent de faim plus que les riches qui se cachent sous les synonymes des mots arabes"ma indina gourous-ma indima kidimé-nous n'avons pas d'argent,nous n'avons pas de quoi faire travailler les gens".Tout à coup,ma mère fut emporté par la fâcheuse un mercredi de 1997 à 18h 30 pendant que chantait le muezzin de la grande mosquée de la Capitale du Tchad-N'Djaména.A peine,j'avais commencé à laver mes mains,un cris de malheur venant de ma soeur nous secoua le mur de la maison pour nous dire que maman n'est plus. Je me suis levé de ma natte de fortune inconsciemment,aux yeux de larmes de crocodile,puis que je n'avais pas cru à la première information de la mort de ma mère.Mais,ayant vu son corps allongé dans la cours de la maison,mes larmes se sont aussitôt transformées à celles d'un homme qui a tout perdu.

Réndodjo Em-A Moundona
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Je ne sais que dire. Ton témoignage est celui d'un homme fort. Ta vie et ton parcours l'atteste. Merci de le partager avec nous. Allah i barid guelibik.