Homo ou pas, tu resteras mon meilleur ami

Article : Homo ou pas, tu resteras mon meilleur ami
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18 mai 2013

Homo ou pas, tu resteras mon meilleur ami

Photo credit Flickr.com
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Qu´on les appelle pédé, efféminés ou chomoroka, tous cela revient au même. Des hommes qui ne se laissent allumer que par les autres hommes. L´homosexualité qui soulève les passions, réveille les démons dormants, crée des lois et déterre les haches de guerres. Ce mot qui fâche, qui énerve, soude et divise l´Afrique et sa jeunesse. Eh bien parlons-en. Moi je dis, chez nous en Afrique aussi il y´avait depuis très longtemps les homos.

Ma première rencontre avec un, c´était il y´a onze ans aujourd´hui, dans un taxi. Il avait demandé ou se trouvait le quartier Kabalaye (sorte rue princesse ndjaménoise). Personne ne répondit à sa question. Même le taximan parce qu´à un homo on ne parle pas mais on prend son argent. Je reçu bien sûr quelques coup d´œil dédaigneux pour lui avoir donné l´information. Mais ce n´était pas grave. Chacun était libre de parler à qui il veut. C´est aussi bien cela le respect de la personne humaine.

Et puis les homosexuels, J´en connaît qui ont toujours été la bienvenue chez moi-même si je sens leur réticence à s´ouvrir à moi. Je suis chrétienne-protestante, tchadienne. Cela suffit pour appeler la prudence que Franck a toujours en ma présence. Pourtant je le connais depuis 6 ans. Il fut comme mon chef. Mais imaginez sa gêne devant moi. Parce qu´il est homosexuel. Et parce qu´il pense qu´il n´est pas le bienvenu dans une famille comme la mienne. Avec Franck, on parle de tout et de rien sauf quand je glisse vers ses orientations sexuelles. Le silence gênant s´installe, s´il ne me gratifie pas d´un haussement de sourcils pour toute réponse. Quel monde ! Comment lui faire comprendre que chez moi au Tchad aussi, il y´a des homos? Kabalaye ce quartier où, je trempais pour la première fois dans leur monde. Presque transsexuels, M louait avec ses amies une chambre et visitait le même salon que moi. Il venait y tenir compagnie à ses copines, les filles du quartier avec qui, il ou elle, évoque ses dernières conquêtes, son dernier arsenal de séduction, la meilleure crème qui peut blanchir en trois jours, …. Et moi bouche bée, je sortis pour la première fois ma tête du casque sous lequel j´étais, pour voir cet homme qui mimait la voix féminine, claquait dans ses mains, sur lesquels les traces de décapages sont visibles, pour accompagner ses propos. Le khôl qui ornait ses yeux, cette dent en or et ce petit brillant collé sur une des incisives de sa mâchoire supérieure. Je compris que je venais de rencontrer un chomoroka. Autrement un homosexuel. Je finis par m´habituer à sa voix, ces déhanchements qui classaient de loin la mienne, sa peau blanchit. Bref, sa présence devint normal pour moi que je me surpris un jour à le demander lorsque, je remarquais son absence.

Chez nous aussi il y´a des Homos!

La question qui suscite encore de vives discussions sur Facebook et continu de faire le tour de medias sociaux est, sommes-nous africains des homos ? En d´autre termes, l´homosexualité est-elle une réalité africaine ? Je viens de le dire, j´ai rencontré des africains homosexuels ayant des amis homos même s´ils, vivent d´une façon discrète dans nos sociétés, ils sont tolérés aussi longtemps qu´ils n´entre pas dans l´intimité des hétérosexuels. La nouveauté serait l´adoption d´une loi pour les protéger. L´hypermédiatisation et cette tendance à vouloir les imposer aux autres serait ici la vraie homophobie. On a toujours eu des homos en Afrique et croyez-moi, ils ne pas partout menacés. Après tout, chaque homme est libre d´aimer qui il veut. Mais nul n´a le droit d´imposer ses goûts au autres. Si non, ce serait la dictature des lobbys homosexuels contre les hétérosexuels. Et ce lobbys, les africains craignent qu´ils leurs imposent le mariage pour tous comme conditions de l´aide au développement.

Il y´a une semaine je parlais à un ami virtuel qui demandait mon avis sur le mariage pour tous. Je lui répondis que sa question m´énerve un peu.

Lui : hein! t’aime pas les homos? Je répondis, je n´ai pas de problème. Ils sont les biens venus à ma table aussi longtemps qu´ils ne touchent pas mon intimité. Mais je suis contre le droit d´adoption qu´ils revendiquent. Je les respecte comme personne humaine mais pas au point de les laisser adopter mon enfant car, pour qu´un enfant naissent, il faut un père et une mère. Le reste n´est que vouloir aller contre la nature.

Lui : Oui, je vois. Je suis homo moi

Tu resteras toujours un bon ami dis-je dans un grand éclat de rire. Qu´il m´ait cru ou non, c´est ma vérité. Un Homme reste un Homme est doit être respecté et aimé. Egal qu´il soit Gay, lesbienne ou transsexuel. Et si certains pensent qu´ils sont des brebis égarés, eh bien il faut les reprendre avec amour. Car la guillotine n´est pas la justice du juste.

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Commentaires

chrissfreevoice
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Bjr,
Je t'invite à lire mon dernier article où je dis ce que je pense sur le sujet (et bien d'autres): https://chrissfreevoice.wordpress.com/2013/05/29/vieux-con/
Bon we.
Chriss

Réndodjo Em-A Moundona
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Salut Chriss,
il faut avouer que j´ai trouve fascinant la manière dont tu as évoqué le problème. Seulement, je n´arrive toujours pas à laisser un comment sur ton blog et je ne sais comment faire mais j´insisterai.

Abdoulaye Bah
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Je respecte votre hésitation sur l'IVG. Cependant, je voudrais attirer votre attention sur le fait que toute interdiction dans le domaine de la sexualité humaine n'a jamais donné les résultats escomptés.

Exemple, au sud des USA ou dans l'Afrique du sud de l'apartheid, les relations entre personnes de races différentes pouvaient etre punies par des peines pouvant atteindre la peine de mort. Malgré cela les métis représentent près du 10ème de la population. Pourtant, il y avait la possibilité de l'IVG!!!

En interdisant l'IVG, cela ne va pas faire disparaitre cette pratique. Elle aura sans aucun doute le recours pour ceux qui en ont les moyens à faire des voyages dans les pays où elle est autorisée. Les plus défavorisées devront recourir à des pratiques cachées comme dans les années '60 en Italie par exemple. S'il y avait un référendum sur le sujet, en votant contre son introduction, on expose d'autres femmes que soi aux dangers que la pratique clandestine implique, sans pour autant sauver les futurs bébés.

Abdoulaye Bah
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En Italie, où je vis normalement, je milite au sein du Parti radical, qui est à l'avant-garde dans le combat pour les droits. Notre parti est à l'origine de la création du Tribunal pénal international, du moratoire contre la peine de mort, de l'interdiction des mutilations génitales féminines et de la lutte contre la faim dans le monde.

Au niveau italien, nous avons été à l'origine des lois sur le divorce, l'IVG, pour les recherches sur les cellules staminales etc.

J'ai écrit ou traduit plusieurs articles sur les droits humains en général et des LGBT en particulier.

Enfin. pour un peu sourire, la femme, une italienne, que j'ai épousée et avec qui je suis depuis 45 ans (un an de fiançailles et 44 de mariage) a été la première fois à faire le pas vers moi, en m'invitant à danser car elle pensait que j'étais gay;).

Réndodjo Em-A Moundona
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Waouwwww, original comme rencontre. Au moins elle n'est pas déçu en réalisant que vous n'êtes pas gay. Il faut avouer que j'apprécie votre travail même si mon point de vue sur L'IVG est relatif.

Abdoulaye Bah
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Bravo, une belle manière de célébrer la Journée des LGBT, qui tombait le 17 mai. Cela me fait plaisir de lire ou rencontrer des africains et africaines qui militent pour les droits des LGBT parce que dans de nombreux pays de notre continent, la pensée unique est de les combattre voire les condamner à la prison ou à mort.

Réndodjo Em-A Moundona
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Salut et bienvenu dans mon monde M. Bah. Je ne sais pas s´il faut parler de militantisme ici mais bon, c´est mon point de vue de la chose. Je n´aime pas l´homosexualité mais je n´irais pas dire qu´elle est seulement une réalité d´outre-mer. Elle n´a pas de couleur. Elle n´a pas de région ni de religion. Ce que je n´accepte pas, ce sont les préjugés qui étouffe le débat.