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Code vitrine

Désert du Sahara
Désert du Sahara

Je crois que ce serait un bon nom de film digne des mafias calabraises, dont j´entends parler. Ceci n´est malheureusement pas un nom de film ou disons un film en live qui se tourne au bord du fleuve Chari. Depuis 1994, on a des mandats présidentiels avec des slogans et des plans d´action spécifiques. On aurait tout vu, mais rien dit si on ne nous avait pas imposé des palmiers en plastique. Ce fut l´erreur à ne pas commettre, l´injure inacceptable pour les Sahéliens que nous sommes.

Qu´importe, tous les moyens sont bons pourvu qu´ils soient efficaces pour détourner sans que la conscience ne soit interpellée. L´un des surveillants de cette lumineuse idée justifie le choix du plastique par les substances chimiques des bitumes et la chaleur qui font périr les jeunes pousses naturelles. Si la chaleur empêchait le palmier de pousser, il n´y aurait pas d´oasis dans le Sahara et ce n´est pas un nomade qui me contredirait. Si le bitume est un frein à la pousse d´un palmier, l´avenue da Liberdade ne ferait pas la beauté et l´emblème du tourisme portugais.

j´ai constaté que les dirigeants ont des conseillers qui ne font vraiment pas leur travail. En fait c´est mon impression. Peut-on expliquer que la ville d´un pays sahélien soit décoré de palmiers en plastique après avoir coupé des arbres, les vrais? C´était d´une laideur un palmier plastique sur une route d´une ville à l´orée du Sahara et dans un pays producteur de dattes. On dit Mabrouk que l´erreur est vite réglée, mais que nous attend au prochain projet avec comme code faire de Ndjamena la vitrine de l´Afrique?

 

 


Parce qu´elles sont des femmes

Femmes

Elles sont ombres d´elles même. Creuses au dedans, radieuses au dehors pour paraître. Parce qu´on leur exige. Parce qu´on leur dit c´est la bravoure. Elles sont jeunes, elles sont âgées. Ce sont les femmes de toutes confessions confondues. Ici, la classe sociale ne joue pas. La société leur confère le même statut: celui de femme. Nous sommes au cœur des interactions conjugales avec un être qui en pâtit le plus; la femme. Plus de la moitié des femmes tchadiennes subissent en silence la violence conjugale sous toute ses formes. Ici le témoignages de quelques unes.

Francine dit: «il arrive tous les soirs soûle après avoir passé ses journées au bar avec ses amis. Il sentait l´alcool et la cigarette. Je ne pouvais pas supporter ces effluves. Il me forçait et me violentait. Un jour, n´en pouvant, j´ai osé lui dire que j´ai une allergie aux odeurs d´alcool. Ce soir là, il a abusé de moi avant de me battre comme on battait le mil ou le riz jusqu´au sang. Les voisins las de nos disputes quasi quotidiennes n´ont pas voulu nous séparer. Ils ont préférés ignorer mes cris. D´ailleurs ils accusent ma famille d´être complice si jamais un jour cet homme tuait. Mes tantes et oncles me ramenaient chaque fois que je fuguais du foyer; à cause des enfants disaient-ils.»

Minda fut affamée par son conjoint comme correction: «ces jours où, on se dit si ce n´était pas ces enfants qu´on a, on serait partie. J´ai eu ces moments de pensées. Vivre avec une personne qui t´ignore, ne t´adresse pas la parole et te prive de la nourriture alors que tu portes et allaites son fils. N´est-ce pas là la grande sorte des violences qu´on puisse faire à un humain comme soi?»

Sara témoigne de la violence morale qu´elle vivait : «tous les soirs, mon mari me battait si je ne le satisfaisais pas. Ceci signifie aussitôt que le lendemain, je ne recevrais pas la ration alimentaire pour moi et mes deux enfants. J´allaitais pourtant un enfant de quatre mois, le troisième, après cinq ans de mariage».

Falmata montre les traces de sévices corporels : «voyez-vous ma figure? Voyez ces cicatrices sur mon corps? Ce sont les traces de coups. Pour un oui, pour un non, mon mari me battait. Enfin, il frappait sur mon corps avec sa ceinture militaire. J´ai essayé déjà de le quitter mais ma famille me ramène car nous avons fait un mariage de famille. À cause de lui, on m´a arraché des bancs de l´école. Ma tante me disait qu´ il avait un salaire et qu´il s´occuperait bien de nous: moi et nos enfants. Aujourd´hui, ce sont les femmes de la rue qui mangent ces sous. Je subis sa colère quand il n´a plus rien et que les pleurs des enfants affamés l´irritent.»

« Lorsqu’on est femme salariée vivant avec un homme au chômage ou gagna moins que soi, c´est de la mer à boire. Monsieur est d´abord complexé par son improductivité que le moindre mot est interprété autrement. Il comprend toute de suite que c´est son rôle de chef de la famille et qui est mis en doute. Entre défendre sa position sociale et le manque d´arguments convaincants, il fait recours à sa force» confie une assistante sociale.

Des voix d´un monde où, on avilit au nom d´une dignité qui au fond n´existe que dans les mots.

NB: les prénoms sont un emprunt pour préserver l´anonymat.