Je vous dirais que je viens du Tchad, ce pays situé au cœur de l´Afrique sur les sables chauds et brûlants du Sahara et à la lisière de la forêt équatoriale. C´est dans cette contrée enclavée que je vis le jour, une nuit de 05 septembre 19 … Hum l´âge est un sujet sensible alors excusez mon silence là-dessus. Mon pays a connu des guerres, des rébellions, des conflits ethniques et une dictature sous laquelle je suis née. D´ailleurs c´est la raison pour laquelle je suis née au village, je n´ai pas eu un berceau comme mes autres sœurs.
Ma famille regagna la capitale où mon père s´y trouvait dans les années 1986. Je fuis envoyée à la maternelle un an après. En 1990, j´avais huit ans quand le vent de la démocratie souffla sur le pays : fini les demi-salaires, l´effort de guerre, les salaires de papa et maman seraient désormais versés totalement. C´était sans compter les retards dans le versement, les grèves et l´enrichissement illicite des nouveaux parvenus et autres maîtres de la ville. Surviennent les mécontentements dus à l´inégalité et l´injustice sociale.
C´est dans ce climat que je fis mon cursus primaire, secondaire, universitaire et signais mon premier contrat de journaliste, sous le règne du démocrate. Et ce règne continu encore 23 ans aujourd´hui. Voilà notre démocratie au Tchad. Du desk politique au desk environnement, j´ai dû écouter le discours de beaucoup de personnalités politiques dont un certain sénateur de l´Illinois de retour du Darfour un après-midi d´Avril 2006. Il s´appelle Barack Obama. Il revenait du Darfour, il était ému et promettait une solution à la crise darfourie. Depuis il est à son deuxième mandat présidentiel et le Darfour est toujours en crise.
Il faut avouer que 2006 était mon année. J´ai couvert le sommet de la CEMAC à N´Djaména : j´ai pu voir les extravagances du Roi des rois d´Afrique (paix à son âme), expérimenter la générosité du guide Mouammar et la virulence du révolutionnaire Kadhafi qu´il a été. Jamais un homme n´a été ainsi contrarié et contesté sous le soleil.
Puis un jour je suis partie. J´ai déposé ma démission, j´ai vider mes casiers et tiroirs, j´ai quitté le journal le cœur serré. Mais au fond contente d´une nouvelle vie qui s´ouvrait à moi. Je suis partie avec une assurance que je reviendrai de sitôt. Je me suis retrouvée de l´autre côté de la mer. Mon voyage d´un an s´est mué en deux, puis trois, puis quatre ans. Et me voici outre-manche. Dans ces pays où les hivers sont blancs gris, sombres. Ces pays où, le chante des oiseaux annonce le printemps qui, amène avec lui la vie, la nature verdoyante avec ses mille bourgeons de fleurs, l´odeur flâneuse de la terre humide qui se mêle à celles des tulipes, des lilas et des roses.
Le Tchad de l´Afrique et l´Allemagne de l´Europe sont désormais mes deux mondes. Je ballote entre eux, bercée au rythme de leurs préjugés réciproques. Je suis d´ici et de là-bas. Maintenant vous me connaissez assez. Sinon, dites-moi ce que vous voulez savoir.
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