Dis-moi quel animal tu es, je te dirai quelle femme tu fais

Article : Dis-moi quel animal tu es, je te dirai quelle femme tu fais
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23 septembre 2013

Dis-moi quel animal tu es, je te dirai quelle femme tu fais

Une chaîne est une chaîne même dorée/Photo
Une chaîne est une chaîne même dorée/Photo Rendodjo.

Ce billet est le premier tandem –si je peux le nommer- ainsi que je réalise avec René Mouna, mondoblogueuse tchadienne, après à une publication qu’elle a faite sur Facebook et qui m’a fort intéressée : en Afrique, il arrive de donner des noms d’animaux à des femmes selon leur comportement.

Oui, Faty la malienne a raison, ceci est mon premier billet commun avec une mondoblogueuse. Tout est parti d´un fait qui aurait été banal si cela ne m´a pas interpellée. Je suis allée rendre visite à une famille amie à la mienne. Le fils aîné rentré des études est venu lui aussi dire le bonjour à ses parents. Au moment de partir, le père le bénit en ces termes :  « Mon fils, que Dieu te donne une femme-mouton ». Le fils transformé par l´école des Blancs demande à son père avec un air ébahi : « C’est quoi une femme-mouton papa ? », et la mère tout calmement de répondre :  «Oui mon fils, ton père a raison. Il te faut une femme-mouton qui te sera soumise, car une femme cabri est très indocile ». J’aurais pouffé de rire si je ne connaissais pas l’état de santé mentale de la famille. Je ne pouvais imaginer que de grandes personnes raisonnables, respectées et saines d’esprit que je connais tiennent de tels discours dans leur intimité.

Une femme dans la conception traditionnelle de l’Africain et du Tchadien doit être le mouton de Noël ou de Tabaski qui subit coups, injures, injustices et inégalités sociales sans broncher pour dire qu’elle est brave d’où le sens même de l´excision (endurcir sans crier ni pleurer). Elle doit être le mouton du Nouvel An qui suit son maître qui lui dicte ses humeurs, humours, lui sert ses caprices qu’elle, en bonne femme, assumera sans répondre. Elle doit accepter les infidélités du mari-dieu sans demander les explications avec la sagesse d’une femme respectueuse. Elle doit bon gré mal gré en bonne femme-mouton se plier aux exigences malsaines de la belle-famille qui fait la pluie et le beau temps dans son foyer, la réprimande pour un rien, se plier et avaler leurs messes basses.

Dépassée, je postais la phrase sur mon Facebook. L´article a ainsi germé

Faty répondit en premier avec bien d’autres noms d’animaux que jusque-là je ne pouvais imaginer qu´on puisse l’attribuer à la femme ; cet être sensible et plein de douceur. Selon Faty, la femme joue un rôle important dans la société africaine. Si dans certaines de nos contrées, elle jouit d’un respect, dans d’autres, nous remarquons surtout un comportement réducteur à la maternité et au mariage. Au Mali, la place et le concept du rôle de la femme dans la société dépendent fortement de l’ethnie, n’empêche, ces sobriquets peu glorieux sont présents un peu partout. Ils sont présents parfois dans les langues, certaines femmes même les utilisent contre d’autres femmes, sans se rendre compte qu’une généralisation est fort facile. Elle raconte :

« Mon plus lointain souvenir sur le sujet remonte au Niger et à un prêcheur- dont j’ai oublié le nom- qui parlait de l’importance du choix d’une campagne est délicat pour un homme, car il affirmait « le meilleur  « objet » qu’un homme puisse posséder est sa femme, le pire est aussi sa femme ». Il conseillait ainsi de prêter attention au choix et  comme indication il donnait les types de femmes qu’on rencontre en se donnant des noms d’animaux.

–            La femme-chèvre  est cette dernière qui parle haut

–            L’ânesse celle  qui n’avancera qu’avec le bâton

–            La chienne  est une femme dévergondée qui appartient à tous les hommes et qui te trompera toujours

–            La poule est cette ingrate qui ne sera jamais satisfaite

–            La  femme-mouton toujours docile

Mon premier réflexe a été de me renseigner sur la véracité de ces propos une fois rapportés à l’islam. Je suis enseignante dans un institut de formation de maitre franco-arabe.  Même si je fais l’objet de discrimination de la part de certains de mes collègues par ma seule présence dans leur salle de profs, je peux me vanter de disposer d’un chapelet de connaisseurs de l’islam qui répondent aisément à mes questions sur l’islam.

La femme dans les religions monothéistes

J’ai choisi le plus démocrate parmi eux, mon ami et collègue Youssouf Mossa, professeur de littérature qui est également imam d’une mosquée à l’hippodrome (un quartier de Bamako) en plus d’être aussi blogueur.

–              «  Youssouf, est qu’on traite la femme de noms d’animaux dans le coran ? »

–              «  NON !, la femme est fortement  respectée dans le Coran. Ce respect est tel qu’on ne donne même pas son prénom que lorsque c’est fortement nécessaire. Pour protéger son honneur. Dans beaucoup de cas, tu remarqueras qu’on écrit « une femme », pas parce que le nom n’était pas connu, mais par respect.  Ce n’est que lorsque c’est extrêmement nécessaire et en bon exemple qu’on donne les noms comme celui de Aïcha (la femme du prophète Mohamed, paix et salut sur lui) ou Mariam (Marie, la mère de Jésus). Elle ne peut être confondue ou traitée par un nom d’animal.

Faty a raison de chercher la place de la femme dans le monde croyant. Il est vrai que la religion accorde une place importante à la femme, et ce, depuis la création avec Eve comme l’aide semblable à Adam. Cependant beaucoup d´hommes aujourd’hui se basent sur les livres religieux pour assujettir la femme. Même les chrétiens ne s’en privent pas. Leur verset favori est « femme soit soumise à ton mari (… ) » et aucun homme ne va jusqu’à fin de ce verset qui recommande à l’homme de respecter et d’aimer sa femme au point de pouvoir se sacrifier pour elle. Que c’est merveilleux de lire sa Bible ou son Coran avec un ciseau en main. Les textes deviennent des prétextes et la soumission de la femme un devoir religieux.

Au final, il  faudrait juste comprendre que ces comparaisons animalières viennent surtout de la tradition africaine. Que dis-je ? Pas seulement africaine, ces expressions sont présentes aussi dans la langue française.

–              La grue n’est-elle pas une prostituée?

–              La  bécasse = une  sotte, nigaude, véritable buse (encore un autre animal)

 

 

 

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Commentaires

Josiane Kouagheu
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« mon corps m’appartient, je le donne à qui je veux, où je veux et quand je veux… » . Ca c'est pas de l'émancipation. Je comprends pourquoi certaines mamans tiennent à tout prix à voir leurs enfants, garçons de préference, se marier avec des femme-moutons. Que se passera-t-il quand la femme mouton deviendra lionne? J'adore le billet! Une léçon!

Osman Jérôme
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« mon corps m’appartient, je le donne à qui je veux, où je veux et quand je veux… » Tu appelles ça, émancipation, Serge?

Réndodjo Em-A Moundona
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Serge on veut bien t'écouter par ici. En tant que femme, je trouve qu'il ne faut pas confondre libertinage avec l'émancipation et la liberté. À moins que l'on veuille encourager les moeurs légers.

Serge
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Je vais m'attarder sur la catégorie "femme chienne" : celle qui couche avec tous les hommes, en gros.
En fait, la seule conception qu'une femme qui couche avec tous les hommes est moralement coupable vis-à-vis de la société démontre le machisme des africains.
Au Brésil, les femmes féministes ont un slogan intéressant: "mon corps m'appartient, je le donne à qui je veux, où je veux et quand je veux..."
J'aime cette idée plutot émancipée de la femme

RitaFlower
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A condition aussi de ne pas vendre son corps ou de s'en servir comme marchandise ou de tomber dans une relation tarifée.Un slogan confus.

Réndodjo Em-A Moundona
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C'est vrai ce que tu dis Rita. Je trouve cela bien confus d'où, j'ai souligné la fin de l'amour ou la violence pour cadrer le slogan.

Réndodjo Em-A Moundona
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Bonjour Sergio, je crois que la conception de cette catégorie c'est selon. Personnellement, je ne crois pas qu'on resterait avec un homme qui maltraite juste pour ne pas être taxée de chienne. Quand l'amour fini, il faut partir.

RitaFlower
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Et les femmes battues la Mounette.Ca existe lol.Tu vois,je t'embete aujourd'ui.

Réndodjo Em-A Moundona
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Tu n embêtes pas. Au contraire, tu fais le débat.

Osman Jérôme
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Je veux croire que ces sont des images (humour)employées pour catégoriser les femmes, mais que ça n'a rien a voir avec la réalité. Sinon, moi, partisan de la dignité humaine, je crierais au scandale.
Par contre, il faut tout de même reconnaître que, les hommes cherchent souvent a se marier avec des femmes qu'ils croient être vertueuses. Suivez mon regard.Moi, si j'adore pas les femmes "trop rebelles", j'aime pas non plus les "trop soumises".

Réndodjo Em-A Moundona
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Malheureusement ce sont des images réelles n´ayant rien à voir avec de l´humour.

haby
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Merci pour cet article intéressent les Dames.Moi je pense qu'avoir une femme docile est le rêve de la majorité des hommes quel qu’en soit leur civilisation!
dans la plus grande majorité ils aime les femmes bêtes=femmes moutons !
c'est a nous les femmes de changer cela , voilà une action que vous posez qui peut attirer l'attention ,c'est dejà quelque chose.Quand il n'existera plus de femme mouton ils contenterons des femmes "chèvre, chienne, cochon , Âne etc..."
bravo les filles!

Réndodjo Em-A Moundona
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Vivement le règne de ces femmes-boucs. J´attends, j´attends toujours...

RitaFlower
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En règle générale,les Hommes-Africains s'accordent tous sur la Soumission de la Femme quelque que soit leur Religion,leur Niveau Intellectuel ou Social d'ailleurs. Aujourd'ui l'image de la Femme Africaine est dégradée et sali en permanence.Dommage que certaines Femmes participent aussi à cette dévalorisation de la Femmme.La Majorité des Femmes sur le continent sont des Femmes Dignes,Courageuses et Fortes.

Réndodjo Em-A Moundona
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La femme africaine et la femme tout simplement est un être fort même si elle est si fragile par sa morphologie.

RitaFlower
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Mais il y a aussi des femmes fortes physiquement,Mouna...

Réndodjo Em-A Moundona
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C´est vrai Rita ;-) On retiendra bien ces femmes amazones. Ces reines chefs de guerres qui conduisaient leurs armées à la victoire. Les exemplaires sont légions.