Réndodjo Em-A Moundona

Les 10 raisons de croire en le Tchad

Heimat
Oasis dans le Tibesti/ Credit photo LBT

Merci Limoune. Ton commentaire m´a donné l´idée de cet article parce que m´ayant poussé à la réflexion. Oui je me cherchais une idée de mon top 10, nouvelle tendance sur la Plateforme. Oui comment rester en marge? Beaucoup d´idées me trottinaient dans ma tête en même temps je voulais écrire quelque chose de positive sur le Tchad (je sais que je suis dure envers mon pays c´est juste parce que j´aime ce pays qui m´a tout donné). Ces derniers jours notre image n´est guère brillante et surtout lors que le Premier Tchadien à savoir le Président en personne enfonce le clou en accusant la jeunesse. J´ai pensé qu´on devrait vendre ce pays pour de bon. Tu m´as rendu optimiste le jeu de citron en vaut le coup. Ici sont mais dix raisons de ne pas vendre le Tchad.

1-      La Plaque tournante de l´Afrique

C´est d´un pays qui est un parfait trait d’union et un point de passage entre l’Afrique du Nord et l’Afrique noire en tant que pays-carrefour des caravanes transsahariennes et berceau des civilisations nomades, ce pays cristallise en lui tous contrastes du désert du Nord septentrional et la savane méridionale. Le peuple tchadien a toujours balloté entre les ascétiques traditions musulmanes, les rites animistes ou chrétiens élaborés et selon l´humeur des populations nomades vivant au rythme de leur chameau et au gré de pâturages et des cultivateurs sédentaires par nature. Politiquement, le Tchad même si très peu présente sur la scène africaine, constitue rien que par sa situation, le centre du continent mais aussi la plaque tournante de certaines opérations militaires (Mantra et Serval). Et depuis plus de dix ans, il est devenu incontournable dans certains conflits sous régionaux comme la crise darfourienne et centrafricaine. Reconnu comme berceau de l´humanité, le Tchad est aussi le refuge des déplacés de guerres et réfugiés centrafricains et soudaniens avec des camps de réfugiés à l´Est et au Sud du pays. Du coup N´Djaména est devenu le siège des ONGs d´aide aux réfugiés (EUFOR, MINURCAT, OCHA, UNHCR…) et le passage obligé des peoples et autres personnalités ambassadeurs de bonne volonté pour l´ONU. On verra Angelina Jolie, Georges Clooney, Barrack Obama en sénateur de l´illinois, Angélique Kidjo et bien d´autres.

2-      Diversité culturelle

Un Turc a été surpris de voir que les mariages interreligieux au Tchad ne posaient pas vraiment un problème et que dans une famille on pouvait avoir des musulmans et des chrétiens sans subir des rejets. Pays de contraste avec une population métissée allant des négro-africains arabisés au négro-soudanais et des arabes de souche, le Tchad est la parfaite illustration d´une diversité qui fait son charme. Ce qui se ressent tant dans sa culture vestimentaire, gastronomique que musicale. Le Tchad a été le siège de trois grands royaumes sahéliens : le Kanem-Bornou, le Baguirmi et le Ouaddaï. L’espace tchadien possède une histoire riche et relativement bien connue. Il est sans doute un des berceaux de l’Humanité depuis la découverte récente de Toumaï. Une diversité qu´on remarque déjà sur les documents officiels. Je garderai encore longtemps la question de ce policier de frontières qui voulait savoir si tous les Tchadiens parleraient couramment les trois langues présentes sur leurs passeports. Je lui fis remarquer que seule le Tchad est trilingue.

3-      Le potentiel de la jeunesse

La population tchadienne est très jeune dans son ensemble. Peu importe le secteur dans lequel elle évolue, la jeunesse tchadienne fait la fierté de ce pays même si elle manque peut-être de repère et ne peut encore canaliser son potentiel. Sosthene Moguenara, Horta Syvly Aliba, Kaltouma Taibé, H´Sao, Beral Mbaikoubou. Ils ont porté et portent encore le flambeau de autres pays mais ils se reconnaissent tchadiens.

4-      Une diaspora toujours présente

Même si elle est peu visible, la diaspora tchadienne se sent dans toutes les sphères des affaires du pays. C´est une génération qui a survécu aux années sombres du Tchad, la guerre civile, l´élimination de cerveaux et à l´exil. Koulsy Lamko, Nocky Djedanoum avec Fest’Africa sous les étoiles, Mahamat Saleh Haroun qui porte le cinéma tchadien, Kaar Kaas Soon qui s´illustre par ses écrits et récemment sa grève de faim pour la cause des journalistes emprisonnés.

5-      Le potentiel touristique

Le Tchad est le résumé de l´Afrique au mieux, toute l´Afrique se retrouve dans un seul pays. Du coucher du soleil dans le désert aux fraîcheurs moites des nuits équatoriales, le lac Léré et ses lamantins. Le visiteur trouve ce qu´il désire admirer s´il ne veut profiter des sources géothermales du Septentrion tchadien, les lacs Ounianga et leurs oasis, les palmerais de l´Ennedi, les grottes et leurs peintures rupestres datant de la préhistoire. On peut faire vivre le Tchad rien que par les recettes de son tourisme.

6-      Le sous-sol

Peu importe le lieu et l´endroit où on se trouve, le Tchad a un sous-sol immensément riche en minerais : l´or, le pétrole, la bauxite, pierres ornementales, diatomites, l´Uranium. L´utilisation rationnelle de ces ressources sortirait le Tchad de son marasme économique.

7-      Une génération consciente

Ils sont convaincus que le Tchad s´en sortira. Beaucoup de travail, un peu d´unité, de l´amour et l´humilité sont leurs devises. Ce sont ceux qui, s´ils devraient retourner à l´école de la vie, ils apprendraient à aimer, s´aimer afin de bannir la division et l´injustice sociale qui minent le pays. Ils sont jeunes. A peine la trentaine et avec un CV bien longue et certains des œuvres sur le marché, des chefs d´entreprises. Ils n´hésitent pas de décrier les maux avec leurs mots à eux. Ils exhortent la jeunesse, l´appellent au travail et à l´excellence. Mawndoé, l´ex chanteur de Yeleen en est le flambeau. Il le chante à juste dans son avant dernier Album Daari, tôt ou tard on arrivera.

8-      La religion

La religion au Tchad peu bien être un facteur d´unité. De plus en plus de jeunes désespérés se tournent vers la religion sans verser dans le radicalisme. Un regain de spiritualité est en cours. Le processus de download est lent comme la connexion tchadienne mais elle est sûre.

9-      Les femmes

Les femmes tchadiennes sont braves et belles. Je veux parler de leur beauté de cœur. Très pudiques, effacées mais présentes même si elles sont très peu visibles dans les instances de décisions. Elles sont 52% de la population et leurs voix comptent énormément. Elles sont la voix dissuasives dans des moments de grandes tensions. Certaines n´ont pas encore compris leur force véritable. Hommage à maître Jacqueline Moudeina qui, malgré les intimidations, s´est constitué avocat des victimes de Hissein Habré.

10-   La gastronomie

Loin d´être un assemblage d´ingrédient dans une marmite, la cuisine tchadienne est un art et véhicule toujours un message. Elle est un facteur d´unité vu l´unicité des plats où que l´on se retrouve. La cuisine tchadienne est une cuisine typiquement sahélo-soudanienne avec une essence parfois orientale. À base de céréales essentiellement, la boule, les crêpes ou les fécules s’accompagnent de sauce de viandes ou de poissons avec de légumes frais ou secs. Si vous êtes un jour de passage sur le sol tchadien, n´oubliez pas de goûter aux 14 préfectures. Mes favoris sont la sauce longue et le Kissar au Daraba.


L´exemple vient d´en haut!

Et si on vendait ce pays? Sérieux, l’idée ma déjà effleuré plusieurs fois. Chaque Tchadien prendra sa part et ira se chercher un autre chez soi. Un pays comme le nôtre avec son sous-sol, on trouvera certainement preneur. En fait on a  ce qu’il faut pour qu ´une nation s’épanouisse. Et il vrai que nous avons aussi amorcé un développement quelconque. La place de la nation, les universités de Toukra la cité des affaires et bientôt le N´Djamena II. Tout a changé très positivement. Seul bémol, on fait un petit pas en avant pour effectuer un grand bond en arrière. On construit pour détruire. On souhaite bâtir une démocratie tandis que le pouvoir obnubile et détruit ce qui lui confère cette démocratie : la liberté de la presse et le dialogue. En parlant de dialogue, elle manque tant au point que deux hautes personnalités qui font la République puisse s´en venir aux mains? Le peuple tchadien leur en dit merci de faire la Une et d´alimenter ainsi la presse à scandale. On veut la paix mais tout est prétexte d’exhibition de notre arsenal de guerre. La fête de l´indépendance, la fête de la démocratie. Comme si le ciel a décidé de ne jamais être bleu et clair dans ce pays. On veut le développement mais on affame la grande partie de la population et on se réjouit lorsque La misère gangrène des couches sociales. A peine se débrouille-t-on a obtenir un petite voiture question d’échapper à l’arrogance de ces petits apprentis de bus qui pour un cinq francs te gifle, t humilie, que le lendemain une bande armée te l´arrache. Pourquoi nous nuire? La diversité est un cadeau une richesse. Chez nous elle est prétexte de division. On avance et on fait des efforts côté structures tandis que l’aspect droit de l’homme piétine. Qui dirigerait-on si on doit emprisonner tout le monde? Penses-y cher dirigeant. Oublie ton rang pour descendre au niveau du sol goûter la vie comme ton peuple. Nous sommes tous humains, on rit on pleure, on respire le même air. Alors ne nous fais pas de là-haut des promesses et critiques qui, vu de nos rues et cases délabrées semblent étranges. Ne nous racontez pas des fables chers dirigeants car,seule la grenouille se trompe de fable. Vous vous trompez souvent. Malheureusement. Le discours présidentiel pour l´Aid el Fitr le prouve:

«Vous savez que nous assistons aujourd’hui à un phénomène assez inquiétant qui risque de faire perdre la force essentielle de notre pays qui est la jeunesse. Nous observons une situation inquiétante en ce qui concerne la dépravation de nos mœurs, la dérive de notre jeunesse soit dans son comportement social, soit dans sa culture, l’avenir de la jeunesse.» Quand j´écoute un discours pareil, je me dis mais à qui la faute? Quand on a passez vingt ans à nous inculquer le vol, le détournement, l´impudicité, l´inégalité et l´injustice comme des valeurs morales.

« Nous devons préparer ces jeunes pour les sortir de cette situation actuelle de dépravation de mœurs quel que soit la religion à laquelle nous appartenons. Nous avons aussi nos us et coutumes ; nous observons des choses que nous ne pouvons pas les taire ; nous devons agir de manière à ce que notre société soit une société propre qui puisse garantir à la jeunesse, un avenir serein, radieux. (…) La dérive actuelle de notre jeunesse n’est pas un bon signe. (…) Et c’est aussi par l’acquisition des connaissances qu’ils peuvent assurer, l’avenir du Tchad de demain ». (Fin de l’extrait). Je suis assez paresseuse pour faire une analyse de ce discours phrase par phrase mais disons, mais je m´y reconnais un peu dedans comme une jeune tchadienne. Je me vois comme cette jeunesse qu´on accuse de dépravée. Qui a appris à cette jeunesse à aimer l´ailleurs? Quand ceux qui sont censés être les modèles prennent le panier pour aller faire du shopping ailleurs, se chaussent et s´habillent Outre-mer, ne savent même pas combien coûte le tas de Gombo ou de Kawal sur le marché parce qu´ils se nourrissent de conserves venues d´ailleurs. Tout ce qui fait l´identité d´un peuple, ils ignorent.

Je ne parlerai pas de connaissance. Il est bon de construire des universités mais il serait mieux de doter ces bâtiments universitaires du personnel enseignant, des bibliothèques universitaires et revoir les conditions de recrutement des enseignants. Et avant que je ne l´oublies, qu´on tâche de bien payer ces enseignants. On les rendra ainsi incorruptibles s´ils survivent à l´insolence de ces fils à papa. Fils donc de nos faiseurs de moral qui ne respectent personne. Comme quoi, il faut ôter d´abord la paille dans vos yeux. Autrement, de là-haut donnez nous l´exemple.

Euh, j´oubliais. Mabrouk al Aid!


Femme : mon corps, mon curriculum vitae

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De Bangui à Berlin en passant par N’Djamena, la promotion canapé a fait beaucoup de parvenue dans le tissu socio-économique de nombreux pays. La beauté d’une femme est tout son Curriculum Vitae. Elle n’a nul besoin de se tracasser pour s’offrir un boulot de luxe. Vous les femmes vous avez de la chance, disent les hommes avertis. Vous souffrez beaucoup moins que nous. Soit belle et tu as la réussite à tes pieds. Description d’un curriculum vitae très particulier par une Rendodjo et Salim, deux blogueurs de la plateforme Mondoblog de RFI (Radio France Internationale).

Inouïe que je peux l’aimer. Ce corps parfait, de fois aux rondeurs démesurées. Harmonieuse symétrie physique, ils ne déplaisent à aucun mec, ces nibars provocateurs. Le corps de la femme est très souvent, tant pis si je tombe dans des subtilités, la clé de son succès en entreprise. La beauté de la femme, son corps, est un sésame parfait. Une clé universelle qui ouvrirait tant peu soit elle la cave d’Ali Baba et même ce mystérieux baobab des contes africains. Passons plutôt au fait.

N’Djamena, juin 2004. Je composais le Bac, juste derrière moi était une très belle fille. Une métisse, une peau caramélisée comme en raffole les jeunes tchadiens. Le sujet était coriace pour la plus part des candidats. De bonnes exercice de probabilité qui mettait en scène les possibilités de panne de générateurs de la défunte STEE (Société Tchadienne d’Eau et d’Electricité). Il y avait aussi de lourdes séries d’équations différentielles. Entre ma copie et le plafond de la salle, je ne me souviens plus combien de fois mon regard a fait de va et vient. Ma concentration s’est volatilisée par une voix. Celle d’un homme qui parlait à une fille. Vous la connaissez non ? Cette voix qui tente son tour de Charme. « Ça va ma sœur ? Comment tu t’appelles ? Ça va le sujet ? Ne t’en fais pas. Ton frère est là. Il va t’aider car tu es très belle». Sésame ! La suite vous arriverez à la deviner j’en suis sûr. Une Note Sexuellement Transmissible (NST) est en germination.  Alors combien de pareilles situations sont-elles arrivées ce jour-là ?

A Bangui, on se souvient encore des histoires de ces députées, votées n’importe comment et porter à la défense des intérêts du peuple centrafricain. Mieux encore, qui a eu échos de ces filles centrafricaines qui refusent d’écarter les jambes aux luxurieux responsables RH (Ressources Humaines) et qui échouent mystérieusement au test de recrutement ? En tout cas, des anonymes souffrent et des CV se remplissent.

Derrière chaque femme riche, il y a un homme au compte bancaire bien garnis. Une pensée que je confronte de plus en plus ces temps-ci lors que je bavarde avec les jeunes hommes. Messieurs, vous ne pouvez savoir les peaux de bananes qu’une femme déjoue si elle veut réussir honnêtement. Ma réponse me ramène toujours cette boutade de féministe. Classique lorsque l’homme veut se défendre vaille que vaille.

Je ne sais pas si je suis une féministe parce que je refuse cet adjectif qui est aujourd’hui un fourre-tout, une poubelle de vices. De la défense des droits louches de femmes à l’exhibition de sa nudité devant une ambassade et déjà on reçoit l’étiquette. Ce féminisme pro-sexe qui voit en la sexualité un domaine qui doit être investi par les femmes et les minorités sexuelles utilisant leurs corps, le plaisir et du travail sexuel des outils politiques je ne le partage pas. Il dénude le sens du vrai combat des pionnières du féminisme. Aussi lorsque je vois en la femme une victime du harcèlement sexuel, affectueusement appelé promotion canapé, je ne veux pas faire du féminisme. Je ne défends pas aussi cette prostitution nouvelle classe qui condamne les autres femmes qui se battent, transpirent et apprennent dur pour obtenir leur diplôme ou promotion. Quand on est une femme, soit on a un époux qui fait écran, ou le chef qui te fout les bâtons dans les roues. Personne ne veut voir ton intelligence. On te conditionne mentalement à dépendre de l’homme, de ta beauté en tant que femme en lieu de compter sur tes compétences et tes aptitudes personnelles et intellectuelles.

« Si tu acceptes de m’embrasser, tu passes à l’antenne pour le journal de 14 heures ». Cette phrase, Manu la jeune stagiaire en journalisme s’en souviendra longtemps pour l’avoir écouter souvent de son mentor. Des filles ou femmes comme elle on en croise beaucoup dans tout le Tchad. Sylviane elle n’obtiendra jamais sa licence alors qu’elle a validé toutes ses unités de valeurs et ainsi vont les facultés des Université tchadiennes. Elle quitta la Faculté pour avoir osé dire non à un de ses enseignants qui lui faisait la cour.
Mais la promotion canapé et le harcèlement qui en découle ne sont pas seulement un problème africain. Les étudiantes et travailleuses européennes le subissent aussi. Des interrogatoires à des heures tardives sur le campus, une main qui va trop loin lors d’un entretien avec l’étudiante, un travail à finir chez le supérieur le week-end … Les propositions sont énormes pour les jeunes et jolies femmes. De Berlin à Bruxelles, aucun milieu n’échappe à la règle. Peut-on dire que toutes ces femmes le veulent. Non. Ruth a dû abandonner ses études, tandis que Régine a quitté son Université à la recherche d’une autre Université. Les enseignants eux, sont inamovibles. Ces deux jeunes filles font partie des 55% d’étudiantes et d’employées qui sont harcelées par leurs hiérarchies parce qu´ayant refusé la promotion canapé ou les NST d’après une enquête publiée en début 2013 en Allemagne.

Peut-on encore me taxer de féministe si j’accuse l’homme d’user de son pouvoir ? Il est clair que certaines acceptent, subissent et en profitent. Mais ces ne sont pas toutes les femmes. D’autres sont belles et bien des victimes. Et elles souffrent souvent en silence et parfois elles compromettent leurs avenirs en abandonnant faute de soutien. Alors j’accuse et mon index est pointé vers l’homme. Féministe ou pas, j’assume.


Appelez-moi l’épouse héritée

Credit photo Google.de

L’héritage des veuves ou lévirat est une pratique sociale répandue dans certains groupes ethnique du sud-ouest du Tchad.  Cette pratique oblige les veuves à se remarier avec les parents directs de leurs défunts maris si non les enfants de l´époux s´il a un fils ainé en âge de se marier. Je vous fais le témoignage de Marie, une victime qui fut obligé de marier le fils aîné de son mari. 

L´idée de cet article est née d´une de nos nombreuses discussions nocturnes une amie et moi.  Elle s´inquiétait pour son père qui, à la fin des funérailles de son grand frère devrait selon la coutume s´occuper des femmes de ce dernier ; entendez par là, en prendre au moins la plus jeunes pour épouse. Or connaissant son père en chrétien moderne et médecin, il refusera au risque de s´attirer la colère des gardiens de la tradition. On était sûr qu´il dira non, mais on craignait aussi pour lui et les conséquences pour sa famille resté à N´Djaména. Surtout sa femme que la famille taxera d´égoïste refusant de partager son homme. À la fin de la conversion, je pensais à cette femme de trente ans à l´époque, Marie. Elle venait aussi de Pala cette ville du Sud-Ouest du Tchad.

Je veux juste vous parler d´une réalité africaine qui persiste encore dans le Tchad moderne, aux confins des villages reculés : le lévirat. Une pratique qui tire sa source des temps bibliques et dont certains religieux pour ne pas dire louvoyeurs d´héritages défendent encore bien. Si la raison première est de conserver le nom du défunt par le moyen des enfants qui naitront de sa femme et qui, porteraient son nom ; la seconde est la plus importante est de maintenir les héritages dans la même famille et dans la même tribu. Et ici se trouve la véritable raison. Car la réalité a montré que très peu de beaux frères s´occupent vraiment de la femme et des enfants de son frère défunt.

Au Tchad, le lévirat se pratique encore chez les Moundangs torrock où, j´ai rencontré Marie qui fut obligée de marier en seconde noce le fils de son mari. Un enfant qu´elle a vu jouer dans la boue, courir en culotte et se moucher avec le dos de la main pour finir par les essuyer dans son pagne à elle. Un enfant qui jusqu´au décès de son père l´appelait encore maman. Elle finit par se résigner lorsque ces parents s´opposèrent à son refus. «  Mon père a promis me renier si jamais je ne suivais la coutume. Mais comment épouser le fils aîné de mon mari qui est comme un fils pour moi ? Je n´avais le support de personne. Voici comment je suis devenue un bien communautaire transmis sous forme de legs.» Ainsi le premier fils du défunt hérite de la femme de son père. Il conçu un enfant avec elle. Et pourtant, durant la période marquant la vie de son père, sa seconde épouse constituait une seconde mère pour lui.

Pourtant dans la Bible, le lévirat est prescrit par la loi dans le Livre de Deutéronome 25. 5-10. Chez les Hébreux, si deux frères demeurent ensemble et que l’un d’eux vienne à mourir sans laisser d’enfant  le plus souvent un enfant mâle, le frère survivant devait épouser la veuve du défunt, toute autre alliance étant interdite à la veuve ; en cas de refus de la part du frère, la femme pouvait néanmoins échapper à l’interdiction d’exogamie par la cérémonie de la ‘Halitsa durant laquelle elle devait cracher au visage de son beau-frère, lui voler l’une de ses chaussures, et le village le nommerait à toujours « l’homme sans chaussure ». Le lévirat, et la renonciation au lévirat, jouent un rôle important dans les histoires d’Er, d’Onan et de Tamar veuve des fils de Juda. Pardon, ce n´est pas un cours de Bible, je veux juste taire une quelconque discussion sur les arguments religieux qui en font une obligation : on peut renoncer au lévirat et bien prendre en charge ses neveux orphelins. Pour cela on n´a pas besoin de siffloter à l´oreille de la mère la nuit. Surtout qu´en Afrique et au Tchad, dans la plus part des cas, le défunt a déjà au moins deux enfants vivants.

Certaines traditions évoquent la seule mesure de protection sociale de la veuve qui serait sans ressource. Parlant alors de cette protection, on a vu des cas de lévirat où, la belle-famille l´a voulu parce que la veuve ne devrait pas être seule l´héritière du défunt mari. Il faut alors lui imposer le beau-frère comme second époux afin que les biens restent dans la famille. Ainsi l´argument socio-humanitaire qui revient souvent dans les discussions n´est pas valable si, on tient compte du nombre impressionnant de décès dus à l’infection dû au VIH/SIDA, on peut bien se demander comment des unions de ce genre sont encore acceptées au mieux encouragées voir exigées lorsqu´on ne sait pas de quoi est mort le grand frère.


Une comédie électorale sous les tropiques…

J’étais censé rédiger ma partie, concernant le Togo, avant de recevoir les contributions de mes amis, pour faire ce billet collectif. Mais j’avoue qu’en éditant les différents articles qui me sont parvenus, j’en ai perdu mon latin, tellement j’avais l’impression qu’on parlait déjà du Togo.

La problématique est simple : juillet 2013 est une période électorale dans beaucoup de pays africains. Que ce soit au Mali, en Guinée, Au Togo, au Cameroun ou au Tchad, les populations iront aux urnes, pour désigner soit des députés, soit un Président de la République.

En Guinée, mon ami Thierno Diallo nous fait un récapitulatif en cinq points de la situation politique de son pays.

 

Thierno Dillo, adresse blog: https://cireass.mondoblog.org Image: profil facebook

Au sortir de l’élection présidentielle de 2010, il était prévu que les législatives se tiennent dans les six mois suivant l’investiture du nouveau président. Mais deux ans et demi après cette date, les guinéens n’ont toujours pas élu leurs députés. Ces élections s’organisent au milieu de la pire crise sociopolitique que le pays ait connue de son histoire. Pourquoi la situation est si pourrie et le climat électrique ? Aux yeux de nombreux observateurs, les raisons de cette crise sont multiples et variées. Dans ce présent billet, nous y citerons quelques-unes des plus remarquables. Premièrement, depuis l’arrivée du président Alpha Condé au pouvoir, il n’y a pas eu un réel dialogue entre les deux belligérants. Et cela a contribué davantage à la radicalisation des uns et des autres. Deuxièmement, chacun des deux camps [pouvoir et opposition] se croit en position de force. En effet, au vu du dernier scrutin présidentiel de 2010 où Cellou Dalein Diallo, le candidat de l’UFDG [Union des Forces Démocratiques de Guinée], avait totalisé plus de 44%des voix alors que celui qui sera proclamé vainqueur du deuxième tour [Alpha Condé, candidat du Rassemblement du Peuple de Guinée] n’avait obtenu que 18% des suffrages exprimés. Depuis, des partis l’ayant soutenu ont pris leurs distances avec le gouvernement, qu’ils accusent de n’avoir pas respecté les accords signés et ont rejoint, l’opposition. Aujourd’hui, ces derniers revendiquent plus de 70% de l’électorat. Et ils sont convaincus de les remporter si l’organisation se fait dans la transparence. Du côté du pouvoir, on estime avoir franchi le plus haut sommet : la présidentielle. Donc avec tous les pouvoirs dont dispose le président, il ne pourrait organiser une élection et la perdre. Cette situation risque de retarder une fois de plus la tenue du scrutin. Parce qu’il n’est pas facile d’aller à une compétition si aucune des parties prenantes n’est prête à avaler son éventuelle défaite. Le pouvoir actuel a peur de voir l’opposition contrôler l’assemblée nationale, d’où le non-respect de la loi sur la tenue des législatives au cours des six premiers mois. Pourtant, ce scrutin est censé tourner définitivement la page de la transition amorcée avec la prise du pouvoir par les militaires, au lendemain de la mort du général-président Lansana Conté. Troisièmement, l’établissement d’un nouveau fichier électoral divise les acteurs. Contrairement à ce que dit la loi, le président Condé avait annoncé, dès son arrivée, son intention de faire une reprise intégrale du recensement. Chose que la partie adverse n’a pas accepté. Après des vives protestations, parfois avec morts d’hommes, il a fini par abdiquer. Au lieu du recensement entier il y aura la révision du fichier électoral. Quatrièmement, le vote des guinéens de l’étranger, garanti pourtant par la constitution, n’a été accepté par le gouvernement que lors du dialogue inter-guinéen sous l’égide du représentant du Secrétaire Général des Nations Unis, Said Djinit. Là aussi, c’est au terme des multiples manifestations de rues organisées par le Collectif, l’ADP, le FDP et le CDR. Cinquièmement, la CENI [Commission Électorale Nationale Indépendante], contrairement à ce qu’elle prétend être, n’a jamais été indépendante. Je m’explique. D’abord sous Louceny Camara, c’est-à-dire en sa première composition, l’institution a refusé de travailler dans le consensus. Des commissaires envoyés par l’opposition ont dénoncé tout au long de cette période ce qu’ils qualifient d’unilatéral : les décisions du président. Et ce n’est pas la seconde composition, dirigée par Bakary Fofana, qui a apporté du nouveau. En guise d’exemple, l’annonce de la date du 12 mai 2013 fut faite à 23 heures sur les médias d’État, heure à laquelle beaucoup de Guinéens sont couchés. Toutes deux sont caractérisées par des fixations des « nouvelles dates » suivies bien entendu de contestations, puis des reports. Nous sommes en ce moment à cinq rendez-vous ratés. Enfin, il n’y a pas de respect entre le président, l’opposition et le gouvernement. Pour le  président, ces anciens Premiers ministres ou ministres ne veulent pas le laisser travailler. « Comme ils ont échoué, ils ne veulent pas me laisser travailler« , disait-il dans l’une de ses sorties. Il est allé même jusqu’à les qualifier de « chiens« . Quant aux intéressés, bien qu’ils aient reconnu officiellement son élection, ils disent qu’il est non seulement mal voire très mal élu, mais aussi il a basculé le pays dans une « dictature sanguinaire« . Depuis avril 2011, l’opposition a enterré une cinquantaine de ses militants tués par les forces de l’ordre. La question que l’on se pose aujourd’hui est de savoir est-ce qu’il sera possible d’aller à un scrutin apaisé sans que ces différends ne soient résolus ?

 

Je suis convaincue que cette question ne m’est point adressée, à moi Aphtal. Nous devons tous y songer, en tant qu’africains, épris de justice et de démocratie. La réalité est toute autre, au Tchad. En effet, le pays de Deby n’est point en période électorale, (en tout cas pour le moment) ; par contre, pour ma grande sœur Ndodjo, le Tchad est constamment en campagne électorale.

Nodjo Klein. Adresse: https://rene-mouna.blogspot.com Photo: Profil facebook

Vous avez dit campagne ? Eh bien elle est partout ici. Dans la rue, au marché, à l’école, à l’université, à la télévision et même sur les réseaux sociaux. On est en campagne électorale tous les jours au Tchad. La pose de pierres, la coupure d’un ruban, des réceptions ou des inaugurations de bâtiments tout est une occasion pour véhiculer l’image du bâtisseur si ce n’est d’un généreux chef d’État distribuant des crédits ou des dons allant du sel de cuisine aux bus pour les universités. Matin, midi, soir, que ce soit à la radio, à la télévision ou sur internet, le Tchad est tout le temps en campagne électorale. Avec des émissions qui tournent en boucle. Qu’on le veuille ou non, le pays est continuellement en campagnes électorales sans le savoir. A peine une élection est-elle finie que l’on prépare déjà une autre. Et tout donne lieu à une récupération politique. Un poste ministériel, la construction d’un marché, d’une école que déjà les ressortissants de la localité organisent une fête et envoient des représentants remercier le généreux donateur qu’est le président de la République pour sa bienfaisance. Il y a d’une part, une omniprésence incontestable du Chef de l’État père de la Nation soucieux et conscient du bien-être de la population. Un chef d’État à qu’il faut bien confier un second mandat, encore un troisième, un quatrième et voir un mandat à vie parce qu’il fait si bien sa mission. D’autre part on a des éternels chefs d’opposition avec ces ennuyeux airs de défenseurs des droits du peuple, les justiciers toujours réclamant sans des propositions concrètes parfois. Tout ceci est une campagne électorale silencieuse mais efficace. Et qu’elles soient de l’opposition ou du parti au pouvoir, toutes les campagnes électorales se ressemblent avec les mêmes promesses jamais tenues. Sauf les slogans de campagnes qui changent avec des mots pompeux du style, un Tchad prospère, le changement social, la renaissance, et que sais-je? Il faut noter aussi que depuis vingt ans les visages sur les autocollants sont les mêmes à quelques nuances près que certains ont muris, d’autres devenus grisonnants. La veille des élections donne lieu à une générosité forcée des candidats. Ici des pagnes, là des tee-shirts et casques à l’effigie du candidat. Des billets de banques partagés, des cabris égorgés arrosés de bière locale. On offre à manger, à boire et on vêtit l’électorat. Ici se joue le charme. On sert du tout à la population sauf un vrai projet de société réalisable. Vous voulez faire campagne voici le mode d’emploi made in Tchad à utiliser sans modération.

Au Cameroun, la situation est à peu près comme au Togo. Report sur report, les votes ont finalement été calés sur ce mois oh fatidique : Juillet. Danielle raconte.

Danielle ibohn. Adresse: https://natila.mondoblog.org Photo: Profil Facebook

« Au Cameroun, plus rien ne va.

Le 26 Juin dernier la nouvelle est tombée. Les élections municipales au même titre que les élections législatives sont prolongées.

Depuis le début de l’année, ces périodes électorales font la danse bafia (On avance, on recule). Rien ne va plus. Après l’élection des premiers sénateurs après « 50 ans d’indépendance et de démocratie », le Cameroun entre dans une phase électorale plutôt chatouilleuse. Les échéances sont prolongées faute d’inscriptions sur les listes tout d’abord. Comme si presque trentenaire que je suis,  m’inscrire à une liste est une priorité alors que j’ai des difficultés à me nourrir. Les échéances sont prolongées faute de moyens ? Ce sont les organismes internationaux tels le Commonwealth qui ont l’habitude de supporter de telles ardoises financières. Le Roi Lion ne serait il pas encore sûr du calendrier électoral ?

Pourtant l’année 2013 devrait une année élective au Cameroun. Cela fait cinq ans et demi qu’on a les mêmes députes et six ans les mêmes responsables municipaux (Juillet 2007). Ce n’est qu’une demie ? Les sénatoriales sont les plus urgents pour éviter le chaos de l’après Roi lion hein ?

Un mandat prolongé sensé prendre fin le 21 mai prochainaprès les législatives. Une  prolongation ultime législative pour le 23 juillet 2013 ? (nous sommes déjà à la quatrième prorogation)

Une  prolongation municipale jusqu’en Novembre 2013. Cependant en parcourant la presse, je tombe sur ces propos.

 Les nouvelles ne sont pas rassurantes.

Le messager dévoile sa peur : https://www.cameroon-info.net/stories/0,47859,@,municipalites-le-mandat-des-conseillers-municipaux-encore-proroge.html

« Mais l’inertie qui caractérise le régime ne rassure pas que ces consultations électorales pourraient se tenir avant la fin de cette nouvelle prorogation. »

Me Jean Bertin Kemajou dans ouest Littoral https://www.cameroon-info.net/stories/0,44735,@,elections-legislatives-le-cameroun-bientot-sans-parlement.html

«Le Cameroun va droit vers une situation sans précédent où non seulement le Président de la République sera obligé de créer un État d’exception ou alors légiférer par ordonnance en attendant que la situation se régularise éventuellement».

Allez, son’a ponda !

Le récit à la fois loufoque et grave, est celui que me livre mon camarade « Bouba Sanga ». Malien, il est inquiet de la situation de son pays, et cela se comprend. Le Mali est une nation en guerre contre le terrorisme :

Boubacar Sangaré: Adresse: https://bouba68.mondoblog.org Photo Facebook

Dans quelques semaines, les Maliens seront appelés aux urnes pour élire un nouveau président de la République et mettre ainsi un terme à une période de transition que tous ou presque veulent voir s’éclipser. Mais, cette présidentielle, d’ores et déjà, inquiète « grave ». A pas comptés, le Mali marche vers les élections présidentielles dont la visée est d’élire un pouvoir légitime, capable de redresser un pays plongeant sous le vent d’une crise sécuritaire et institutionnelle : un coup d’ État foireux perpétré le 22 mars 2012 et une rébellion armée touareg charriant la horde de barbares d’AQMI (Al-Qaïda au Maghreb Islamique), duMUJAO (Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest) et d’ANSAR DINE, ont suffit à installer le Mali dans un « temps incertain ». Même s’il faut aussi reconnaître à cesévènement fâcheux le mérite d’avoir crevé l’écran de fumée qu’était la démocratie malienne, et d’avoir aussi amené bien des Maliens, d’une naïveté incomparable, à prendre conscience de la vacuité politique et de la faiblesse d’un État auquel ils appartiennent. Et dès lors, les langues se sont déliées ; une démocratie brandie jadis comme un modèle est devenue la proie des flammes des médias locaux et étrangers. Ah, comme il est vrai qu’ « on ne brûle que ce que l’on a aimé… » (1)! Aujourd’hui, toutes les attentions sont mobilisées par les présidentielles prévues pour le 28 juillet prochain. Pour s’en convaincre, il suffit de lire la presse locale qui rend compte du ramdam provoqué par ce rendez-vous électoral très attendu. Sauf que, état d’urgence oblige, les campagnes électorales n’ont pas, à bien dire les choses, encore commencé mais déjà s’est engagée entre les différentes formations politiques une espèce de tauromachie électorale dont les règles ne sont pas encore définies. Dernièrement, après la formation d’une coalition du F.D.R (front uni pour la sauvegarde de la démocratie et de la république) -dont l’ADEMA PASJ est la figure de proue-, nombre de commentateurs de l’actualité se sont dépêchés de parler d’un duel « I.BK (Ibrahim Boubacar Keïta) contre tous ». Mais, c’était aller vite en besogne, car une autre coalition composé de I.B.K (il est le président du Rassemblement pour le Mali), Moussa Mara (Yèlème), Soumana Sako, Housseïni Amion Guindo, Cheick Modibo Diarra (dont la candidature n’a pas encore été validée), Yeah Samaké, Ousmane Ben Fana Traoré… est en gestation et pourrait voir le jour dans les jours à venir. Preuve que la bataille sera dure et qu’I.B.K ne sera plus le seul torero. Et que pensent les Maliens de tout cela ? Fidèles à leurs habitudes, les Maliens parlent de ces élections avec, parfois, une déception née du chaos engendré par plus de 20 ans de démocratie. Vingt ans de démocratie qui ont fait d’eux un peuple incapable de juger autrement que par le discours, les promesses, les diplômes et le visage. Un peuple qui est bien en peine de comprendre ce que signifie un programme politique et qui, dans son simplisme, n’aspire qu’à trouver de quoi se mettre sous la dent…croyant que le reste – c’est-à-dire la bonne gouvernance– n’est pas son affaire. On dira ce qu’on voudra de ces élections, mais je ne suis pas sûr que le peuple malien soit d’avis que sa tenue les arrachera de la spirale des difficultés du quotidien. Au vrai, son inquiétude réside dans le fait que le gros des candidats ont déjà fait leur preuve pour avoir été les obligés et les obligeants de l’ex-président, Amadou Toumani Touré, chassé par la mutinerie qui a abouti au coup d’État. « Il ne nous sera pas facile d’en finir pour de bon avec l’ADEMA-cratie », ironisait il y a quelques jours un ami enseignant, qui met tous les malheurs qui arrivent au Mali aujourd’hui au compte de l’ADEMA, la plus importante formation politique dont est issu Alpha Oumar Konaré, qui a dirigé le pays de 1992 à 2002. C’est également l’ADEMA PASJ qui a soutenu, en 2002, le candidat indépendantAmadou Toumani Touré, devenu président… « S’il faut organiser des élections pour que l’ADEMA revienne au pouvoir, ce n’est vraiment pas la peine ! », ajoute t-il. Bien entendu, soutenir l’idée que ces élections ne sont pas opportunes, comme le pensent nombre de Maliens, relève d’une analyse incomplète. Ce qu’il faut dire en revanche, et redire, c’est que le peuple malien n’a pas cette fois-ci droit à l’erreur dans le choix de ses dirigeants. C’est pourquoi, il lui revient d’aller, le jour du scrutin, remplir son devoir civique en votant pour un candidat.  Il ne lui sert à rien de se réfugier derrière ce constat très répandu qui est qu’au Mali comme partout ou presque, chaque parti politique est la réplique exacte du concurrent, au point de dire que ADEMA et R.P.M, c’est, comme aiment à dire les algériens, Hadj Moussa et Moussa Hadj ! Non, l’aspiration la plus partagée par tous est le changement, et les élections à venir sont une occasion à saisir pour s’engager sur le chemin. Mais, le changement n’est pas une affaire d’une, deux, ou trois années ; il a différentes phases. Pensez au Mali le 28 juillet prochain ! (1)    Akram Belkaïd, un regard calme sur l’Algérie

J’ignore si vous avez pu déceler ce qu’ont de communs, tous ces articles : juillet. Et je vous annonce que les élections législatives, au Togo sont également prévues pour ce 21 juillet. Se tiendront-elles, ou pas ? Je ne puis vous répondre. Ce qui est sûr est que tout semble conforter cette date, à Lomé. Autre chose qu’il faille souligner, c’est que le Mali, le Togo, le Cameroun, la Guinée, tous ces pays ont presque la même histoire coloniale. Suivez mon regard.

Et dire que ces nations ont déjà plus de cinquante années d’indépendance ; cinquante années au bout desquelles, de simples élections législatives sont sources d’angoisse, pour les paisibles populations.

Et pourquoi juillet, pour tous ces pays ? Pourquoi pas mai pour la Guinée, octobre pour le Togo, décembre pour le Cameroun ? Pourquoi juillet, de la même année pour ces états ?

Et si ces pays n’avaient tout simplement pas le choix ?

Je n’ai rien dit !

 


Je suis tchadien et je suis hospitalier

2003-2013, il y a de cela dix ans que les premiers réfugiés Darfouris fuyant les Janjawid arrivaient au Tchad. Dix ans qu’ils sont là et se sont intégrés dans la société tchadienne. Et ça fait exactement aujourd’hui cinq ans que je mettais les pieds pour la première fois, dans l’un de leurs camps à l’Est du Tchad. Le camp de Gaga. Je veux avoir ici une pensée pour ces hommes, ces femmes et ces enfants qui, sans leur vouloir se sont retrouvés loin de chez eux.

Que le titre ne vous trompe pas. Je ne suis pas douée en publicité, je veux juste dire ceci : le Tchad n’est pas seulement cet Etat gendarme et pyromane, comme on le taxe souvent, prêt à envoyer ses mercenaires partout semer la terreur. C’est aussi un pays hospitalier où, il fait aussi bon vivre. La preuve ce sont les nombreux réfugiés que nous accueillons depuis plus des décennies tant au Sud qu’à l’Est du Pays. Le Tchad, ce sont quand même 1 284 000 km2 pour juste 12 millions d’habitants. De la place on en a donc et on la partage avec ceux qui souffrent. Et leur intégration est une réussite car il n’y a pas assez de problème avec la population locale et certains ont même pu avoir de la terre pour faire l’agriculture dans certains villages. Je me rappelle encore comme si c’était hier de Mariam, cette réfugiée qui m’a offert en cadeau il y a cinq ans, les feuilles de manioc cueillies dans son jardin potager. Elle venait, il y a à l’époque trois ans, d’un village du Darfour. Elle était une cultivatrice. Des cas de xénophobie de la part des tchadiens ? «Non, pas du tout étant donné que ces des gens qui sont unis par l’histoire certains ethnie des réfugiés se retrouvent également ici au Tchad même si sa existe c’est des cas rares,» me confirme un ami travaillant pour le PAM à Abéché, cette ville qui sert de base aux ONG travaillant dans ces camps.

Cette entente n’empêche tout de même pas que les populations locales se demandent si ces réfugiés de guerre envisagent-ils un jour rentrer chez eux. Ces derniers estiment qu’un retour est possible. La vision de beaucoup d’ONG, chacune dans son domaine d’intervention, est de faire ce qu’elles peuvent pour ces réfugiés sauf que, les ressources se tarissent peu à peu. Et avec la proclamation à la République du Soudan du Sud, l’espoir d’un retour possible est grandissant – et d’ailleurs c’est leur souhait de parvenir un jour repartir chez eux à condition que la situation sécuritaire soit garantie. Une sécurité qui est hypothétique dans la mesure où, la fin des conflits dans cette région n’est pas pour demain.

La situation socio-économique n’est pas toujours facile car n’ayant pas des activités de grande envergure, tout de même quelques ménages se débrouillent avec l’aide des ONG pour développer les activités génératrice de revenue à petite échelle. En effet, dans les camps, il y a des marchés tenus par les réfugiés eux-mêmes. Ils y vendaient du tout jusqu’au mets soudanais. J’ai eu la chance de manger le foie grillé saupoudré de la poudre des lentilles dans le restaurant de Moussa. Ce sont donc des hommes et des femmes qui reprennent goût à la vie après avoir tout perdu. Ils ont le sourire malgré tout. Mais rien n’est gagné d’avance.

Je me souviens encore de ces petits êtres frêles qui, au détour de la ruelle poussiéreuse qui tenait lieu d’axe principal du camp, agitaient les mains tout en criant Aféeeeeee, Afé Kourna. Je revois encore, après cinq ans aujourd’hui, cette lumière au fond des yeux du petit Nouri. Son rêve d’être un jour un médecin ou un grand journaliste-reporter. Et je crois qu’au fond de moi, j’aurais bien voulu savoir ce qu’il est devenu et lui redire Afé Kourna (« salutations » dans la langue darfourie, se traduit aussi comme la paix ou le souhait du meilleur à quelqu’un).


Le Bazard made in Tchad

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Si l’exportation du pétrole booste les économies, change les vies; au Tchad, elle a détruit en dehors de l’environnement économique, l’harmonie sociale et continue de susciter un crime économique sans précédent pendant que le Gouvernement n’arrête de bazarder d’autres puits et que les couches sociales vulnérables sombrent dans la misère.

Je ne vous apprends rien hein, le Tchad devient lentement mais sûrement le nouveau Emirat d’Afrique. Et les bassins du Nigeria et de la Guinée ne seront bientôt rien je vous assure. Le président tchadien Idriss Déby Itno a procédé à l’ouverture officielle d’un nouveau champ pétrolier, à Badila, dans la région du Logone oriental, dans le sud du Tchad. Et moi devant mon poste, pardon devant mon ordinateur je suivais la cérémonie sur notre ONRTV (Office Nationale de la Radios et  la Télévision Tchadienne). J’entendais notre cher Président dire sa satisfaction: « Je suis très satisfait. Dix ans après l’ouverture de la première vanne à Komé, nous en ouvrons une deuxième, ce qui veut dire que nous avons du pétrole qui va aller sur le marché international. Ce pétrole va nous amener beaucoup de revenus, il va booster notre économie et nous aider à lutter contre la pauvreté « , ce dimanche 9 juin 2013.

Le problème tchadien c’est que cette satisfaction ne fait pas l’unanimité dans le pays. En commençant par les populations de la région productrice. Avec deux puits forés sur trois, les puits de Badila produiront 14 000 barils par jour pendant 30 ans. Ajouté aux 120 000 barils par jour de Doba qui coulent depuis 2003. Cela fait assez d’argent.  Il est vrai qu’avec cet argent des revenus pétroliers on a modernisé notre armée. On a actuellement un des meilleurs réseaux routier et de nombreux bâtiment publics. On a changé considérablement le visage de N’Djaména. Mais cette manne pétrolière n’a jamais ‘amélioré directement les conditions de vie des Tchadiens. Doba reste la troisième région la plus pauvre du Tchad. Les habitants vivent en grande partie de l’agriculture et l’élevage. « Les revenus pétroliers ont ainsi augmenté considérablement les gains des autochtones mais pour une durée courte. Les hommes se sont retrouvés subitement avec des montants plus élevés que d’habitude en main, sans système bancaire ou institution d’épargne moderne. Beaucoup investirent dans les soins sanitaires, l’habillement, certaines obligations sociales. Très peu de villageois ont fait des investitions rentables » soulignait un doctorant en Mars 2012 à l´Université de Göttingen.

Une économie instable et corrompue

Il est vrai aussi que  le Tchad a la meilleure croissance régionale en 2012 ainsi que le SMIC régional le plus élevé. Mais le grand problème est que le climat des affaires n´encourage pas les investisseurs et le gouvernement manque d’une vision de développement et on se livre à une dilapidation éhontée des deniers publics. Dans notre pays, nous sommes arrivés à un stade où l’ultime rêve de tout ceux qui ont un quelconque pouvoir est de détourner par tous les moyens de l’argent public. Le progrès je n’en vois  que très peu à part ces voiture rutilantes et coûteuses dans les ruelles poussiéreuses de la ville.  Qu’en est-il de l´arrière-pays ? Oublié… On encourage la mendicité et la corruption avec des salaires en dessous du pouvoir d’achat des fonctionnaires. Et l’école est toujours payante et extrêmement chère. Les bourses des étudiants ne sont jamais régulières. Les ouvrages réalisés ne tiennent que le temps de leurs réceptions officielles que déjà ils fissurent. L’électricité et le gaz sont un luxe au Tchad alors que le pétrole de Djermaya est sensé alimenter N’Djaména en électricité et en combustibles.

Dans ces conditions, est-il utile d’ouvrir d’autres vannes? Ne serait-il pas mieux de s’atteler à assainir d’abord la gestion des ressources générer par les puits de Doba ? En  tout cas ce qui est fait est fait. Je sais aussi que mes écrits ici n’y changeront rien. Mais je dis quand même ce que j’ai ressenti en suivant ces informations. Chers dirigeants tchadiens, gardons notre rêve de devenir l’Emirat africain jusque le temps de trouver un Emir, le vrai capable de nous construire des N’Djaména Mall, des Burj Khalifa, des lacs artificiels sur l´ensemble du territoire avec les revenus du pétrole.


Je suis tchadien et en mode grève de la faim

FAfrik

Que faire quand les mots ne suffisent plus, quand les voix ne portent qu’aux oreilles bouchées et que le flot des larmes ne brise les portes des cœurs endurcis? Que faire lorsque toutes autres actions seraient une désobéissance civile et sévèrement punies? Que reste-t-il à un homme dont on prive les siens de parole et dont on ignore les cris? Certainement le courage de s’affamer.

Qui ne voudrait pas  savoir ce qu’il est advenu des personnes arrêtées et le sort judiciaire qui leur est réservé? Le silence des Tchadiens n’est point une caution à la violation de la liberté. C´est la peur d´un régime qui a arrêté depuis longtemps d´écouter et n´hésite plus à sévir contre son peuple. Mais que faire quand les mots ne suffisent plus, quand les voix ne portent qu´aux oreilles bouchées et que le flot des larmes ne brise les portes des cœurs endurcis. L´ultime sacrifice. Les actions concrètes car la voix du Tchadien ne porte plus, les cordons vocaux se sont flétris tandis que le chant du cygne tarde.

Kaar Kaas Soon, un auteur franco-tchadien vivant en France, a entamé une grève de faim pour exiger la libération des personnes arrêtées injustement au Tchad depuis un mois.
«Je vous informe qu’à partir de demain, mardi, 4 juin 2013, j’entame une grève de la faim pour : protester contre les arrestations arbitraires d’hommes politiques et de journalistes tchadiens, suite à ce que le gouvernement a nommé « tentative de déstabilisation du pays » depuis le 1er mai dernier ; protester contre le flou de la justice tchadienne dans cette affaire ; attirer l’attention de l’opinion internationale sur ce qui se passe au Tchad dans cette affaire ; et ;obtenir la libération de ces personnes emprisonnées arbitrairement». L’annonce est brève mais ferme.

De son vrai nom Noël Flavien Kobdigué Kaar Kaas Soon, est Né au Tchad en 1973. Il est un auteur et artiste-musicien. Les  mots, leurs sens et leurs sonorités, il en connaît un rayon et en utilise depuis toujours pour dénoncer, revendiquer et porter la voix des Tchadiens avec des textes qui sont parfois, de véritables pamphlets comme sa « Berceuse pour tyran » ou « Pédo prêtre ».
Kaar Kaas Sonn inquiet du silence des tchadiens qui par peur de représailles n’osent demander des nouvelles de ces détenus, a jugé mieux d’éveiller des sensibilités en exhibant son corps en symbole de l’impuissance de ces actions précédentes dont ses nombreux écrits et chansons sur les réseaux sociaux. Lorsque tous les autres moyens deviennent vaines, que toutes les autres voies de négociation mènent à l’impasse, et que toute communication verbale est inopérante, la grève de la faim reste le recours ultime afin d’avoir gain de cause.

Il ne reste que le siège de la mairie Laval pour Kaar Kaas Soon, avec sa pancarte au cou. Combien de temps restera-t-il là? Réussira-t-il à trouver gain de cause? On ne peut le dire si tôt. Mais il aurait eu l’audace de commencer une action. Tchadien, va, prie, jeûne ou grève de faim avec lui si cela te chante. Mais laisse ta liberté naître de ton audace.


Bienvenu dans le Far-West tchadien

N´Djaména veut dire « liberté » en arabe tchadien. Il y a belle lurette, le tchadien a classé aux calendes grecques ce mot liberté qui souvent rime aussi avec sécurité. Le quotidien des Tchadiens est fait d’assassinats, de braquages, hold-up, intimidations, vols des biens et même du bétail. Exactement comme si les frères Dalton étaient tchadiens.

Image Google.com

Toute petite, j’aimais bien lire les bandes dessinées. Même en classe, en plein cours de Mathématiques, j’en avais toujours un sur mes genoux sous la table. Du Tintin au Blek le roc en passant par Zembla. Mais j’aimais bien aussi la fratrie Dalton. Je les aimais pour leur méchanceté stupide, leur imbécillité qui consiste à préparer minutieusement des attaques qui leur rapportaient des butins de rien du tout. Je ne sais pas si cette fratrie a réellement existé mais, je trouvais fascinant qu’ils soient si unis pour la défense de très mauvaises causes. En fait, c’étaient de vrais imbéciles à mon avis. Grâce à ces quatre frères, j’ai fini par comprendre que la bêtise et la méchanceté mises ensemble donnent lieu à des gags très drôles. Sauf quand l’Homme doit la vivre au quotidien. Là s’arrête le drôle pour faire place à la révolte.

Puis un jour j’ai grandi et je n’ai plus eu le temps pour fouiller dans ces livres en quête de la moindre stupidité de ces fils de Ma Dalton elle-même une grande voleuse et criminelle. Mais la nature ayant horreur du vide m’a comblé en me laissant grandir dans un pays où, j’ai eu la chance de voir tous les jours des frères Dalton en réels. Oui, bienvenue dans le Far-West tchadien : ici on braque les fourgons des payeurs en pleins jours, on braque les individus qui viennent faire des retraits de Western-Union, on gifle et crache sur les diplomates sans s’inquiéter. Même devant le siège de leurs représentations. On tire à bout portant sur l’Homme, on descend dans un commissariat se rendre justice soi-même car le sang doit se laver dans le sang.

L’autre similitude avec les Dalton c’est qu’au Tchad, nous avons aussi des Ma Dalton plus redoutables que leurs progénitures et des Pa Dalton, eux-mêmes grands braqueurs, détourneurs des fonds et biens publics. Ils sont près à tous pour que leurs criminels de fils échappent à la justice si non ils les aident à sortir du pénitencier pour revenir parfois se venger. Mais la ressemblance ne s´arrête que là car, au Tchad, on n’a pas de Lucky Luke qui puisse pourchasser, arrêter, menotter et mettre sous les verrous pour toujours ces frères Daltons des temps modernes.

Un fait récent, quatre  hommes armés se sont emparés de la paie des enseignants ce 30 mai 2013 en pleine capitale d’une République. Les quatre hommes armés ont suivi le payeur du ministère de l’Education M. Adam A. jusqu’à l’école du centre de N’Djamena, avant de le menacer pour s’emparer de la somme de 355 millions de francs CFA, représentant le salaire des fonctionnaires de l’éducation. Seulement, je n’arrive pas à comprendre. On suit le payeur jusqu’au lieu du payement au vu et au suit de toute une ville et on enlève aux enseignants leur paie sous leurs nez. Pourtant on a un Groupement Mobile d´Intervention de la Police (GMIP) qui est partout là où, on l’attend le moins. Une histoire digne d’un film de Far-Western sauf qu´il s’agit bel et bien de mon pays et d’une scène qui n’est pas la toute première. Il y a presqu’un an, on braquait un payeur et cela se solda par la mort de trois ou quatre hommes. Dans la même année, on arrachait à mon voisin de quartier son mandat que son fils vivant en Europe lui avait envoyé. Juste à la sortie de Western-Union.

Je ne me mettrai pas à vous citer tous les cas ici ; c’est le quotidien du Tchadien. On braque, on assassine comme on respire, facilement sans la moindre gêne. C’est dire que désormais chaque tchadien doit veiller personnellement à sa sécurité, à ses biens car l’Etat semble avoir démissionné de ses fonctions. Sacré pays qu’est le mien.


Homo ou pas, tu resteras mon meilleur ami

Photo credit Flickr.com
Photo credit Flickr.com

Qu´on les appelle pédé, efféminés ou chomoroka, tous cela revient au même. Des hommes qui ne se laissent allumer que par les autres hommes. L´homosexualité qui soulève les passions, réveille les démons dormants, crée des lois et déterre les haches de guerres. Ce mot qui fâche, qui énerve, soude et divise l´Afrique et sa jeunesse. Eh bien parlons-en. Moi je dis, chez nous en Afrique aussi il y´avait depuis très longtemps les homos.

Ma première rencontre avec un, c´était il y´a onze ans aujourd´hui, dans un taxi. Il avait demandé ou se trouvait le quartier Kabalaye (sorte rue princesse ndjaménoise). Personne ne répondit à sa question. Même le taximan parce qu´à un homo on ne parle pas mais on prend son argent. Je reçu bien sûr quelques coup d´œil dédaigneux pour lui avoir donné l´information. Mais ce n´était pas grave. Chacun était libre de parler à qui il veut. C´est aussi bien cela le respect de la personne humaine.

Et puis les homosexuels, J´en connaît qui ont toujours été la bienvenue chez moi-même si je sens leur réticence à s´ouvrir à moi. Je suis chrétienne-protestante, tchadienne. Cela suffit pour appeler la prudence que Franck a toujours en ma présence. Pourtant je le connais depuis 6 ans. Il fut comme mon chef. Mais imaginez sa gêne devant moi. Parce qu´il est homosexuel. Et parce qu´il pense qu´il n´est pas le bienvenu dans une famille comme la mienne. Avec Franck, on parle de tout et de rien sauf quand je glisse vers ses orientations sexuelles. Le silence gênant s´installe, s´il ne me gratifie pas d´un haussement de sourcils pour toute réponse. Quel monde ! Comment lui faire comprendre que chez moi au Tchad aussi, il y´a des homos? Kabalaye ce quartier où, je trempais pour la première fois dans leur monde. Presque transsexuels, M louait avec ses amies une chambre et visitait le même salon que moi. Il venait y tenir compagnie à ses copines, les filles du quartier avec qui, il ou elle, évoque ses dernières conquêtes, son dernier arsenal de séduction, la meilleure crème qui peut blanchir en trois jours, …. Et moi bouche bée, je sortis pour la première fois ma tête du casque sous lequel j´étais, pour voir cet homme qui mimait la voix féminine, claquait dans ses mains, sur lesquels les traces de décapages sont visibles, pour accompagner ses propos. Le khôl qui ornait ses yeux, cette dent en or et ce petit brillant collé sur une des incisives de sa mâchoire supérieure. Je compris que je venais de rencontrer un chomoroka. Autrement un homosexuel. Je finis par m´habituer à sa voix, ces déhanchements qui classaient de loin la mienne, sa peau blanchit. Bref, sa présence devint normal pour moi que je me surpris un jour à le demander lorsque, je remarquais son absence.

Chez nous aussi il y´a des Homos!

La question qui suscite encore de vives discussions sur Facebook et continu de faire le tour de medias sociaux est, sommes-nous africains des homos ? En d´autre termes, l´homosexualité est-elle une réalité africaine ? Je viens de le dire, j´ai rencontré des africains homosexuels ayant des amis homos même s´ils, vivent d´une façon discrète dans nos sociétés, ils sont tolérés aussi longtemps qu´ils n´entre pas dans l´intimité des hétérosexuels. La nouveauté serait l´adoption d´une loi pour les protéger. L´hypermédiatisation et cette tendance à vouloir les imposer aux autres serait ici la vraie homophobie. On a toujours eu des homos en Afrique et croyez-moi, ils ne pas partout menacés. Après tout, chaque homme est libre d´aimer qui il veut. Mais nul n´a le droit d´imposer ses goûts au autres. Si non, ce serait la dictature des lobbys homosexuels contre les hétérosexuels. Et ce lobbys, les africains craignent qu´ils leurs imposent le mariage pour tous comme conditions de l´aide au développement.

Il y´a une semaine je parlais à un ami virtuel qui demandait mon avis sur le mariage pour tous. Je lui répondis que sa question m´énerve un peu.

Lui : hein! t’aime pas les homos? Je répondis, je n´ai pas de problème. Ils sont les biens venus à ma table aussi longtemps qu´ils ne touchent pas mon intimité. Mais je suis contre le droit d´adoption qu´ils revendiquent. Je les respecte comme personne humaine mais pas au point de les laisser adopter mon enfant car, pour qu´un enfant naissent, il faut un père et une mère. Le reste n´est que vouloir aller contre la nature.

Lui : Oui, je vois. Je suis homo moi

Tu resteras toujours un bon ami dis-je dans un grand éclat de rire. Qu´il m´ait cru ou non, c´est ma vérité. Un Homme reste un Homme est doit être respecté et aimé. Egal qu´il soit Gay, lesbienne ou transsexuel. Et si certains pensent qu´ils sont des brebis égarés, eh bien il faut les reprendre avec amour. Car la guillotine n´est pas la justice du juste.