La belle-mère et ses cadeaux

Article : La belle-mère et ses cadeaux
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30 janvier 2013

La belle-mère et ses cadeaux

Ph Rendodjo
Ph Rendodjo

Les cadeaux ont toujours contribué à sceller toute union de quelle nature soit-elle. Ils ont été un gage d’engagement, de loyauté ou juste l´expression d´une amitié même dans une belle famille. Hélas, certaines tendances et natures de cadeaux peuvent bien jeter le discrédit sur les motifs réels de ce qui doit être un don au point d´en dénuder du sens.

«Tenez les filles, regardez –moi la liste des cadeaux. Est-ce suffisant tout ce qui s´y trouve? Manque-t-il quelque chose ? Que dois-je ajouter ? Encore un lit peut être ? Faut- il cet ensemble de couverture pour le lit ? Je suis désemparée». « Hum, je me dis que, c´est d´ailleurs beaucoup de cadeau pour une belle-mère. Pourquoi dois-tu offrir un lit ? Un cadeau est un cadeau même si c´est une bouteille de parfum». Ces genres de conversations sont légion de nos jours entre une future mariée et ses demoiselles d´honneur. Depuis un certain temps, une nouvelle coutume est apparue à N´Djaména : la nouvelle mariée doit offrir des cadeaux à sa belle-mère. Tout ceci est jusque-là normal. Sauf que, la liste ne cesse d’être exhaustive depuis au grand dam des jeunes mariés dont, une fois les festivités finies, doivent faire face aux temps durs.

En effet, tout ceci a dépassé le simple fait d’un cadeau de bienvenue pour faire place à une séance de démonstration des capacités financières de la future belle-fille. Tantôt ce sont les belles-mères qui exigent telle ou telle chose parce qu’une telle aurait aussi reçu pareille. Tantôt c’est la famille de la jeune mariée qui cherche à prouver que leur fille vient d’une maison nantie. Ici commence alors la valse des meubles : soit on offre une armoire à linge, soit un lit ou une commode de grand prix. Quand le « m’as-tu vu » ne force pas à refaire la chambre à la belle-mère. Mais à quel prix ? Et aux frais d’un jeune couple dont le grand désir serait de réaliser des projets communs.

Le hic dans cette affaire est que certaines belles-mères sont si insatiables et difficiles à combler. Elles revendiquent plus qu’il ne faut si elles ne succombent pas à la tentation de comparer leurs cadeaux à ceux qu’une de leurs copines une telle a reçu de sa belle-fille une telle. Au risque parfois d’engendrer dès les premiers jours de la cohabitation un conflit qui, s’il n’embrasse pas le fragile couple qui vient à peine de se constituer, devient une pierre d´achoppement pour le jeune foyer.

Indice de loyauté

D’origine maghrébine, cette tradition de cadeaux à la belle-mère la nuit des noces consistait juste à offrir de petits présents en signe en guise de salutations, un manifeste de son entrée dans la famille, le désir d’une acceptation réciproque comme fille et mère. En fait c’est juste un cadeau de bienvenu à la belle famille. On n’est pas tenu de donner de choses d’une grande valeur. Il s’agit le plus souvent de produits de beauté tels que parfums, savons, des palettes de maquillage ou de foulard, du tissu, des couvertures, des couettes, un ensemble de draps pour le lit, des nappes de tables, des rideaux. On peut aussi offrir si on le veut, des parfums à ses belles-sœurs. Cette pratique est considérée comme un indice de loyauté envers la belle-famille, un désir de cohabitation pacifique.

On peut dès lors bien se demander, si ces importateurs de nouvelles cultures savent cela ou bien ont-ils voulu l’agrémenter à leur sauce ? Loin de faire des choux gras sur le dos des adeptes de nouvelles tendances, il est judicieux d’emprunter des cultures d’ailleurs. Mais tâchons aussi de garder leurs concepts, leurs biens fondés afin de valoriser effectivement la signification dont elles se revêtent.

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Commentaires

Madigbè KABA
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Bien écrit, Réndodjo. J'aime particulièrement les deux dernières phrases de ton article.

Réndodjo Em-A Moundona
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Merci Madigbè Kaba. Et bienvenu dans mon monde. Toute culture est bonne et agréable lorsqu´on la débarasse de ses aspects morts.

KABA Madigbè
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Oui cela, je vous l'accorde.