Social thriller : la stérilité vue du Tchad

Article : Social thriller : la stérilité vue du Tchad
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11 juin 2014

Social thriller : la stérilité vue du Tchad

Musée Augustins - Eugène Thivier - Le Cauchemar. December 2009 (UTC) - Eugène Thivier
Musée Augustins – Eugène Thivier – Le Cauchemar. December 2009 (UTC) – Eugène Thivier

Partie 1: Etats des lieux

Donner la vie est un mystère exaltant de la vie d´une femme. Mais si la stérilité n´est pas une fatalité, en Afrique elle est une fin en soi. La stérilité est vécue comme une grande souffrance et avec honte et beaucoup des tabous qui l´entourent.

Un jeune couple vient-il de se marier que le compte à rebours commence pour la belle famille. On lorgne, guette, observe le ventre de la femme. Comme un prédateur à l´affût, la famille de l´homme attend le moindre signe de grossesse. Mois après mois, les échecs se succèdent. Le temps passe et toujours pas l’ombre d’une grossesse à l’horizon. Chaque mois, la même question cruciale qui  pétrifie à l’approche des règles: cette fois-ci, est-ce la bonne ?

Comment supporter le regard de la belle-mère, de la voisine, de l’amie, les soupçons sur ton passé, les sous-entendus dans les discussions… Certains se font plus explicites dans leurs sous-entendus.

À l’origine, il y a donc ce parcours de femme et d’artiste, cette lutte pour devenir mère, ce questionnement sur la féminité. La maternité et son importance dans la société africaine et tchadienne.

Enchaînées par les coutumes, enchaînées par les hommes, enchaînées même par leur propre peur de se libérer, d’oser, la femme stérile au Tchad est celle qui doit accepter toute injustice sans broncher… se taire devant le va-nu pied de la belle-famille qui déverse sa bille d´aigri complètement complexé par son chômage interminable. On a dit que c´est la belle-famille. Il faut supporter le mal-être.

Dans ce coin de la terre, personne ne cherche à comprendre les raisons de la stérilité. La femme est la bonne coupable. Un homme, un bon en Africain aussi bien doté par la nature conçoit toujours. Tant pis si le médecin ne peut soigner madame. On lui envoie une seconde femme. La première est libre de débarrasser le plancher si elle est incapable de partager son mari. Le plus souvent, les deuxièmes femmes très futées, se hâtent de pourvoir monsieur avec un héritier. Elles ont recours au voisin, au petit-frère ou cousin du mari ou à l´ami. Tant pis si  le visage de l´enfant dévoile son vrai géniteur. Monsieur a eu un héritier. Il est fier. La belle-famille est contente. La deuxième fière de jouer son rôle de pondeuse commanditée. L’ami, le cousin ou le voisin présente ses félicitations. On baptise l´enfant. Tout le quartier vient manger, on danse, on boit une bière et on rentre cogiter sur la deuxième victime des tabous sociaux.

Pourtant et pourtant, la stérilité peut être aussi masculine tout comme elle a beaucoup de raisons qui peuvent être aussi psychologiques.

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Commentaires

Rose Roassim
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merci de toucher du doigt ce problème qui ne fini jamais.