Le Bazard made in Tchad

Article : Le Bazard made in Tchad
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22 juin 2013

Le Bazard made in Tchad

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Si l’exportation du pétrole booste les économies, change les vies; au Tchad, elle a détruit en dehors de l’environnement économique, l’harmonie sociale et continue de susciter un crime économique sans précédent pendant que le Gouvernement n’arrête de bazarder d’autres puits et que les couches sociales vulnérables sombrent dans la misère.

Je ne vous apprends rien hein, le Tchad devient lentement mais sûrement le nouveau Emirat d’Afrique. Et les bassins du Nigeria et de la Guinée ne seront bientôt rien je vous assure. Le président tchadien Idriss Déby Itno a procédé à l’ouverture officielle d’un nouveau champ pétrolier, à Badila, dans la région du Logone oriental, dans le sud du Tchad. Et moi devant mon poste, pardon devant mon ordinateur je suivais la cérémonie sur notre ONRTV (Office Nationale de la Radios et  la Télévision Tchadienne). J’entendais notre cher Président dire sa satisfaction: « Je suis très satisfait. Dix ans après l’ouverture de la première vanne à Komé, nous en ouvrons une deuxième, ce qui veut dire que nous avons du pétrole qui va aller sur le marché international. Ce pétrole va nous amener beaucoup de revenus, il va booster notre économie et nous aider à lutter contre la pauvreté « , ce dimanche 9 juin 2013.

Le problème tchadien c’est que cette satisfaction ne fait pas l’unanimité dans le pays. En commençant par les populations de la région productrice. Avec deux puits forés sur trois, les puits de Badila produiront 14 000 barils par jour pendant 30 ans. Ajouté aux 120 000 barils par jour de Doba qui coulent depuis 2003. Cela fait assez d’argent.  Il est vrai qu’avec cet argent des revenus pétroliers on a modernisé notre armée. On a actuellement un des meilleurs réseaux routier et de nombreux bâtiment publics. On a changé considérablement le visage de N’Djaména. Mais cette manne pétrolière n’a jamais ‘amélioré directement les conditions de vie des Tchadiens. Doba reste la troisième région la plus pauvre du Tchad. Les habitants vivent en grande partie de l’agriculture et l’élevage. « Les revenus pétroliers ont ainsi augmenté considérablement les gains des autochtones mais pour une durée courte. Les hommes se sont retrouvés subitement avec des montants plus élevés que d’habitude en main, sans système bancaire ou institution d’épargne moderne. Beaucoup investirent dans les soins sanitaires, l’habillement, certaines obligations sociales. Très peu de villageois ont fait des investitions rentables » soulignait un doctorant en Mars 2012 à l´Université de Göttingen.

Une économie instable et corrompue

Il est vrai aussi que  le Tchad a la meilleure croissance régionale en 2012 ainsi que le SMIC régional le plus élevé. Mais le grand problème est que le climat des affaires n´encourage pas les investisseurs et le gouvernement manque d’une vision de développement et on se livre à une dilapidation éhontée des deniers publics. Dans notre pays, nous sommes arrivés à un stade où l’ultime rêve de tout ceux qui ont un quelconque pouvoir est de détourner par tous les moyens de l’argent public. Le progrès je n’en vois  que très peu à part ces voiture rutilantes et coûteuses dans les ruelles poussiéreuses de la ville.  Qu’en est-il de l´arrière-pays ? Oublié… On encourage la mendicité et la corruption avec des salaires en dessous du pouvoir d’achat des fonctionnaires. Et l’école est toujours payante et extrêmement chère. Les bourses des étudiants ne sont jamais régulières. Les ouvrages réalisés ne tiennent que le temps de leurs réceptions officielles que déjà ils fissurent. L’électricité et le gaz sont un luxe au Tchad alors que le pétrole de Djermaya est sensé alimenter N’Djaména en électricité et en combustibles.

Dans ces conditions, est-il utile d’ouvrir d’autres vannes? Ne serait-il pas mieux de s’atteler à assainir d’abord la gestion des ressources générer par les puits de Doba ? En  tout cas ce qui est fait est fait. Je sais aussi que mes écrits ici n’y changeront rien. Mais je dis quand même ce que j’ai ressenti en suivant ces informations. Chers dirigeants tchadiens, gardons notre rêve de devenir l’Emirat africain jusque le temps de trouver un Emir, le vrai capable de nous construire des N’Djaména Mall, des Burj Khalifa, des lacs artificiels sur l´ensemble du territoire avec les revenus du pétrole.

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Commentaires

Josiane Kouagheu
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Malheureusement et sans te mentir, j'ai toujours l'impression de me répéter à chaque fois que je commente tes billets, tellement nos problèmes sont les mêmes (Tchad-Cameroun): le Cameroun vit les mêmes réalités. Cela fait des années que le pétrole a été découvert chez nous! Mais que fais-t-on avec? Rien, rien du tout. Ah oui, je sais les ministres, directeurs généraux, détournent. Corruption, pauvreté, voilà la réalité. Ah Réndodjo, en écrivant, nous changerons quelque chose je t'assure!

Réndodjo Em-A Moundona
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Jusqu'à mon arrivée à Limbé, je ne savais pas que le Cameroun exportait son pétrole. Vraiment, nous avons les mêmes réalités. Écrivons et disons notre indignation Josiane. Il ne nous reste que ça.

Josiane Kouagheu
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Ne t'en fais pas! On écrira ensemble. Mais que dis-je; on dénoncera nos réalités!

Réndodjo Em-A Moundona
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On veut juste un peu de pain et un peu d´eau potable. Voilà la quitessence de nos écrits. Une équitabilité, voilà.