Eh bien, les chiens peuvent mordre: quand le pouvoir tchadien comprend enfin
« Sous un bon gouvernement, la pauvreté est une honte ; sous un mauvais gouvernement, la richesse est aussi une honte. »
Confucius – 551-479 av. JC – Livre des sentences
Je dois mon Mea Culpa avant tout mot. Il y´avait un temps, je croyais qu´il y´aurait pas un homme en mesure de tenir les rênes du pouvoir tchadien à l´heure actuelle. Les opposants toute tendance confondue nous ont déçu. L´actualité sociale du Tchad depuis les deux derniers mois m´amènent à revenir sur mes pensées. À présent, je dirais mieux vaut un ange qu´on ne connaît pas que le diable que nous connaissons depuis un quart de siècle. Le peuple tchadien n´a pas de longues fourchettes. Il ne peut donc dîner longtemps avec le diable.
Hier mardi 11 novembre 2014, des élèves, d´une façon spontanée ont envahi certaines rues de la capitale, les points chauds sont le lycée de la liberté, lycée de la paix, Lycée Felix Eboué et la Haute Ecole de Communication et de Commerce pour témoigner leur soutien aux enseignants du public qui, sont en grève pour le retard dans le versement des salaires, la cherté de la vie et le manque de carburant. La police a tiré à balles réelles sur les manifestants faisant 2 morts et des blessés graves. Ce chiffre, je doute qu´il soit réel. On nous cache les vrais décomptes.
Dans la ville de Sarh, ce fut un concert de casseroles lancé par des femmes pour crier leur ras-le-bol en ce qui concerne la pénurie de carburant. Fonctionnaires, enseignants, élèves et étudiants leur ont emboîté le pas. Il se trouve que le litre d’essence avoisine les 5 000 Frs CFA soit 7 Euro, la journée du mercredi devrait être une journée sans engins avec une grande manifestation. Jusqu´au moment où, on publie ce billet, le pays reste injoignable et certaines sources parlent d´un calme revenu dans la capitale. Nul ne sait les résolutions qui seront prises à l´issue de la rencontre de la délégation gouvernementale et les leaders de la manifestation.
Il faut dire que ce silence inquiète lorsqu´on connaît l´art de gouvernance des autorités tchadiennes. Il faut signaler que cette manifestation bien qu´ayant aucune revendication politique, signale le ras-le-bol d´un peuple longtemps martyrisé par ses dirigeants qui, enfermés dans le luxe insolent de leurs demeures feignent d´ignorer la paralysie sociale jusqu´à cette grogne sociale d´hier. Ils ont toujours nier la déchéance du pouvoir d´achat du tchadien moyen, ils ont fermé les oreilles aux soupirs de ces travailleurs qui ne peuvent plus vivre de la sueur de leurs fronts. Ils ont affiché leurs mépris quand les étudiants enchaînent année blanche sur année blanche. Ils ont sans explication refusé de verser les bourses des étudiants quand leurs femmes faisaient leurs shoppings dans les grandes capitales de la mode avec les impôts des Tchadiens. Ils traitaient le peuple de chien aboyant la caravane qui passe. Aujourd´hui, la peur, le mépris et la force de persuasion semble avoir changer de camps. Je dirais que le chien a montré qu´il peut mordre les chameaux et arrêter ainsi la caravane.
Pour une fois où, ce régime semble faire profil bas, on ne peut qu´approuver même si on semble ne pas trop croire en la bonne volonté des autorités de N´Djaména. Il aurait compris hier que chaque droit non livré mérite et produit une insurrection collective. Chacuns de ces manques (carburants, salaire, eau, électricité, éducation) est une petite graine de prise de conscience qu´on inculque aux Tchadiens car aucun peuple fut ce ignorant de ces droits ne resterait longtemps étroit d´esprit. Toutes ces souffrances finissent par pousser l´esclave à la révolte.
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