Femme : mon corps, mon curriculum vitae

Article : Femme : mon corps, mon curriculum vitae
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23 juillet 2013

Femme : mon corps, mon curriculum vitae

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De Bangui à Berlin en passant par N’Djamena, la promotion canapé a fait beaucoup de parvenue dans le tissu socio-économique de nombreux pays. La beauté d’une femme est tout son Curriculum Vitae. Elle n’a nul besoin de se tracasser pour s’offrir un boulot de luxe. Vous les femmes vous avez de la chance, disent les hommes avertis. Vous souffrez beaucoup moins que nous. Soit belle et tu as la réussite à tes pieds. Description d’un curriculum vitae très particulier par une Rendodjo et Salim, deux blogueurs de la plateforme Mondoblog de RFI (Radio France Internationale).

Inouïe que je peux l’aimer. Ce corps parfait, de fois aux rondeurs démesurées. Harmonieuse symétrie physique, ils ne déplaisent à aucun mec, ces nibars provocateurs. Le corps de la femme est très souvent, tant pis si je tombe dans des subtilités, la clé de son succès en entreprise. La beauté de la femme, son corps, est un sésame parfait. Une clé universelle qui ouvrirait tant peu soit elle la cave d’Ali Baba et même ce mystérieux baobab des contes africains. Passons plutôt au fait.

N’Djamena, juin 2004. Je composais le Bac, juste derrière moi était une très belle fille. Une métisse, une peau caramélisée comme en raffole les jeunes tchadiens. Le sujet était coriace pour la plus part des candidats. De bonnes exercice de probabilité qui mettait en scène les possibilités de panne de générateurs de la défunte STEE (Société Tchadienne d’Eau et d’Electricité). Il y avait aussi de lourdes séries d’équations différentielles. Entre ma copie et le plafond de la salle, je ne me souviens plus combien de fois mon regard a fait de va et vient. Ma concentration s’est volatilisée par une voix. Celle d’un homme qui parlait à une fille. Vous la connaissez non ? Cette voix qui tente son tour de Charme. « Ça va ma sœur ? Comment tu t’appelles ? Ça va le sujet ? Ne t’en fais pas. Ton frère est là. Il va t’aider car tu es très belle». Sésame ! La suite vous arriverez à la deviner j’en suis sûr. Une Note Sexuellement Transmissible (NST) est en germination.  Alors combien de pareilles situations sont-elles arrivées ce jour-là ?

A Bangui, on se souvient encore des histoires de ces députées, votées n’importe comment et porter à la défense des intérêts du peuple centrafricain. Mieux encore, qui a eu échos de ces filles centrafricaines qui refusent d’écarter les jambes aux luxurieux responsables RH (Ressources Humaines) et qui échouent mystérieusement au test de recrutement ? En tout cas, des anonymes souffrent et des CV se remplissent.

Derrière chaque femme riche, il y a un homme au compte bancaire bien garnis. Une pensée que je confronte de plus en plus ces temps-ci lors que je bavarde avec les jeunes hommes. Messieurs, vous ne pouvez savoir les peaux de bananes qu’une femme déjoue si elle veut réussir honnêtement. Ma réponse me ramène toujours cette boutade de féministe. Classique lorsque l’homme veut se défendre vaille que vaille.

Je ne sais pas si je suis une féministe parce que je refuse cet adjectif qui est aujourd’hui un fourre-tout, une poubelle de vices. De la défense des droits louches de femmes à l’exhibition de sa nudité devant une ambassade et déjà on reçoit l’étiquette. Ce féminisme pro-sexe qui voit en la sexualité un domaine qui doit être investi par les femmes et les minorités sexuelles utilisant leurs corps, le plaisir et du travail sexuel des outils politiques je ne le partage pas. Il dénude le sens du vrai combat des pionnières du féminisme. Aussi lorsque je vois en la femme une victime du harcèlement sexuel, affectueusement appelé promotion canapé, je ne veux pas faire du féminisme. Je ne défends pas aussi cette prostitution nouvelle classe qui condamne les autres femmes qui se battent, transpirent et apprennent dur pour obtenir leur diplôme ou promotion. Quand on est une femme, soit on a un époux qui fait écran, ou le chef qui te fout les bâtons dans les roues. Personne ne veut voir ton intelligence. On te conditionne mentalement à dépendre de l’homme, de ta beauté en tant que femme en lieu de compter sur tes compétences et tes aptitudes personnelles et intellectuelles.

« Si tu acceptes de m’embrasser, tu passes à l’antenne pour le journal de 14 heures ». Cette phrase, Manu la jeune stagiaire en journalisme s’en souviendra longtemps pour l’avoir écouter souvent de son mentor. Des filles ou femmes comme elle on en croise beaucoup dans tout le Tchad. Sylviane elle n’obtiendra jamais sa licence alors qu’elle a validé toutes ses unités de valeurs et ainsi vont les facultés des Université tchadiennes. Elle quitta la Faculté pour avoir osé dire non à un de ses enseignants qui lui faisait la cour.
Mais la promotion canapé et le harcèlement qui en découle ne sont pas seulement un problème africain. Les étudiantes et travailleuses européennes le subissent aussi. Des interrogatoires à des heures tardives sur le campus, une main qui va trop loin lors d’un entretien avec l’étudiante, un travail à finir chez le supérieur le week-end … Les propositions sont énormes pour les jeunes et jolies femmes. De Berlin à Bruxelles, aucun milieu n’échappe à la règle. Peut-on dire que toutes ces femmes le veulent. Non. Ruth a dû abandonner ses études, tandis que Régine a quitté son Université à la recherche d’une autre Université. Les enseignants eux, sont inamovibles. Ces deux jeunes filles font partie des 55% d’étudiantes et d’employées qui sont harcelées par leurs hiérarchies parce qu´ayant refusé la promotion canapé ou les NST d’après une enquête publiée en début 2013 en Allemagne.

Peut-on encore me taxer de féministe si j’accuse l’homme d’user de son pouvoir ? Il est clair que certaines acceptent, subissent et en profitent. Mais ces ne sont pas toutes les femmes. D’autres sont belles et bien des victimes. Et elles souffrent souvent en silence et parfois elles compromettent leurs avenirs en abandonnant faute de soutien. Alors j’accuse et mon index est pointé vers l’homme. Féministe ou pas, j’assume.

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Commentaires

renaudoss
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Ah, cette fameuse promotion canapé... on ne se refait pas quoi! Beau texte en tout cas, en espérant qu'un de ces quatre la chose diminuera un peu, qu'on ait une vraie un système basé sur le mérite.

Réndodjo Em-A Moundona
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Le monde est fait ainsi. Je ne pense pas que cela diminue lorsque les femmes elles même,parfois, se donnent pour gravir les marches sociales rapidement.

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Moka Laré
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Juste une question: à quand l'implantation totale de la situation inverse? J'attends ce moment et mon tour. Je me propose d'ailleurs comme candidat pour lui donner un nom, "promotion fauteuil". ;)

Réndodjo Em-A Moundona
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Il n´est point question de situation inverse mon cher Moka. Chacun ce qui lui revient suivant son merite. C´est à ce point seulement qu´on parlera de la vraie émancipation de l´Homme.

Josiane Kouagheu
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Vraiment Réndodjo, il faut vraiment que les femmes se prennent en main. Savoir vraiment que c'est à elles de sortir du silence. Bien dit! Mais, je redis, pas de promotion canapé.

Réndodjo Em-A Moundona
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Hélas, il y´en aura toujours qui s´y plairont. Cela foire tous efforts.

Serge
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même au Brésil, parfois dans mon université il y a un ou deux scandales de ce type...
beau texte

Réndodjo Em-A Moundona
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Gracias Serge. Le mal est partout. Il n´a pas de nationalité.

Rijaniaina
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Promotion canapé! hihihi

C'est une triste réalité ... à dénoncer. Les femmes méritent mieux!

Réndodjo Em-A Moundona
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Oui, Rijaniaina, mais il revient à elles de sortir du silence dans lequel elles se murent pour dénoncer.