Ladies Night: pourquoi je n´y suis pas allée cette année

8 mars 2014

Ladies Night: pourquoi je n´y suis pas allée cette année

Ici en Allemagne, on connait 8 mars mais on ne la fête pas.  Ici, sauf les boutiques en font leur fond de commerce. Elles célèbrent la femme tous les 7 mars par une soirée shopping : le Karstadt un grand magasin de mode envoie donc à ses clientes abonnées une invitation avec un bon de réduction de 10% sur toutes marchandises. Cette célébration est dénommée Ladies Night. Depuis trois ans j´y allais chaque 7 Mars. Cette année j´ai refusé de me présenter. La raison elle est simple : toutes les cinq minutes, une femme est victime de viol en Europe d´où l´Allemagne, mon pays d´accueil aussi. Que cela soit dans le confort d´un foyer conjugal, sous la houlette d´un père ou d´un proche ou tout simplement victime de la barbarie d´un homme dont rien ne les lie. Leurs crimes le fait d´être une femme.

Du viol aux salaires inégaux pour un même travail, la femme allemande n´est pas non plus sortie de l´auberge de la discrimination. Aussi je me suis demandé pourquoi une journée comme le 08 Mars est simplement ignorée ici? Pourquoi aller faire du Shopping alors que je me serais réjouie d´une invitation à une conférence ou quelque chose du genre sur la condition de la femme. Même s´il est vrai que la femme européenne dispose aujourd´hui d´assez de droit qui la protège, il existe encore bien nombre d´entre elles qui souffre dans le silence de leurs appartements. Pourquoi n´en parle-t-on pas? Juste un peu de lumière pour celle qui comme ma condisciple Helga*, est battue pour un oui pour un non par son concubin pour être mise au final à la porte avec  un petit garçon de deux ans.

Il y´a des fois où, on peut aussi bien désiré avoir les forces d´une Catwoman. Des fois comme cette nuit où, notre voisin d´en dessous à attendu en pleine nuit pour frapper sur sa femme dans tous les sens. Personne n´a osé sortir de son appartement pour vois ce qui se passe. Réveillée par les cris, l´histoire me fut donc racontée par un autre voisin noctambule qui par hasard déboulé sur la bastonnade. Oui, des histoires de femmes battues, vitriolées, tuées sont aussi légions ici et passées sous silence. Comment donc aller m´éclater si je risque à mon retour de croiser dans mes escaliers une femme couverte de bleu? Je ne peux être indifférente lorsqu´on peut parler.

L´indifférence voilà ce qui tue la femme. Et j´ai décidé de ne plus être indifférente cette année, faire une virée shopping jusqu’à minuit, boire de la champagne en compagnie des VIP qui seront invités.  Parce que je côtoie ces femmes victimes tous les jours et ma pensée s´en va à elles en cette semaine et d´ailleurs tous les jours. Alors en lieu et place de bonne fête, je dirais à elles bon courage. Elles en ont besoin pour le long chemin qu´est la lutte contre les violences faites à elles. Oui, il est temps qu´elles sortent de l´ombre.

* le nom est changé pour préserver l´anonymat.

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