Réndodjo Em-A Moundona

Ces hommes qui crient ne sont pas des ours

Gravat de William Blake que il·lustra "Un negre penjat d'una forca per les costelles" del capità John Gabriel Stedman a:Narrative of a Five Years Expedition Against the Revolted Negroes of Surinam, 1792.
Gravat de William Blake que il·lustra « Un negre penjat d’una forca per les costelles » del capità John Gabriel Stedman a:Narrative of a Five Years Expedition Against the Revolted Negroes of Surinam, 1792.

Chère Communauté Internationale,

Chers Représentants des institutions internationales,

À tous les partenaires du Tchad,

voici une lettre qui ne saurait être administrative. Elle enfreint les règles de courtoisie car elle s´écrie de mains essuyant encore les larmes qui coulent pour ces jeunes tombés partout au Tchad la semaine passée.

En effet, il y´a des situations qu´on ne saurait expliquer d´un trait et avec des mots exacts. Cette lettre est une manière d´attirer l´attention, votre attention sur l´actuelle crise socio-politique tchadienne. Ceci est une lettre pour dénoncer le mutisme complice des uns et des autres. On ne saurait cautionner un État-tyran qui assoiffe, affame et opprime son peuple. Il n´y a jamais un gouvernement sans gouvernés. Idriss Deby Itno et son peuple ignore cela peut être mais, vous, en tant qu´institutions défendant la démocratie et les libertés, vous êtes sans ignorer que l´éducation, l´eau, le pain sont les droits les plus élémentaires dont un homme puisse encore disposer quelqu´en soit son statut.

Tout un peuple revendique juste un peu de dignité et sa part aux ressources tchadiennes confisquées. Au cri de ce peuple on oppose l´argument de la stabilité régionale pour protéger un régime assassin qui ne cesse de réprimer toute revendication dans le sang ce fut le cas ces 11 et 17 novembre 2014. Oui, le président tchadien est aujourd´hui votre partenaire comme garant de la stabilité sous-régionale. On ne le refuse pas. Mais que servirait cette stabilité à un peuple tchadien affamé ne disposant pas de lui-même? Quelle importance si on n´a pas d´eau potable à boire, si les besoins élémentaires ne sont pas satisfait? Quelle stabilité si on refuse à un Homme son droit au savoir, à la quête d´un lendemain fructueux? L´éducation est devenue trop chère et se soigner et une chimère.

Peut-on parler de la paix le ventre creux lorsqu´on sait qu´en face de soi, l´autre n´a que le mépris? Vous vous demandez certainement ou est le mépris; eh bien il est dans ces grosses cylindrés qui sillonnent le pays, dans ces voitures V8 qu´offre comme trophée aux éleveurs de chameaux tandis que le salaire des fonctionnaires n´est pas payé. Il est dans la familiarisation de l´administration. Vous n´avez certainement pas vu l´injustice, elle est dans le résultat d´un concours quand l´admis ne figure pas sur la liste d´admission. Le gouvernement MPS n´a cessé depuis son ascension à la Magistrature suprême d´offenser le droit des Tchadiens et leur besoin de vérité et d´équité et du minimum vital. Les ressources tchadiennes sont sans cesse détournées tels que le ciment de Baoré, le carburant de Djermaya qui aurait pu résoudre le manque de l’énergie domestique. Un État qui perd complètement le contrôle sur le prix des denrées de première nécessité, et ne se soucie guère qu´il manque d’eau potable et d’électricité dans tout le pays.

L’amélioration du niveau de vie du Tchadien doit passer par la mise à nue des insuffisances de la politique Mpiste, les incompétences des dirigeants, les incongruités et les incohérences de l´opposition tchadienne. Telles les raisons qui ont mis le peuple dans la rue. Tout pouvoir démocratique aurait convoqué son peuple et écouté les attentes or le pouvoir tchadien a préféré par ses militaires ouvrir le feu. On a deux morts à N´Djaména, un à Sahr, un mort à Kélo et de nombreux blessés grave.

Il est une envie de poser juste une question au président Idriss Deby Itno:

– où allez-vous cher politique? Que désirez-vous pour votre peuple?

 Si sa réponse serait dans le style aller vers le développement, l´émergence et la démocratie, il va falloir qu´il résolve déjà les maux cruciaux des Tchadiens, assure leurs besoins vitaux et leur sécurité sur l´ensemble du territoire national et fasse juger les auteurs de la mort des manifestants. Il ne peut avoir que vos institutions pour le pousser à le faire car vous pouvez encore rompre le partenariat qui lui est si indispensable pour sa  crédibilité internationale.

C´est à ce prix seulement que le Tchad ira à la démocratie, au développement socio-économique, à la vérité et à la justice!

Très cordialement,

Billet titré d´après le film de Mahamat Saleh Haroun, un homme qui crie n´est pas un ours 


Eh bien, les chiens peuvent mordre: quand le pouvoir tchadien comprend enfin

Ph DR
Ph DR

« Sous un bon gouvernement, la pauvreté est une honte ; sous un mauvais gouvernement, la richesse est aussi une honte. »

Confucius – 551-479 av. JC – Livre des sentences 

La rue sarhoise/Ph crédit anonyme
La rue sarhoise/Ph crédit anonyme

Je dois mon Mea Culpa avant tout mot. Il y´avait un temps, je croyais qu´il y´aurait pas un homme en mesure de tenir les rênes du pouvoir tchadien à l´heure actuelle. Les opposants toute tendance confondue nous ont déçu. L´actualité sociale du Tchad depuis les deux derniers mois m´amènent à revenir sur mes pensées. À présent, je dirais mieux vaut un ange qu´on ne connaît pas que le diable que nous connaissons depuis un quart de siècle. Le peuple tchadien n´a pas de longues fourchettes. Il ne peut donc dîner longtemps avec le diable. 

Hier mardi 11 novembre 2014, des élèves, d´une façon spontanée ont envahi certaines rues de la capitale, les points chauds sont le lycée de la liberté, lycée de la paix, Lycée Felix Eboué et la Haute Ecole de Communication et de Commerce pour témoigner leur soutien aux enseignants du public qui, sont en grève pour le retard dans le versement des salaires, la cherté de la vie et le manque de carburant. La police a tiré à balles réelles sur les manifestants faisant 2 morts et des blessés graves. Ce chiffre, je doute qu´il soit réel. On nous cache les vrais décomptes.

Dans la ville de Sarh, ce fut un concert de casseroles lancé par des femmes pour crier leur ras-le-bol en ce qui concerne la pénurie de carburant. Fonctionnaires, enseignants, élèves et étudiants leur ont emboîté le pas. Il se trouve que le litre d’essence avoisine les 5 000 Frs CFA soit 7 Euro, la journée du mercredi devrait être une journée sans engins avec une grande manifestation. Jusqu´au moment où, on publie ce billet, le pays reste injoignable et certaines sources parlent d´un calme revenu dans la capitale. Nul ne sait les résolutions qui seront prises à l´issue de la rencontre de la délégation gouvernementale et les leaders de la manifestation.

Il faut dire que ce silence inquiète lorsqu´on connaît l´art de gouvernance des autorités tchadiennes. Il faut signaler que cette manifestation bien qu´ayant aucune revendication politique, signale le ras-le-bol d´un peuple longtemps martyrisé par ses dirigeants qui, enfermés dans le luxe insolent de leurs demeures feignent d´ignorer la paralysie sociale jusqu´à cette grogne sociale d´hier. Ils ont toujours nier la déchéance du pouvoir d´achat du tchadien moyen, ils ont fermé les oreilles aux soupirs de ces travailleurs qui ne peuvent plus vivre de la sueur de leurs fronts. Ils ont affiché leurs mépris quand les étudiants enchaînent année blanche sur année blanche. Ils ont sans explication refusé de verser les bourses des étudiants quand leurs femmes faisaient leurs shoppings dans les grandes capitales de la mode avec les impôts des Tchadiens. Ils traitaient le peuple de chien aboyant la caravane qui passe. Aujourd´hui, la peur, le mépris et la force de persuasion semble avoir changer de camps. Je dirais que le chien a montré qu´il peut mordre les chameaux et arrêter ainsi la caravane.

Pour une fois où, ce régime semble faire profil bas, on ne peut qu´approuver même si on semble ne pas trop croire en la bonne volonté des autorités de N´Djaména. Il aurait compris hier que chaque droit non livré mérite et produit une insurrection collective. Chacuns de ces manques (carburants, salaire, eau, électricité, éducation) est une petite graine de prise de conscience qu´on inculque aux Tchadiens car aucun peuple fut ce ignorant de ces droits ne resterait longtemps étroit d´esprit.   Toutes ces souffrances finissent par pousser l´esclave à la révolte.


Les 5 maux de ma nation

petrole

« Un peuple qui élit des corrompus, des renégats, des imposteurs, des voleurs et des traîtres n’est pas victime! Il est complice. » George Orwell

Ce billet est une réponse à un lecteur. Il voulait savoir les réels maux qui entravent l´éclosion socio-économique de cette nation. Difficile de tout lister car aussi vaste qu´est le pays, nombreux sont ses maux. On ne fera donc qu´un aperçu des flagrants, ceux dont on ne peut cacher même au visiteur fraîchement débarqué sur le territoire.

l´illettrisme qui rime avec obscurantisme: « mon peuple périt faut de connaissance »! Cette maxime est adapté au contexte tchadien. L´école tchadienne va mal et pour l´enterrer on supprime les examens de CEPET et BEPC qui permettaient de tamiser un peu pour sortir les grains fins des gros grains. C´est notre façon de réformer le système éducatif tchadien. Entre temps, le niveau va descendant et l´obscurantisme qui va avec. Comment espérer protection ou compréhension d´une force de l´ordre qui lirait tes papiers à l´envers parce qu´illettré? On vit avec chaque jour espérant qu´un jour, on formera toute l´Armée tchadienne pour la rendre effectivement nationale.

L´incivisme et l´indiscipline comme compagnons: . La police et les militaires, que vous entrez par l´aéroport ou par les frontières terrestres, notre Armée signale déjà cela avec ses expressions, son comportement, la lenteur dans les procédures avec indiscipline encore. Depuis 1979, on a vu de nouveaux seigneurs s´emparer de la République et depuis, cette dernière a disparu pour laisser placer à un royaume dont l´incivisme est la règle. On a abolit cette matière dans les établissements scolaires. Le respect des institutions a disparu. Un employé qui viole royalement les règles que son supérieur établit et le nargue car il a un nom de famille, c´est une réalité chez moi.

L´anarque versus vol organisé des citoyens: ceci se passe au plus au sommet de l´Etat, des institutions agrégées et des entreprises publiques que privées. Celle que j´ai vécu moi-même dernièrement vient des sociétés de téléphonie sensées désenclaver le Tchad. Ils ont instauré un Fonds de Soutien au Sport National (Ne me demandez pas lequel). Ils soutirent 1, 18frs CFA sur chaque appel.
Un petit calcul : Supposons que nous sommes 4 000 000 de tchadiens utilisant chaque jour  un appel: 4 000 000 X 1,18f = 4 720 000/jour.

4 720 000 X 365jours =1 722 800 000 frs

1 722 800 000 X 2 (Tigo et Airtel) = 3 445 600 000 frs CFA par an et ceci depuis au moins 2 ans. Le monde entier sait pourtant que le Tchad brille par son absence aux compétitions internationales et ce ne sera pas pour demain notre présence à la Coupe d´Afrique des Nations. Où va donc cette somme?

Je vous laisse imaginer des entrées de la Douane, des contraventions payées et compagnie et la pénurie organisée de carburant.  Le vol étant la règle, il n´est pas étonnant que ce pays trône en tête des classement des pays corrompus au monde.

le fatalisme et l´absence d´une vision de vie: le jeune Tchadien n´a plus d´idole à qui s´identifier sinon il n´a que des aînés qui ne sont vraiment pas des modèles de développement personnel. Il manque une grandeur des ambitions pour beaucoup de jeunes qui sombrent dans le fatalisme. On s´en remet au bon Dieu qui est la corbeille de tout échec. On peut comprendre le désespoir de cette génération qui est plus corrompue que ses aînés. « C´est le pays qui est comme ça,  on fait donc comme tout le monde » est la devise de la jeunesse actuelle. Il faudrait du temps pour la faire comprendre que tout le monde n´est pas soi!

Le culte de la médiocrité allié au pessimisme: Le niveau scolaire des élèves et étudiants le prouve à suffisance. Les jeunes n´osent pas et ne rêvent pas grands car leurs rêves ayant été longtemps étouffés dans leurs sommeils par les institutions dites républicaines. L´Université est le cimetière des ambitions: on y entre jeune pour en ressortir avec des cheveux grisonnants si on ne se « bat » pas. Les hommes chargés inculquer le savoir le vendent ou l´échangent contre des moments de plaisir. Les gaz lacrymogènes  sont disponibles et en quantité pour dissuader quiconque oserait revendiquer juste un peu d´espoir.

C´est bien ceci l´image de mon pays et le peuple est devenu « mendiant de l´espoir » (titre du livre du Tchadien Ali Abderamane Haggar).


Le show tchadien

Djerassem Le Bemadjiel, Ministre tchadien du petrole/www.itie-tchad.org
Djerassem Le Bemadjiel, Ministre tchadien du petrole/www.itie-tchad.org

Quelqu´un me disait un jour que, les noms transparence et Tchad ne peuvent être employés dans une même phrase. Je médite encore jusqu´aujourd´hui sa maxime quand, j´apprends que le Tchad a atteint, selon le Ministre tchadien du pétrole sur sa page Facebook, la conformité aux exigences de l’ITIE ( Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives).Il trouve que c´est un grand pas dans la gouvernance et la transparence du secteur extractif minier et pétrolier q´il dirige.

Je suis tentée de me réjouir avec lui mais une chose me retient: les récents évènements qui se sont déroulés à N´Djaména. La crise des carburant qui survient du jour au lendemain et personne n´arrive à expliquer aux tchadiens comment? Est-ce cela la transparence Messieurs les Gouvernants?

Sans jouer les trouble-fêtes, je crois qu´on se moque là de la population. Comment un peuple peut apprécier et juger la politique des biens publics si elle ne recoit et ne peut exiger aucune explication de ceux qui détiennent les clés de sa richesse?

De quelle conformité et suivant quel critère le Tchad a atteint ces exigences quand on sait tous que le sac de ciment se vend encore à 12 000 frs CFA dans ce pays et que les régions productrices de ciment et du pétrole n´ont rien (à vu d´oeil quand vous passez par Doba et Pala ainsi que leurs chefs lieux) gagné de leur 5% sur les revenus de vente de ces produits?

Les avantages de cette conformité devrait en principe être une bonne gestion des recettes provenant des ressources minières et l’amélioration de la gestion de ces ressources afin de favoriser une plus grande stabilité économique et politique. Nous avons une stabilité politique contre le silence des Tchadiens. L´économie tchadienne elle, elle est instable qu´embryonnaire.

Disons que le Tchad, en adhérant au processus de l’ITIE, voulait faire bénéficier en toute transparence au peuple tchadien de ses richesses minières et pétrolières, faisant ainsi de ce secteur un véritable levier de développement socio-économique de notre pays. Qu´en est-il aujourd´hui? Le peuple tchadien jouit-il réellement de ses richesses? Allez-y interroger le quotidien de ce peuple. Il parle de lui-même.

De grâce, veuillez ne pas troubler la quiétude des Tchadiens certains matins avec des nouvelles pareilles. Comme blagues, elles sont de mauvais goût. Comme informations, elles laissent de marbre le commun des mortels tchadiens. Les conformités et les exigences, ont en connaît d´autres.

J´ai dit!


Sodomises-moi que je ne saurais gémir

Image de Kaar Kaas Soon
Image de Kaar Kaas Soon

En vérité, en vérité, je vous le dit. Le Tchadien aime souffrir. Un pays informel. Un peuple passif, des gouvernants égoistes soucieux de se servir. Voilà  en synthèse mon pays. Ma patrie est une mine ouverte où chaque détenteur de pouvoir vole le peuple, pille et crée une crise à a guise pour juste démontrer son pouvoir de nuisance. La preuve, une pénurie de carburant qui conduit à une ville morte et par là, la fermeture des médias qui annoncent cette désobéissance civile. Personne ne bronche.

Les faits

Jeudi 02 Octobre 2014, 17h 30, j´apprends que toutes les stations à essence sont fermées dans une ville comme N´Djaména qui a une raffinerie qui fonctionne que depuis trois ans. Le Premier Ministre menace, au journal de 20h, de convoyer les citernes par les forces de l’ordre et d’opérer un contrôle dans les stations. Ce matin, Vendredi 03 Octobre 2014, 7h, toutes les stations sont rouvertes mais le carburant vendus à un prix exorbitant: 1500-2000 frs CFA le litre. Le prix du transport en commun monte sur le champ. Une semaine donc jeudi 09 octobre, la population n´en pouvant pus appelle à une ville morte sur la seule radio capable de diffuser une telle information: la FM Liberté. La radio sera fermée et la fréquence coupée par le Haut Conseil de la Communication.

La  réalité est que

Des citernes de carburant tchadiens seraient détournées en vue de leur acheminement vers la République centrafricaine où un fût d’essence coûterait 800 000 frs Cfa. Une remix de la cimenterie de Baoré dont le ciment est vendu au triple du prix réel. disons que la quasi-totalité des entreprises publiques tchadiennes sont bradées au profit d´un clan, d´une groupuscule de valets. Le pays est pris en otage par une poignée de tchadiens dont l’objectif inavoué est d´asservir le reste du peuple. Ce qui étonne et me sidère moi-même c´est que, les Tchadiens ne font rien pour marquer leur désaccord pour cette politique d’asservissement.

Je me demande ce qu´on attend pour vendre ce pays et donner à chacun sa part hein? Il est temps qu´on fasse un référendum sur une éventuelle vente de ce Tchad là. En boycottant la ville morte, certains me font comprendre qu´il est ennuyeux d´être à la maison. Est-il distrayant de se vider de son sang, de sa force et de son argent pour satisfaire un groupuscule? Puisque l´administration tchadienne, je n´ai plus foi en elle. Nous ne sommes plus un pays. Nous sommes des groupes d´intérêts à géographie catégorisée.

Si moi j´étais un fonctionnaire tchadien, je serai restée à la maison tout ce temps que le prix du carburant à grimpé. Je me serai donné vacances pour manque de moyens et refus de se faire escroquer par son employeur qu´est l´Etat tchadien. Mais bon, je vous ai déjà dit que le Tchadien est passif ou sous sédatif je ne sais plus. On lui refuse la nourriture, il s´en remet au bon Dieu et attend la clémence. On le prive d´eau, il en profite pour jeûner et prier le ciel pour le pardon de ses bourreaux. On le coupe du monde pour mieux l´abrutir, il espère encore en la fibre optique en 2015. Il n´y a-t-il pas d´électricité? Il en profite pour dormir et rêver de l´émergence en 2025. Et quand les bulldozers rasent sa maison, la grâce de la renaissance le suffit. Ne faut-il pas casser pour bâtir la vitrine de l´Afrique?

Adjabbbbbbb ( c´est ainsi qu´on s´exclame au Tchad quand on est étonné), c´est quel drôle de peuple que sont les miens. En tout cas, moi je ne vous comprends plus hein. Est-ce que le fait de dire à on père que ta gérance actuelle des biens de la faille ne me plaît pas, ferait d´un enfant un rebelle vis à vis de l´autorité paternelle? En tout cas, la génération future vous observe et vous appellera en jugement pour vos actes.


Bernard, Mister Dadié

Dadié s´entretenant avec "ses visiteurs"
Dadié s´entretenant avec « ses visiteurs »

C´est la crème de ma visite à Abidjan. Quel enfant africain qui a appris à lire et écrire avec l´école africaine, ne connaîtrait pas Benard Dadié? Climbié, Le pagne noir et Kacou Ananzé, cette araignée rusée aux multiples tours. Cet auteur a bercé mon enfance, lui, Abdoulaye Sadji, Sembène Ousmane, Senghor et ses pairs de la Négritude. Je le croyais plus de ce monde tant sa vie si modeste et retirée fait de lui un oublié aujourd´hui. Disons chez la jeune génération. Devant moi, se tenait un monument de l´histoire de la littérature africaine. Je me dressais donc sur mon séant et avec attention je me disposais à boire ses paroles.

Homme de lettres et homme politique ivoirien, il reste aujourd´hui l´un des derniers poètes militants de l´ère de la Négritude. L´avoir rencontrer me ramena à mon enfance, mes premiers jours de classe au Cours Elémentaire deux (CE2), ma première fois de lire un extrait de Climbié: «La rentrée ! Le matin, de bonne heure, les enfants débouchaient de tous les côtés, de tous les coins, de toutes les ruelles, avec des sacs sous le bras, des cerceaux en mains. L’école bruyante, mouvementée, animée, revivait. Elle faisait penser au retour des tisserins dans les palmiers. Sa volée de moineaux lui était revenue. Partout des chants, des appels, des cris. Les anciens se saluaient, joyeusement, tandis que les nouveaux, dépaysés, cherchaient un maintien, désorientés, inquiets, ils s’accrochaient à leurs parents.» Cette partie du texte nous contait notre propre histoire d´écoliers les premiers jours de classes. C´était un texte magnifique mais aussi dur quand nos maîtres nous le donnaient en dictée.

Auteur prolifique comme témoigne nos trois heures d´horloge de discussion, Dadié a une appropriation décomplexée de son statut d’homme de lettre et politique mais surtout noir, comme en témoignent ces vers de son poême Je vous remercie mon Dieu :
«Je vous remercie mon Dieu de m’avoir créé Noir
Le blanc est une couleur de circonstance
Le noir, la couleur de tous les jours
Et je porte le Monde depuis l’aube des temps
Et mon rire sur le Monde, dans la nuit, crée le Jour
». J´avais demandé à l´homme ce qui l´avait inspiré ce poème. Il m´a dit les circonstances et j´en ai ris de bon coeur. Ce sont des situations que l´on vit au quotidien comme Africain aujourd´hui. Mais jamais il ne me serait venu à l´idée de coucher une réponse pareille sur feuille et en vers de surcroît.

Dadie2
Nous avons demandé la route et la dernière photo aussi.

À 98 ans sonné, l´homme avait encore la force et les mots. il s´entretenait longtemps avec nous, me raconta son séjour en prison et la manifestation des femmes sur le pont de Grand-Bassam pour leur libération lui et ses compagnons de cellule. Voici le moment attendu: j´interpellai l´écrivain sur la place et le rôle assigné à la femme africaine dans la littérature africaine et précisement dans ses oeuvres à lui. Sacré David, comme s´il m´attendait lui et son compagnon Josué (le président de l´Asociation des auteurs ivoiriens). Ils me coupèrent court: la femme africaine aurait pu aussi écrire son histoire. Je cris à la tricherie car je n´attends que la réponse de l´auteur Dadié en personne. J´ai toujours rêvé poser cette question à un auteur de la Négritude en personne. « Dans une assemblée, ce sont les notables qui parlent `la place du chef » me répliqua Dadié. J´insistai pour avoir une réponse de lui. Elle vint enfin la réplique; la Négritude est une littérature de combat c´est la raison pour laquelle, il y´avait peu de place pour la femme.

Ce dimanche 11 Mai 2014, on s´est donné une poignée de mains Bernard Dadié, Josué Guebo, David Kpelly et moi et les lignes de nos mains se sont unies en faisceaux de lumières portant la réconciliation pour la Côte d´Ivoire et pour l´Afrique entière. En quittant la résidence de l´auteur, j´ai emporté l´image d´un homme, les plaisanteries d´un bon humoriste mais surtout une nouvelle vision de son époque et l´appréhension de mon époque.


La francophonie sous les cocotiers avec Raphael Moreau

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Voici un billet qui vient casser un peu l´atmosphère et le fil de billets de ces jours-ci. Un billet souvenir. Une inspiration nostalgique. Je le dois quand même de l´écrire.

Chose promise, chose due. Voici un billet que j´ai promis à toi Raphael. Permets-moi de te tutoyer. Entre les cours de journalisme, les pauses cafés et les soirées découvertes, on a eu le temps de s’asseoir. Une nuit à la belle étoile au bord de la piscine de l´hôtel comme deux confidents alors que tout le groupe se préparait á nos escapades abidjanaises. Là, en ce moment précis, nous avons parlé francophonie. Tu me parlais de son impact socio-culturel, je te répondis sa distance vis à vis des cultures africaines. Tu m´expliquas la proximité de cette organisation avec les francophones et je t´opposais l´invisibilité de son impact réel dans le quotidien. Tu me rappelas alors les centres de lecture et d’animation culturelle (CLAC) mis en place par la Francophonie dans les zones rurales et périurbaines pour permettre d’accroitre l’accès des populations aux livres, publications et ressources numériques. Tu justifiais que leur implantation doit répondre à une politique nationale et coordonnée de lecture publique dans les pays concernés. Je compris ainsi pourquoi ces centres sont moins visibles dans mon monde à l´époque et même aujourd´hui.

En m´expliquant l´interêt des francophones à ce regrouper dans une organisation comme celle-ci, tu fis un détour pour me faire voir comment une langue peut être un signe, une identité donc une personnalité de l´Homme. J´avoue que jusqu´aujourd´hui, je me sens mieux dans une espace francophone qu´anglophone ou germanique. Ce ont là des choses qui parfois coulent out naturellement qu´on s´en apercoit à peine.

Tu avais une passion pour cette langue et cette organisation. Ensemble nous avons reconnu qu´il ´a une limite à toute chose, donc la francophonie aussi. Tu me parlais de plus de 295 centres de lectures installés dans 21 pays francophones d’Afrique, de l’océan Indien, de la Caraïbe et du Proche-Orient. Curieuse, je fis un tour sur le site de l´organisation (sacré WiFi MTN de Tereso) et je me dis que cette organisation a encore de beaux jours devant soi.


Socialthiller Partie III: les hommes

Ils refusent leurs stérilités et acculent leurs femmes. Il est difficile de donner des explications.

Souvent nié, réfutée, obstruée, la stérilité masculine est pour l´africain un non lieu. L´image de l´homme doit être préservé. L´homme le sexe fort ne peut ne pas concevoir, il est toujours virile et donc fertile. La stérilité est un signe de faiblesse ou d´impuissance.

La femme a toujours eu tort lorsqu’un couple était stérile. On s’est refusé pendant longtemps à considérer que l’homme pouvait avoir une part de responsabilité dans les problèmes de stérilité. «Quand tout allait bien, c’était grâce à l’homme, quand cela ne marchait pas, il y avait des problèmes chez la femme. Elle était répudiée ou soignée.» Pourtant, suspecter un homme de stérilité provoque de graves dissensions au sein des familles. Quand un couple est infertile, on en recherche tout de suite les causes dans la famille de la femme.

On trouve un enfant à l´homme

Des nœuds de ce problème: la confusion entre stérilité et impuissance. Dans beaucoup de milieux, accuser le mari de stérilité équivaut à jeter la suspicion sur sa virilité. On ignore le problème au point de le bluffer qui à tromper l´homme, lui faire un enfant adultérin ou incestueux.

Pourtant, si l’absence de spermatozoïdes qu’on appelle l’azoospermie se confirme, on peut affirmer que l’homme est définitivement stérile. Les MST, essentiellement la syphilis et la gonococcie, mais d’autres s’en approchent, bien qu’elles ne soient pas obligatoirement vénériennes, c’est-à-dire, dues à un rapport sexuel: -blennorragies non gonococciques, trichomonase, candidose, pédiculose du pubis, gale sont aussi des causes de stérilité. Des causes de la stérilité masculine, on peut retenir la variocèle qui est une dilatation des veines au-dessus du cordon testiculaire. Les varices gênent la fabrication des spermatozoïdes par le testicule. Il en existe d’autres qu’on pourrait qualifier d’endocriniennes c’est-à-dire une absence de maturation du testicule par l’hypophyse qui n’a pas envoyé suffisamment d’hormones. Le résultat se traduit par une stérilité définitive. Il y a aussi des causes congénitales: – l’absence de la voie sécrétrice du sperme. C’est ce que l’on appelle les agénésies déférentielles. 


Moi citoyenne de la vitrine d´Afrique…

Je vous présente mon quartier pendant la saison de pluies. Le quartier s´appelle Boutalbagar et se situe sur la même bande que le quartier Gassi, siège de l´Assemblée nationale. Ndjamena II pour les autorités et concepteurs de la nouvelle vitrine de l´Afrique.

inondation

Je vous emmène faire un tour dans les rues du quartier.

 

La rue principale. Tout au bout, se trouve le marché du quartier.
La rue principale. Tout au bout, se trouve le marché du quartier.

Les routes sont boueuses lorsqu´elles ne sont pas inondées : impratiquables et sans égoûts. Aucun système de canalisation comme dans beaucoup de quartiers de la ville.


Vivre et survivre à Ndjamena

Une vue N´Djaména depuis l´hotel Kempinsky/ Ph DR
Une vue Ndjamena depuis l´hôtel Kempinsky/ Ph DR

On sait bien de choses de cette ville, mais on en sait en réalité très peu : de la légendaire agressivité qui caractériserait le Tchadien à la facilité de manier les armes. Que de mythes que vient renforcer notre absence de communication à l´échelle numérique. Pourtant, je ne vois point de peuple aussi hospitalier et accueillant que les Tchadiens. Il n´y´a point de délice que la vie parmi ce peuple. Ils sont juste nés dans un monde particulier dont faut saisir l´essence. Voici dix choses qu´il faut savoir avant de poser les pieds sur le sol tchadien. Les bons plans pour apprécier son voyage et profiter de son séjour.

1/ du sang-froid

Et vraiment beaucoup de sang-froid partout. Même dans la circulation, car tout se fait avec une certaine nonchalance. Cela commence par l´arrivée à l´aéroport Hassan Djamous. Il faut  45  minutes pour pouvoir enregistrer et passer la police, puis 15 minutes à attendre les bagages. Le mieux serait de  trouver une affinité avec son voisin de siège. Au moins on a de la causette le temps que le tapis roulant vous livre enfin votre valise. Il faut en profiter et se laisser refiler les bonnes adresses.

2/ savoir apprécier la musique tchadienne

Ne vous attendez pas à une musique comme il se le doit. Lorsqu´on parle de la musique tchadienne, l´expatrié habitué comprend tout de suite : c´est les coups de feu. Il peut arriver qu´on entende de temps à autre un coup. Esquivez un pas, souriez et continuez votre route. On tire chez moi en l´air pour saluer la venue d´un enfant, manifester sa joie ou pour effrayer des attroupements d´étudiants. Quand cela dissuade, c´est aussi un bon moyen. Ce qui est sûr, une balle réelle en l´air, cela est un moyen efficace de persuasion. Ici on en use et en abuse. Nous sommes chez les cowboys des temps modernes.

3/les lunettes de soleil et une crème solaire

Si vous avez le malheur de voyager avec Ethiopian Airline, vous arriverez sans doute en plein midi selon votre pays de provenance. Welcome dans le sud du Sahara. C´est un soleil percutant et pénétrant qui vous grille les pupilles dès que vous posez vos pieds hors des bâtiments de l´aéroport. Heureux donc quiconque a sur lui ses lunettes de soleil. Cela fait en plus cool et on peut lorgner les Tchadiennes sans être pris et vu. Elles sont en plus belles. Oser humer leur koumhra (parfum huileux fabriqué par les Tchadiennes et très prisé). La crème solaire, aucun guide de voyage ne vous e conseillera. Je le fais donc. Vous venez bien à Ndjamena la capitale d´un pays sahélien où le désert avance à grands pas. Pour des raisons de sécurité, on a coupé tous les grands arbres centenaires de la ville. Conséquence : une chaleur atroce qui nous crame sans arrêt. Si vous ne voulez pas finir en carpe braisée, emportez avec vous un tube de crème solaire donc.

4/savoir apprécier les vents de sable

Cela sonne bizarre mais, au Tchad il faut savoir apprécier les choses les plus anodines, comme sourire lorsqu´un policier te gifle, dire merci quand un militaire illettré te traite de brute. On a compris nous les natifs. On a coupé les arbres et détruit la protection contre l´avancée du désert. Tout le Sahara est donc dans la ville avec ses vents de sable. Il faut supporter de temps à autre un grain de ce sable dans son plat.

5/ ne jamais rater un coucher de soleil sur le Chari

C´est mon passe-temps favori lorsque je ne lis pas. Oui, le soleil est notre plus grande bénédiction et on en a à revendre même si on refuse d´en tirer l´énergie qui nous libérerait de l´obscurité que nous impose la Société nationale d´électricité. Pour nous consoler nous Ndjamenois, on va chaque soir contempler son coucher sur le Chari. Tout simplement magnifique avec ses reflets orangés dans le fleuve. Les bons points d´observation sont le restaurant-hôtel Victoria et le Méridien Chari . Douguia est un endroit aussi bon plan pour les week-ends. N´oubliez pas de manger une carpe braisée pêchée juste sous vos yeux.

6/savoir respecter les rois et les reines de la route

C´est un délice et une particularité au Tchad. Rouler à tombeau ouvert sur les voies si exigües. Ils ont tous des écouteurs à l´oreille, des lunettes de soleil posées sur le nez qu´ils pointent au vent. Le Code de la route, ils n´en ont cure. Il appartient aux autres usagers de la route de prendre leur précaution. Un petit conseil, n´osez pas les convoquer dans un commissariat. Ils ont presque tous un quelqu´un là-bas. C´est toi la victime qui deviendra bourreau au grand dam de tes  F Cfa.

7/ se mettre dans la course

Ici dans cette ville tout le monde est pressé. Je ne sais vraiment pas après quoi ils courent mais ils courent quand même. Tout le monde est pressé partout sauf lorsqu´il s´agit d´aller au travail. On est impatient au volant. Impatient d´arriver quelque part, impatient de traverser la route. Impatient de laisser l´autre passer. Tout se fait à la vitesse croisière. Les accidents qui en résultent sont à mettre à l´actif du destin. Allah djaba : entendez par là que c´est Dieu qui le veut ainsi.

8/visiter le BET

L´écrin de nos bijoux lacustres : les lacs Ounianga-Kebir. Ils sont classés patrimoines culturels de l´Unesco. Certains parlent du Tchad inutile et du Tchad utile. Le BET c´est la moitié du Tchad. Une moitié désertique où la vie n´est possible que dans les ouadis et autres oasis. Ceci est une vue extérieure de cette partie du pays. Des sources géothermiques aux peintures rupestres qui ornent les grottes des massifs montagneux, on en parle que très peu pourtant, la vue et est merveilleuse et les nuits dans le Septentrion tchadien sont magnifiques. Ces dunes de sable mouvant qui vous effleurent de leur chaleur. Ces grains de sable que les vents emportent, caressant vos visages dans leurs envolées. Quand on vient comme touristes, il faut absolument expérimenter la nuit à la belle étoile dans une oasis ou sur les dunes de sable.

9/profiter de la bonne humeur tchadienne

Un ami m´a déjà demandé comment on fait pour être toujours joyeux en Afrique malgré la précarité.  Je lui répondis à l´époque que la joie du cœur n´est pas question d´aisance matérielle.

10/ une connaissance de la langue locale est un atout

De fois, les prix peuvent se faire à la tête du client sur les marchés et les galeries d´objets d´art. N´hésitez pas à dire « gassar ». Un mot à connaître absolument. La connaissance de la langue locale aide lorsqu´il faut discuter le prix. Qu´on veuille prendre un taxi- course ou se renseigner très rapidement. Lorsqu´on apostrophe un Tchadien dans une langue locale, on fait tomber les barrières, on crée un lien absurde mais quand même une sympathie naît.