Ces Africaines qui portent sur leur dos le poids entier d’un continent

6 mars 2014

Ces Africaines qui portent sur leur dos le poids entier d’un continent

Defricheuses de champs, crédit LBT
Defricheuses de champs, crédit LBT

Ceci est un hymne pour une grande visibilité et reconnaissance de la femme dans le monde des législations. Je fais un appel à plus de protection sociale pour la femme rurale. Cette gardienne de la nation qu´on discrimine, harcèle, bat, viole, répudie, vitriole sans un jugement sévère. Et encore dans ce 21e siècle.

Dans l´Afrique ancestrale, les hommes, quand ils ne peuvent pas aller à la chasse ou à la guerre, ni palabrer, ils se reposent sous l´arbre, s´enivrent de leur vin, joue au D’awalé ou se racontent des histoires. Pendant ce temps-là, les femmes africaines élèvent leurs enfants, vont travailler dans les champs, font le marché, s’occupent du budget et font à manger pour leur famille. Elles portent toute la famille. Aujourd´hui encore, force est de constater que, la femme rurale en Afrique est délaissée à son sort : une condition de vie dure, les moyens de production archaïques. Beaucoup sont victimes des violences conjugales. La femme tchadienne en milieu rural subit la misère dans laquelle la société la contraint à la mort de son mari. Déshéritée, on lui arrache ses enfants avant de la mettre hors du domicile conjugal. Elle perd non seulement l´héritage auquel elle a droit, mais aussi, les biens dont elle a contribué à l´acquisition en commun accord avec le mari défunt. Nombreuses sont les lois ratifiées par le Tchad, mais combien sont réellement entrées en vigueur? Le code de la famille peine à voir le jour à cause des divergences politico-religieuses. La loi 006 portant sur la santé de reproduction est une mort-née qui n´embellit que des tiroirs de l´administration. Il ne suffit pas d´adopter des lois, mais il faut les mettre en application : les auteurs de viol ne sont jamais punis, tout comme les crimes qui sont classés passionnels et classés sans suite.

Mais bon, c´est un problème d´envergure continental. Bien que beaucoup d´Africaines ont un enseignement supérieur permettant l´occupation de postes clés dans l’élaboration des politiques dans tous les domaines, les femmes passent quasi inaperçues dans les instances de décision. Seules 6 femmes sont au gouvernement sur les 42 membres soit 1,5 % ; 29 femmes parlementaires sur 180 députés soit 16 %. Un effectif assez réduit pour impacter et influencer les décisions en faveur de leurs consœurs en milieu rural qui, portent le poids de tout un pays : premières à se lever au chant du coq, elles sont les dernières à se coucher lorsque toute la maison dort. Elles sont la cheville ouvrière du pays car ce sont les premières productrices des denrées de base.

Tous les pays africains logent presque à la même enseigne en dehors du Rwanda qui a 56 % de femmes au Parlement. Les stéréotypes culturels ont la peau dure. La société africaine est encore phallocrate. On aura beau accumuler les journées internationales de la femme les unes après les autres, tant qu´il n´y´aura pas de lois fortes, la protection sociale de la femme, cet être ressource de nos sociétés ne sera qu´un discours de chaque 8 mars.

Je finis l´article avec ces personnalités qui ont honoré la Femme.

 «La femme est l’avenir de l’homme», Louis Aragon, Jean Ferrat

«L’admission des femmes à l’égalité parfaite serait la marque la plus sûre de la civilisation, et elle doublerait les forces intellectuelles du genre humain», Stendhal

«Femmes, c’est vous qui tenez entre vos mains le salut du monde», Léon Tolstoï

«Appeler les femmes « le sexe faible » est une diffamation ; c’est l’injustice de l’homme envers la femme. Si la non-violence est la loi de l’humanité, l’avenir appartient aux femmes», Gandhi

«Les femmes n’ont pas tort du tout quand elles refusent les règles de vie qui sont introduites au monde, d’autant que ce sont les hommes qui les ont faites sans elles», Montaigne, Essais, III, 5

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Commentaires

Irène Fopah
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Merci pour cette publication!Tout ce que tu y dis est si vrai!C'est vraiment dommage que cette fameuse journée du 08 Mars se résume très souvent à manger,boire et se livrer à des excès qui n'honorent pas le genre féminin!La précarité de la condition féminine ne changera pas tant que les femmes elles-memes ne comprendront pas le fondement de LA JOURNEE INTERNATIONALE DE LA FEMME!Pour ma part, j'ai toujours pensé que la journée de la femme rurale avait bien plus de sens que celle du 08 Mars

Réndodjo Em-A Moundona
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La femme rurale est celle à qui, on doit tous les honneurs lors de ces célébrations. Elle est la matrice même de l'économie et je crois qu'il lui faut plus qu'une journée. On doit lui consacrer une année avec des activités concrètes au programme.

mathy
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bel hommage à ces battantes que sont nos maman et grand mère, nos sœur! je suis d'accord avec la conclusion et j'ajoute tant que cet équilibre des droits ne sera pas établit! il y aura toujours une journée de revendication! il y a aura toujours un 08 mars

Réndodjo Em-A Moundona
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Merci Mhaty et au plaisir de te revoir.

josianekouagheu
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Que dire Réndodjo? Que dire de plus face à ce vibrant hommage? Tu sais chez nous, nous avons ces femmes qu'on appelle les "bayam-sellam". Elles se réveillent aux premières heures du matin et ne se couchent les dernières. Elles vendent ces vivres frais, ces denrées que nous degustons avec appétit. J'ai pensé à elles en te lisant!

Réndodjo Em-A Moundona
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Ces fameuses Bayam-sellam, des mamans que je loue la bravoure quans je vois certaines dormir sur le trottoir près de leurs marchandises. J´aime leur techniques de "marketing" surtout. Elles sont justes formidables.

RitaFlower
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C'est un fardeau trop lourd à porter pour les freles épaules de ces Femmes en Zone Rurale.Malgré tout,elles exécutent leurs travaux champêtres sans se plaindre depuis la Nuit des Temps.J'aurais préféré des Auteurs Africains.Mais je retiens la citation de Ghandi qui traduit toujours ce rapport de force entre l'Homme et la Femme.Selon l'ONU,le 21ème Siècle est celui des Femmes Africaines.

Réndodjo Em-A Moundona
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Rita, je suis peut être inculte en matière d´Auteurs africains. Je n´ai trouvé aucun qui aurait compris le rôle prépondérant de la femme africaine. Il y´a bien un seul, c´est Sankara. Mais lui, c´est un révolutionnaire et non un auteur!